Pour profiter pleinement de l'ouverture de l'économie européenne vers l'Espagne, la Région se doit d'investir dans une politique routière ambitieuse : « Dix milliards de francs, c'est le prix à payer pour mettre à niveau le réseau routier régional », reconnaît Dominique Baudis. Le tunnel de Puymorens devrait être ouvert avant les jeux Olympiques de Barcelone, en 1992.

Nord-Pas-de-Calais

La Région Nord-Pas-de-Calais doit s'efforcer de tirer le meilleur parti du chantier du tunnel sous la Manche et mettre à profit les sept ans que dureront les travaux pour préparer la grande mutation économique du littoral. Dès 1987, 450 personnes travaillent sur le chantier de Sangatte ; 4 000 seront employées en période de pointe vers 1990. Les travaux induits devraient occuper 10 000 personnes pendant cinq ans et les travaux d'aménagement portuaire et d'équipement routier 10 000 autres. Inversement, le tunnel privera les ports de Calais, de Dunkerque et de Boulogne d'une partie du trafic trans-Manche.

La Région prépare l'après-charbon. Les houillères ne livrent plus que 2 millions de tonnes par an (17 millions de tonnes en 1970). Les derniers puits fermeront en 1990-91. L'effectif du bassin s'élève encore à 13 000 personnes, dont 5 600 mineurs au fond, parmi lesquels 2 260 Marocains. En quarante ans, 200 000 postes ont été supprimés sans licenciements, par le biais de la reconversion, de l'introduction de l'industrie automobile et des départs en retraite. De sorte qu'aujourd'hui les houillères du Nord-Pas-de-Calais comptent dix fois plus de retraités et de veuves (111 800) que d'actifs.

En fait, le vrai défi des années à venir est l'emploi des jeunes dans une Région qui a le plus fort taux de natalité en France (16,6 p. 100), la population la plus jeune (41 p. 100 de la population a moins de 25 ans) et un des plus forts taux de chômage (13,1 p. 100).

Normandie

Basse-Normandie

La crise économique continue de secouer la Basse-Normandie, le chômage (11 p. 100 des actifs) est supérieur à la moyenne nationale. L'agriculture a perdu 7 500 emplois depuis 1984. Les éleveurs du Bocage normand, touchés par les quotas laitiers, perçoivent des revenus qui figurent parmi les plus bas de France.

La région de Cherbourg, qui semblait un havre de paix, est secouée par la tempête : le chômage a augmenté de 22 p. 100 pendant les dix premiers mois de 1987. CIT-Alcatel, l'Union internationale d'entreprises (plates-formes pétrolières) et les Constructions mécaniques de Normandie (les vedettes israéliennes !) réduisent leurs effectifs. Seule, la COGEMA (le centre de retraitement des déchets nucléaires de la Hague), qui emploie 4 000 personnes, est en pleine expansion et assure les trois quarts des investissements industriels de la Région. Même spectacle de désolation à Lisieux, qui a perdu 3 500 emplois au cours des dernières années : Wonder, Bocaviande... À Caen, on parle déjà de la fermeture de la Société métallurgique de Normandie (2 700 salariés) pour 1990. La création des usines Akaï (magnétoscopes) à Honfleur et Digipress (disques compacts) à Caen ne compenseront pas les pertes d'emplois ainsi subies ou à subir par la Région.

Haute-Normandie

Cinquième port maritime français, Rouen demeure le premier port céréalier européen, malgré la concurrence de Gand, et voit passer dans ses silos 7 p. 100 du marché mondial de blé. Une tranche de travaux d'un montant de 40 millions de francs est engagée en 1987 pour approfondir le chenal de la Seine qui mène de Rouen à l'estuaire. Il faut permettre aux navires désirant mouiller à Rouen, de bénéficier d'un tirant d'eau garanti de 10 mètres quelle que soit la marée. Plus que jamais, Rouen se veut « port de mer de la capitale ».

Au Havre, l'université a été inaugurée le 22 septembre, lors d'une visite du Premier ministre, et l'enquête d'utilité publique sur le projet de construction du pont de Normandie a été ouverte (Éd. 1987). Mais, comme le signale la faible activité du terminal pétrolier d'Antifer, « le souffle du grand large », évoqué par la publicité de la chambre de commerce, reste difficile à maîtriser.