Dominique Colson

Politique économique

Le gouvernement de M. Chirac poursuit en 1987 la politique de redressement économique qu'il a engagée depuis mars 1986.

– Rigueur et orthodoxie financière maintenues. Au niveau budgétaire, un effort de freinage des dépenses publiques est mené pour permettre de réduire la pression fiscale tout en conservant la maîtrise du déficit ; mais les cotisations sociales sont relevées. Au niveau monétaire, la modernisation financière (développement des mécanismes de marché) a permis aux autorités monétaires de supprimer l'encadrement du crédit et de mettre en œuvre une politique de régulation par les taux qui restent élevés mais qui sont également employés pour la défense du franc (une dévaluation du franc a été évitée lors du réaménagement du SME, le 12 janvier 1987). Enfin, dans le domaine des salaires, l'austérité se perpétue.

– Accélération du rythme des privatisations. Dix sociétés mères ont été dénationalisées, auxquelles il faut ajouter TF1 et le Crédit agricole, qui est en cours de mutualisation. Mais, après une première vague d'offres publiques de vente réussie, le mouvement s'est tassé en raison notamment des mauvais résultats de la Bourse. Le produit des privatisations est destiné en priorité au désendettement de l'État et aux dotations en capital des entreprises publiques.

– Un soin particulier accordé au problème de l'emploi. Le traitement social du chômage est étendu : plan emploi jeunes prolongé, plan pour les chômeurs de longue durée ou en fin de droits et contrats de conversion. Mais la flexibilité de l'emploi est plus que jamais recherchée, avec notamment l'adoption de la loi sur l'aménagement du temps de travail.

Dominique Colson

Vie sociale

Le climat social s'est dégradé en 1987. Conscients depuis quelques années de la nécessité des restructurations, les salariés ont l'impression que l'économie a été suffisamment privilégiée et que le social a été sacrifié. C'est ce mécontentement général que les grèves et les manifestations de cette année ont exprimé, même si, au départ, les mouvements étaient liés à des revendications sur les conditions de travail.

Si dans le secteur privé le nombre de conflits demeure toujours relativement faible, en revanche, le secteur public a fortement réagi. Comme l'an passé, il y a eu durcissement de la base au-delà des prévisions et des souhaits des organisations syndicales, en particulier dans le conflit des cheminots en janvier. L'accumulation des arrêts de travail en un temps record (SNCF, RATP, EDF, PTT) et leur durée sont allés jusqu'à provoquer des contre-manifestations d'usagers. Les contrôleurs aériens, à partir du 21 avril, ont opté pour une série d'arrêts de travail d'une heure et ce pendant quinze semaines. Le conflit a entraîné le vote de l'amendement Lamassoure, qui rétablit dans la fonction publique la règle du trentième indivisible, en vigueur avant 1982, c'est-à-dire la retenue minimale d'un jour de salaire même pour une grève courte. Cet amendement, présenté par le gouvernement comme un moyen de réprimer les abus, a été perçu pour beaucoup, en particulier par les syndicats, comme une atteinte au droit de grève. Ce sentiment s'est accentué à la suite du jugement du tribunal de Créteil, qui a déclaré illicite la grève d'Air Inter (30 juillet).

Profitant de ces conflits, la pression syndicale, affaiblie depuis la crise, s'est intensifiée et les manifestations se sont multipliées. Toutes les organisations ont participé au mouvement à un moment ou à un autre. Même FO, pour la première fois depuis 40 ans, a lancé une manifestation interprofessionnelle le 3 octobre. Néanmoins, la CGT, qui a cherché à généraliser et à politiser les conflits, a, de loin, été la plus active. Les motifs de mécontentement sont nombreux : dégradation du pouvoir d'achat, baisse des effectifs, extension des emplois précaires, maintien du chômage, menaces relatives aux libertés et à la protection sociale. Pourtant, si une certaine cohésion de fait existe entre FO, la CFDT, la CFTC et la CGC, l'unité syndicale fait toujours défaut, d'autant que les élections prud'homales du 9 décembre ont suscité une certaine concurrence entre les organisations.