L'irruption de la violence dans le sport, en second lieu, est vécue en direct, à la télévision, avec la retransmission de la tragédie du stade du Heysel de Bruxelles, le 29 mai 1985. Le cordon de policiers ne pouvait rien pour empêcher la charge d'un groupe de spectateurs anglais, armés de barres de fer et de couteaux, contre un groupe de supporters italiens de la Juventus de Turin. Le sport n'est plus une fête, il est devenu l'expression d'une folie collective, jusqu'à l'accomplissement d'un meurtre, sous le regard des caméras de la télévision : 38 morts à Bruxelles, par étouffement ou par piétinement. Né en Angleterre, au XIXe siècle, en même temps que la société démocratique et industrielle, le sport moderne s'allie toujours davantage avec la violence : violence sur soi, violence contre l'autre, violence offerte en spectacle, par le truchement des médias. Le sport et la violence ont conclu une alliance, sous l'œil complaisant des caméras de télévision et avec la complicité des téléspectateurs. La violence est devenue un spectacle, et le sport moderne, notamment le football, l'un de ses champs de bataille privilégiés.

Troisième sujet d'inquiétude, en 1985 : les problèmes soulevés par les nouvelles technologies médicales. Alors qu'il mettait en place le Comité national d'éthique, en décembre 1983, M. François Mitterrand déclarait : « La science d'aujourd'hui prend souvent l'homme de vitesse. » Depuis cette date, la liste des sujets abordés par le Comité, présidé par le professeur Jean Bernard, n'a pas cessé de s'allonger : les mères porteuses, le diagnostic avant la naissance, les essais sur l'homme sain, les « bébés-éprouvettes », les risques du diagnostic du Sida... Sujets qui constituent désormais la matière d'une nouvelle réflexion, avec ses méthodes spécifiques et un domaine qui ne cesse de s'étendre : la bioéthique. Elle se donne pour ambition la maîtrise des pouvoirs neufs. Elle entend contribuer à éclairer deux questions : la société peut-elle – et doit-elle – accepter, sans aucune limitation, les nouvelles technologies médicales ? Et le corps médical doit-il accepter – ou peut-il accepter – de voir son rôle thérapeutique se transformer en simple auxiliaire de la procréation ?

Enfin, quatrième défi, en 1985 : l'immigration et ses problèmes. Ces problèmes, assurément, ne sont pas nouveaux. Mais les échéances électorales, jointes aux difficultés de l'heure, insécurité, chômage, ajoutent encore aux campagnes opposées de « SOS Racisme » et des « Français d'abord ». Campagnes auxquelles les grands médias accordent une attention complaisante ou complice, attisant ainsi un feu qu'ils feignent d'éteindre. Tout cela empêche que soient envisagées, en France comme dans les autres démocraties occidentales, « avec fermeté et dignité », pour reprendre l'heureuse formule de M. Raymond Barre, dans son Heure de vérité de décembre 1985, les solutions qui soient à tous égards conformes aux traditions de liberté de la France. Alors que près de 3 Français sur 4 affirment être d'accord sur ce point avec l'ancien Premier ministre, on semble plus éloigné que jamais, fin 1985, de comprendre l'avertissement si lucide du démographe Alain Girard : « La défense de l'identité culturelle française, et, par-delà, des valeurs de la civilisation judéo-chrétienne, n'est pas un objectif méprisable. » Et d'ajouter cette question, généreuse et profonde, à l'adresse de ses concitoyens, trop souvent prisonniers des slogans qu'ils entendent : « S'y engager sans mauvaise conscience, ne serait-ce pas cela qu'en définitive les immigrés attendent des Français ? »

Francis Balle

Religions

Les bouleversements constants de la société contemporaine affectent les groupes religieux, qui sont amenés soit à se réfugier dans un intégrisme imperméable, soit à se livrer à des réflexions collectives sur une meilleure « présence » au sein de la société : attitudes qui n'excluent pas hésitations et oscillations.

Église catholique

Au cours de l'année 1985, le souverain pontife accomplit trois nouveaux voyages pastoraux. En Amérique latine (Venezuela, Équateur, Pérou), du 24 janvier au 6 février, il s'élève avec véhémence entre les injustices sociales qui sont la plaie de ces pays, mais, dans le même temps, il lance un défi à la violence et dénonce les tonalités marxisantes de la « théologie de la libération », dont le franciscain brésilien Leonardo Boff et le théologien péruvien Gustavo Guttierez sont les représentants patentés. Si, au cours du 26e voyage de son pontificat, du 11 au 23 mai, Jean-Paul II rencontre une Église belge et une Église luxembourgeoise interrogatives mais sereines, aux Pays-Bas l'accueil est plus que réservé.