Seconde victime des règlements : le diesel. Paré de toutes les vertus il y a deux ans, il est aujourd'hui contesté. On l'accuse d'envoyer dans l'atmosphère de trop nombreuses particules de carbone qui sont pratiquement impossibles à filtrer. On essaie pourtant d'y parvenir en catalysant ces gaz d'échappement. BMW et VW poursuivent leurs recherches dans cette direction, tandis que Peugeot et Mercedes se battent pour rappeler l'excellent rendement des diesels.

C'est ce qu'a réussi Peugeot pour ses 605 et XM Citroën, avec des diesels à trois soupapes par cylindre. Ces deux modèles hauts de gamme, à traction avant, sont bâtis sur la même structure et disposent des mêmes motorisations, principalement un V6 à essence. Pourtant, la 605 se distingue par un essieu arrière particulièrement compact, de 19 cm de haut et à multibarres, qui permet en plus un léger braquage naturel des roues en appui. Avec la XM, Citroën avait lancé une nouvelle génération de suspension hydropneumatique, l'hydractive. Aujourd'hui, elle est devenue semi-active et se durcit dès que la tenue de route l'exige. En outre, cette hydractive est peu gourmande en énergie (2 à 3 ch), alors que les vraies suspensions actives, du type Lotus, consomment jusqu'à 15 à 25 fois plus (50 ch).

Les voitures de PSA ont aussi innové avec les nouveaux phares Valeo « à surface complexe », très élaborés, et dont la puissance à dimensions égales a augmenté de 80 %. Dans le même temps, on a pu voir apparaître les premières lampes à décharge, qui émettent une lumière bleutée très puissante mais peu éblouissante ; leurs seuls défauts est d'imposer l'utilisation d'un boîtier électronique et d'être encore assez chères, inconvénient qui est aussi celui du pneu révolutionnaire de Conti, le CTS. Il s'agit d'un pneu de sécurité qui peut rouler à plat, mais peut devenir dangereux de ce fait puisque l'on ne s'aperçoit plus de la crevaison !

Enfin, il est intéressant de noter qu'aux salons de Francfort et de Tokyo, on a vu apparaître une foule de nouveaux moteurs : à pistons mais en « W » pour le 12 cylindres Mazda, en « barillet » à 5 ou 7 cylindres chez les Soviétiques. Toyota, Subaru, mais aussi Ford, Peugeot et Renault travaillent sur des deux-temps. Toyota a présenté un moteur Diesel à deux temps, tandis que d'autres constructeurs explorent les carburants nouveaux : Mazda le méthanol, avec un rotatif à deux rotors, Hino et surtout BMW avec des moteurs à 4 ou à 12 cylindres alimentés par de l'hydrogène qui ne pollue absolument plus, bien qu'il reste à résoudre d'énormes problèmes de sécurité. Enfin, la fiabilité incertaine des céramiques ralentit la mise au point des diesels semi-adiabatiques de Isuzu ou celle de la turbine Agata, élaborée par sept constructeurs européens.

Jean-Pierre Gosselin

Aéronautique

Malgré le spectaculaire accident qui a détruit le chasseur monoplace soviétique Mig 29 au cours de sa représentation en vol, le XXXVIIIe Salon international de l'Aéronautique et de l'Espace, tenu du 8 au 18 juin 1989 au Bourget, a permis à cette très célèbre manifestation de ne pas faillir à sa réputation. Celle-ci, bien au contraire, est sortie renforcée à la fois par le nombre des pays représentés (34), par celui des exposants directs ou indirects (1 600), par celui des nouveaux appareils présentés ou annoncés et par l'importance des marchés conclus ou confirmés.

C'est ainsi qu'Airbus Industrie a choisi le Salon pour lancer le nouvel Airbus A-321-100, version allongée du biréacteur européen de technologie avancée. C'est également au Bourget que la firme brésilienne Embraer a annoncé la mise en chantier de l'EMB-145, biréacteur de transport régional. Toujours dans le domaine de l'aviation commerciale, le biturbo-propulseur franco-italien ATR 72, produit par Aérospatiale et Aeritalia, a été officiellement présenté en vol.

Du côté militaire, après le démonstrateur Rafale A d'AMD-BA, l'hélicoptère Panther d'Aérospatiale, aux extraordinaires qualités de voltige, et le SR 71 « Blackbird » américain, ce sont les modèles soviétiques qui ont suscité le plus vif intérêt : en plus des Mig 29 et des Sukhoi 27, qui n'avaient encore jamais été vus en Occident, on a pu admirer au sol et en vol l'Antonov hexamoteur AN 225 « Mria », le plus gros avion du monde, portant sur son dos la navette spatiale « Bourane ».