Deux problèmes historiques ont aussi évolué : la Grèce et l'Albanie ont mis fin à un état de guerre qui durait depuis près de 45 ans (28 octobre 1940-23 août 1985) ; les relations ont été renouées le 5 février entre Gibraltar et l'Espagne, pour la première fois depuis plus de 15 ans (la frontière avait été fermée par l'Espagne le 9 juin 1969).

Des élections ont eu lieu dans une dizaine de pays. Les coalitions gouvernementales ou les partis dominants sont restés au pouvoir en Belgique, en Grèce, en Italie, en Norvège et en Suède. Au contraire, au Portugal, le parti social-démocrate a pris le pouvoir aux dépens du parti socialiste.

Les problèmes monétaires ont affecté l'Italie et la Grèce, qui ont dévalué la lire de 6 % (20 juillet) et la drachme de 15 % (11 octobre). C'est, en réalité, la marée montante du chômage qui constitue le plus lourd passif : les Communautés européennes ont annoncé qu'au début de l'année 12 % de la population considérée comme active était sans emploi. La statistique se charge d'une puissante signification, si l'on prend conscience qu'elle comptabilise ainsi une foule de 13,7 millions de chômeurs.

Georges Grelou

Europe orientale

1985 a été une année difficile pour les pays de l'Est : une crise économique généralisée les menace, et les droits de l'homme sont toujours bafoués. Un point positif cependant : l'amorce d'un dialogue avec les pays occidentaux.

Crise économique

Les pays de l'Europe de l'Est n'ont pas échappé à la crise économique. En Pologne, les fréquentes hausses de prix, la dévaluation du zloty, le 4 juin, de 15 % par rapport au dollar, l'arrêt des investissements et la paupérisation de la population trahissent l'échec de la réforme économique.

Dette extérieure

Avec un montant total de 27 milliards de dollars, la Pologne est, parmi les pays de l'Est, l'État le plus endetté. Aussi a-t-elle obtenu le rééchelonnement de sa dette jusqu'en 1996. De même, la Yougoslavie bénéficie d'un crédit de 300 millions de dollars pour 1985-86.

Violation des droits de l'homme

En Pologne, un arsenal répressif d'une sévérité sans précédent marque le nouveau durcissement du régime envers l'Église catholique et Solidarité : le 10 mai, des textes sont ainsi adoptés à l'égard des « délinquants » politiques. En Yougoslavie, Amnesty International a recensé plus de 500 arrestations chaque année pour délits politiques.

Dialogue avec l'Ouest

La France a soutenu le rééchelonnement de la dette extérieure de la Yougoslavie et lui a accordé des crédits. Plus étonnante est l'ouverture de la RDA à l'Occident : Erich Honecker est reçu le 23 avril par B. Craxi et, le 24, par le pape Jean-Paul II. C'est la première visite d'un dirigeant est-allemand dans un pays de l'OTAN. Les 10 et 11 juin, Laurent Fabius se rend à Berlin-Est. En juillet, la RFA accorde à la RDA un crédit sans intérêts de 850 millions de DM finançant des commandes à des entreprises ouest-allemandes.

Pacte de Varsovie

Le traité d'alliance, qui avait été signé à Varsovie le 4 mai 1955, a été reconduit le 26 avril 1985 par les dirigeants des pays membres.

Pascale Chelin

URSS

En 1985, avec l'arrivée au pouvoir de Mikhail Gorbatchev, l'URSS a connu une série de remaniements politiques, accompagnés de l'annonce de réformes économiques.

Vie politique

Elle est dominée par la consolidation du pouvoir du nouveau secrétaire général, Mikhail Gorbatchev, qui fait nommer au Bureau politique 3 hommes de confiance (Ryjkov, nommé chef du gouvernement, Ligatchev, Tchebrikov), libère G. Romanov, son principal rival, de ses fonctions de membre du Bureau politique et de secrétaire du PCUS, puis, écartant A. Gromyko, ministre des Affaires étrangères, prend le contrôle direct de la diplomatie soviétique en nommant à sa place E. Chevardnadzé.

Économie

C'est sur le plan économique que les ambitions de M. Gorbatchev sont les plus considérables ; il le prouve en dénonçant les tares de l'économie soviétique : vieillissement de la structure industrielle et des méthodes de gestion, faible motivation des travailleurs. Il constate ensuite l'échec de la réalisation du XIe Plan : taux de croissance de 2,5 % ; déficit de 2 milliards de roubles (= 2 milliards de dollars) qui s'explique par un recul des exportations (4,7 %) et un gonflement des importations (+ 9 % par rapport à 1984). Le 23 avril, lors de la réunion du plénum du CC, il énumère donc les objectifs de la société soviétique : mettre l'économie sur les rails de la croissance intensive (l'URSS doit doubler son potentiel économique d'ici l'an 2000), augmenter la productivité du travail de 250 %, atteindre un niveau de développement qualitatif en modernisant la production et parvenir à un taux de croissance de 4 %. Pour réaliser ces objectifs de modernisation, il préconise une politique de l'investissement axée sur la rénovation, le développement de l'autonomie et la responsabilité des entreprises. Enfin, il exhorte les Soviétiques à plus de discipline (lutte contre l'alcoolisme et la fainéantise). Si le style est différent, les propositions du nouveau secrétaire général reprennent ainsi dans l'ensemble les orientations déjà esquissées par Iouri Andropov.