La source, c'est l'étranger qui livrera des renseignements à l'officier qui le traite. Il est le plus souvent rémunéré. Ses mobiles sont divers. Il peut être idéologiquement proche du pays de l'officier-traitant, avoir besoin d'argent, être déçu dans ses ambitions, vouloir cacher des aspects de sa vie privée, connus du traitant, ou simplement s'ennuyer. La technique de recrutement et de traitement d'une source, choisie pour sa proximité de l'objectif de recherche, c'est la manipulation. Elle nécessite une grande finesse psychologique. Le moment décisif est celui où la source, mise en confiance, accepte de remettre des documents, encore de peu d'importance, et de recevoir des gratifications, encore modestes. Elle peut encore reculer et rompre le contact. Ensuite, cela lui sera plus difficile, car elle pourra être convaincue des risques qu'elle encourrait si ses premières faiblesses étaient révélées.

L'honorable correspondant est un compatriote de l'officier-traitant. En principe, il n'est pas rétribué, même s'il peut être « défrayé ». Il est animé par le patriotisme, ou la curiosité. Implanté dans le pays-cible, ou y voyageant souvent, il peut faire bénéficier le traitant de son réseau de relations.

L'exploitation du renseignement

Comme dans le journalisme – les techniques employées sont parfois bien proches –, l'exploitation de l'information est aussi difficile que son recueil. La fiabilité du renseignement recueilli doit être appréciée, en tenant compte du profil de la source et de l'information disponible par ailleurs sur le sujet, qu'elle soit « ouverte » (document accessible au public) ou « fermée » (dépêches d'ambassades, etc.). C'est la tâche de l'analyste.

La fonction documentaire est donc importante dans les services spéciaux. Les fichiers cèdent la place aux banques de données informatisées.

3 – Les services spéciaux

Par nature, ils sont peu connus. La documentation ouverte disponible, notamment celle qui provient de l'exercice du contrôle parlementaire, permet de dresser un portrait sans doute ressemblant des services spéciaux français, britanniques, américains et ouest-allemands. Pour l'URSS, les révélations des défecteurs ont réduit les zones d'ombre.

La France

La recherche du renseignement à l'étranger dépend de la seule Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). La Direction des renseignements généraux recherche les informations sur l'activité des groupes sociaux à l'intérieur du territoire. La Direction de la protection de la sécurité de la défense (DPSD), ex-Sécurité militaire, assure la protection des forces armées contre les ingérences et menées subversives. Le contre-espionnage relève pour une part de la DGSE et pour une autre part de la Direction de la surveillance du territoire (DST).

La DGSE

Elle est l'héritière du 2e bureau de l'état-major qui, avant la dernière guerre, avait la responsabilité de la totalité de la recherche du renseignement à l'étranger. À Londres, le général de Gaulle crée le Bureau central de renseignement et d'action (BCRA), confié au colonel Passy. À Alger, en novembre 1943, les services secrets de De Gaulle et du général Giraud se fondent dans la Direction générale des services spéciaux (DGSS), dirigée par Jacques Soustelle, qui devient Direction générale des études et des recherches (DGER) puis Service de documentation et de contre-espionnage (SDECE) en février 1946. En avril 1982, le SDECE devient la DGSE tandis que le décret qui définit ses attributions insiste sur sa mission de « détecter et entraver » les ingérences étrangères « hors du territoire national ».

La DGSE rassemble environ 2 000 agents, en majorité civils, mais surtout militaires aux postes de responsabilité. Elle réunit un service de renseignement, un service de contre-espionnage, des unités techniques et administratives, ainsi qu'un service « action », chargé des opérations spéciales. Selon les documents budgétaires publiés, ses ressources annuelles seraient de l'ordre de 300 millions de francs. Son principal établissement se situe boulevard Mortier, à Paris, près de la piscine des Tourelles, d'où son surnom. Depuis 1966 (affaire Ben Barka), elle est rattachée au ministère de la Défense.

La DST

La DST est l'une des directions de la Direction générale de la police nationale (DGPN) rattachée au ministre de l'Intérieur. Dissoute par le gouvernement de Vichy, elle est recréée en 1944 et confiée à Roger Wybot, ancien responsable de la section de contre-espionnage du BCRA, qui la dirige jusqu'en 1958. La DST est dirigée depuis septembre 1985 par le préfet Rémy Pautrat.