La première phase a été classique : le recentrage. Les compagnies ont essayé de compenser la réduction des marges bénéficiaires en amont par une amélioration de leur rentabilité propre, souvent accompagnée d'une restructuration du management. Les groupes pétroliers ont également constaté que leurs expériences de diversification, dans la majorité des cas, n'avaient pas donné les résultats escomptés.

Les processus visant à faire des compagnies pétrolières de véritables conglomérats s'expliquaient par la crainte d'initiatives du Congrès américain pour démanteler les compagnies en séparant les activités amont et aval. La menace écartée, il n'y avait plus lieu de chercher des diversifications sans véritables vocations. Ces opérations s'avérant finalement peu bénéfiques, les compagnies sont en train d'abandonner leurs acquisitions.

Deuxième phase : la concentration. Plutôt que d'accroître leurs efforts dans la prospection, les grandes compagnies ont commencé à racheter des sociétés pétrolières plus ou moins importantes disposant de réseaux reconnus ou de moindre envergure pour s'assurer des ressources existantes ou futures de pétrole et de gaz. En outre, de grands groupes non pétroliers, comme Du Pont de Nemours, ont soudainement jeté leur dévolu sur des sociétés pétrolières (Conoco).

Pour le moment, les opérations spectaculaires de prise de contrôle qui ont atteint un sommet en 1984 n'ont pas eu de grands résultats financiers. Non seulement les acheteurs ont dû s'endetter, souvent lourdement, mais, une fois les prises de contrôle réalisées, beaucoup d'acquéreurs se sont aperçus que les compagnies reprises comptaient dans leurs actifs des productions peu attrayantes nécessitant un assainissement rapide.

La troisième phase : la consolidation. C'est le rachat de leurs propres actions par plusieurs compagnies américaines. Certes, dans certains cas, cette attitude est défensive face à la menace d'une prise de contrôle. Mais le rachat de leurs titres par les grandes sociétés n'est pas toujours une réaction de sauvegarde ; il peut aussi représenter une opération financière avantageuse. Les dividendes distribués chaque année sont en effet également versés aux actions dont elles sont détentrices, s'ajoutant ainsi aux revenus tirés des opérations industrielles et commerciales : Exxon a racheté 12 % de ses titres en circulation pour 4,3 milliards de $ tout en augmentant son dividende, et Royal Dutch-Shell a repris pour un montant de 5,7 milliards de $ les 30,6 % du capital Shell Oil, sa filiale américaine, qui échappaient auparavant à son contrôle.

Si ces opérations n'ont certainement pas été motivées par la crainte d'une OPA, plusieurs autres de même type, en revanche, visaient bien pour leurs initiateurs à maintenir leur indépendance : Amoco, rachat de 10 % de ses actions pour 1,7 milliard de $ ; Arco, projet de rachat de 25 % de ses actions pour 4 milliards de $ avec augmentation de 33 % du dividende (après avoir déjà repris 10 % pour environ 1 milliard de $ et augmenté son dividende de 25 %) ; Penzoil, rachat de 16 % pour 373 millions de $ ; Phillips Petroleum, reprise de 55 % de ses actions pour 4,3 milliards de $ avec augmentation du dividende de 25 % ; Sun, rachat d'environ 13 % des actions pour 645 millions de $ ; enfin, Unocal a le projet de reprendre 29 % de ses actions pour 3,6 milliards de $. Dans la plupart de ces cas, les sociétés ont dû ou doivent s'endetter.

Fréquemment, les compagnies pétrolières américaines ont voulu compléter ces rachats par un assainissement de leurs actifs. Atlantic Richfield a ainsi mis en œuvre un vaste programme de restructuration prévoyant la liquidation d'un certain nombre de ses actifs, notamment dans le raffinage et la distribution. Mobil réexamine l'ensemble de sa gestion. Penzoil a procédé à l'amortissement de certains intérêts miniers et compte se dégager du secteur aurifère. Texaco, qui avait déjà vendu 245 millions de $ d'actifs depuis son acquisition de Getty Oil, pourrait s'en dessaisir d'autres jusqu'à 5 milliards de $. Phillips compte désinvestir également pour 2 milliards. Amoco a l'intention de transférer une unité minière d'une valeur de 1,7 milliard à ses actionnaires.