En plein après-midi, le 31 mars 1982, une annexe de l'ambassade d'Israël à Paris, la mission d'achat israélienne, est mitraillée par trois hommes. Le CRS en faction — qui heureusement n'a pas été touché — précise que les assaillants ont tiré quatre brèves rafales : « À la troisième, précise-t-il, je me suis jeté à terre ; j'ai été sauvé par ma petite taille et par les voitures en stationnement ; je n'ai pas eu le temps de voir les agresseurs... »

Souricière

Le 19 mars 1982, à St-Étienne-de-Baigorry, au Pays basque, deux CRS, Jacques Bouiller et Bernard Roussarie, sont abattus par un commando. Le premier, père de deux enfants, est tué ; le second, père de 5 enfants, est grièvement blessé et décédera quelques semaines plus tard. Les deux policiers n'étaient chargés que de la surveillance du trafic routier.

La voiture des meurtriers est retrouvée à quelques kilomètres : un autre véhicule attendait le commando à cet endroit pour assurer son repli. L'embuscade s'est déroulée avec une telle précision qu'on pense tout de suite à une opération militaire. Deux organisations ont revendiqué l'attentat : le Bataillon basque espagnol, mouvement d'extrême droite, et le groupe séparatiste français Iparretarrak, qui a précisé que l'attentat résultait d'une erreur et que le commando voulait frapper deux traîtres. Les enquêteurs semblent retenir la seconde piste.

La police découvre, le 9 avril 1982, dans un garage parisien rue Borrego, un véritable arsenal : 6 pistolets mitrailleurs, 3 gros revolvers, 8 pistolets automatiques et 3 fusils antiémeutes. Mohammed Hamami, 27 ans, Algérien, bien connu des services de police pour plusieurs tentatives d'homicides, vols et attentats à l'explosif, est arrêté en compagnie de Joelle Auron, 25 ans. Les deux jeunes gens, qui ont été pris dans une souricière tendue par les policiers de la brigade de répression du banditisme, appartiennent à l'organisation terroriste d'extrême gauche Action directe. Ce mouvement serait lié aux Fractions armées libanaises qui ont revendiqué le meurtre du diplomate américain Charles Ray et le mitraillage de la mission d'achat israélienne.

Et Carlos ? On a reparlé de lui lorsque ses amis Bruno Bréguet et Magdalena Kaupp ont été jugés et condamnés à Paris le 22 avril. N'a-t-il pas écrit au ministre de l'Intérieur pour réclamer leur libération ? Transmise à Gaston Defferre, la lettre, écrite en espagnol, a été authentifiée par les empreintes des pouces apposées bien visiblement par le terroriste no 1 : « Je vous donne un mois pour relâcher les deux membres de mon organisation, écrivait Carlos, sinon... » Suivent des menaces que le ministre ne divulguera pas, mais auxquelles on pensera lorsque, le 29 mars 1982, un wagon du Capitole explose.

Capitole

Il est environ 21 heures. Le Capitole a quitté Paris-Austerlitz, à 18 h 02, et traverse la Haute-Vienne ; il est à 4 km d'Ambazac. Une explosion d'une violence terrible souffle la deuxième voiture qui précède le wagon-restaurant. Avec un rare sang-froid, le conducteur réussit à stopper le convoi sans qu'il déraille. Les sauveteurs vont dégager les corps de 5 morts — dont la sœur de l'ancien ministre J.-P. Fourcade — et une vingtaine de blessés. La partie intacte du train et les voyageurs indemnes sont acheminés sur Limoges.

Le lendemain matin, le ministre des Transports, Charles Fiterman, se rend sur les lieux de la catastrophe. Très vite, on exclut l'éventualité d'un accident de machinerie. L'explosion a eu lieu dans un espace réservé aux bagages : il ne peut s'agir que d'un attentat ou d'un « transport défectueux » d'explosifs, mais la première éventualité est plus souvent retenue. Les menaces de Carlos sont dans toutes les mémoires. On pense aussi à Action directe, dont un militant, Gilles Colomb, vient d'être condamné pour détention d'armes.

Des mesures de contrôle sont instituées ; mais il ne faut pas en exagérer la portée. Il est déjà difficile de surveiller un aéroport ; comment pourrait-on filtrer et ausculter les voyageurs de toutes les gares de France ?