Ces principautés apparaissent dans la bibliographie des dernières décennies. L'ouvrage de Ian Dhondt Études sur la naissance des principautés territoriales en France (Bruges, 1948) est dépassé, mais il fut le pionnier. Le point commun des dernières recherches est de concerner essentiellement les pays situés au sud de la Loire. Les principautés septentrionales ont, dans l'ensemble, fait l'objet d'études plus précoces, mais parfois sporadiques. De même, la Bourgogne, où Jean Richard a poursuivi l'analyse ancienne au-delà du xie siècle : les Ducs de Bourgogne (Dijon, 1954).

Deux vagues de publications ont surgi dans les années 70, puis 80 ; à côté d'un très grand nombre d'articles ponctuels, on relève quelques synthèses portant soit sur l'ensemble d'une principauté, soit sur l'une de ses parties, selon le modèle représenté par G. Duby (la Société aux xie et xiie s. dans la région mâconnaise, Paris, 1953 et 1971), G. Devailly, le Berry du xe au milieu du xiiie siècle (Paris, 1973), E. Magnou-Nortier, la Société laïque et l'Église dans la province ecclésiastique de Narbonne (viiie-xie s.) [Toulouse, 1974], P. Bonnassie, la Catalogne du milieu du xe s. à la fin du xie siècle (Toulouse, 1975), J.P. Poly, la Provence et la société féodale (879-1166) [Paris, 1976]. Les auteurs sont tantôt des historiens, tantôt des juristes. La même remarque peut être faite pour les auteurs de la dernière vague, en ajoutant que les historiens sont aussi des archéologues : M. Bur, la Formation du comté de Champagne (950-1150) [Paris, 1977], R. Mussot-Goulard, les Princes de Gascogne (viiie-xie siècle) [Lectoure, 1982], A. Debord, la Société laïque dans les pays de la Charente (xe-xiie s.) [Paris, 1984], Ch. Lauranson-Rosaz, l'Auvergne et ses marges (viiie-xie siècle) [Le Puy, 1987].

Ces publications ne viennent pas toujours confirmer les thèses de l'Allemand W. Kienast : Studien über die französischen Volksstämme des Frühmittelalters (Stuttgart, 1968).

Les principautés sont gouvernées par un comte, un marquis ou un duc, que ses responsabilités religieuses qualifient comme princeps. Le prince appartient à un lignage de commandement, héréditaire depuis la seconde moitié du ixe siècle au moins. Il porte le nom d'un peuple mineur dont il apparaît comme le chef. Le peuple de référence occupe un territoire précis (regnum) dans les limites du royaume de France (Aquitaine, Gascogne, Bourgogne, Normandie, Flandre, Bretagne, Catalogne et, un temps, Lorraine). Toutes les principautés françaises reconnaissent l'autorité supérieure et générale du duc des Francs et, à travers lui, du roi des Francs.

Renée Mussot-Goulard
Docteur ès lettres, agrégée de l'Université, Renée Mussot-Goulard est maître-assistant en histoire à l'université de Paris-Sorbonne (Paris-IV). Spécialisée en histoire du haut Moyen Âge, elle a publie notamment : les Princes de Gascogne (Lectoure, 1982) et Charlemagne (PUF, 1985).