C'est ainsi que fonctionne le système carte bleue, de loin le plus important en France : 3 496 462 titulaires de cartes et 202 150 commerçants adhérents au 30 juin 1983, avec 83,5 millions de transactions annuelles du 1er juillet 1982 au 30 juin 1983. Et le phénomène n'est pas spécifiquement français, si l'on en juge par les dimensions du système VISA, auquel adhère la carte bleue : 100 millions de cartes, 3 millions de commerçants, 68 milliards de dollars de transactions en un an.

Dès le début des années 70, on a envisagé de placer au verso des cartes plusieurs pistes magnétiques : cette solution permet d'effectuer, au moment même de la transaction, la saisie et l'exploitation des informations figurant sur la carte, soit par télétransmission immédiate des informations vers d'autres systèmes, fichiers ou ordinateurs (solution on-line), soit par enregistrement de celles-ci sur des fichiers locaux ou sur la carte elle-même (solution off-line).

Les pistes magnétiques ont conduit à l'essor des distributeurs automatiques de billets de banque, aujourd'hui au nombre de 3 000 environ en France et dont on peut prévoir qu'ils atteindront la dizaine de milliers avant la fin de la décennie. Mais les innovations les plus récentes concernent le paiement chez les commerçants.

Banques

Les organismes gérant les grandes cartes bancaires françaises (carte bleue et Crédit agricole) équipent les commerçants les plus importants d'appareils susceptibles de lire la piste magnétique, de vérifier automatiquement la date de validité de la carte, sa présence ou non sur une liste noire et même, sur les appareils les plus récents, d'appeler automatiquement, pour les montants importants, un centre d'autorisation capable de donner après certaines vérifications une réponse, positive ou négative.

La nuit, un échange a lieu automatiquement par liaison téléphonique entre cet appareil, dit terminal de paiement électronique (TPE) et l'ordinateur central. À la mi-83, on comptait environ 4 000 de ces appareils pour la France. En même temps, de nouvelles technologies étaient explorées dans le cadre d'expériences ponctuelles : le paiement on-line et le paiement off-line par carte à piste magnétique.

Le paiement entièrement on-line, par carte à piste magnétique.

La quasi-totalité de la profession bancaire française a lancé, sous l'égide de la Société Générale, une expérience de paiement par carte à piste magnétique dans l'agglomération de Saint-Étienne. L'originalité de cette expérience réside dans son caractère totalement on-line : c'est l'ordinateur central qui valide le code confidentiel, autorise la transaction, recueille les informations permettant de débiter le client et de créditer le commerçant. Tous les messages échangés entre terminaux et ordinateur central transitent par le réseau téléphonique, sur des gammes de fréquence inutilisées (technique dite du supra-vocal).

Pendant le mois de mai 1983, on a enregistré 47 200 transactions dans le cadre de ce système, dont environ 58 % effectués à l'aide de cartes spécialement émises pour cette opération, le reste avec des cartes bleues. On dénombrait à cette date environ 400 terminaux.

Le paiement entièrement off-line, par carte à pistes magnétiques

De la même façon qu'à Saint-Étienne, la communauté bancaire a lancé à Aix-en-Provence une expérience de paiement dont la caractéristique principale réside dans le fait que le titulaire de la carte est contrôlé dans ses achats non plus par un ordinateur central, comme à Saint-Étienne, mais par sa propre carte ; l'une des pistes étant réécrite lors de chaque transaction par le terminal lui-même. La nuit, les transactions de la journée sont routées automatiquement par ligne téléphonique vers l'ordinateur central, qui adresse en retour une liste noire. Là aussi, le code confidentiel sert à identifier le client, mais il est contrôlé par un dispositif contenu dans le terminal lui-même, et non plus en mode centralisé. L'avantage de ce système est qu'il n'est pas tributaire d'un réseau, comme à Saint-Étienne. Toutefois, il pose la question de la sécurité des pistes magnétiques et du risque de contrefaçon, qu'il ne faut pas négliger au fur et à mesure que de nouvelles tranches de population accèdent aux technologies modernes.