Journal de l'année Édition 1982 1982Éd. 1982

V. S. Naipaul n'aime pas les sous-entendus, et la sagacité est chez lui une passion triste nourrie d'un ressentiment qui trouve à s'exercer, non sans raison, contre les puissances coloniales d'hier et les tyrannies insulaires nouvellement indépendantes ; mais cet écrivain indien de langue anglaise fustige plus sévèrement celles-ci que celles-là. Il rejoint ainsi bien des préjugés occidentaux, et plus d'un critique a souligné l'imprudence des jugements contenus dans un livre au titre explicite : Crépuscule sur l'Islam. Quant à son Guérilleros — les lendemains amers de la révolution dans les Antilles —, il vient à point nommé conforter le désenchantement moral de bien des intellectuels à l'égard d'entreprises de libération nationale condamnées sans recours après avoir été aveuglément adorées. Les thèses qu'illustre ce roman sont confuses et l'intrigue caricaturale, mais la narration est tendue et colorée, le style soutenu.

Ce sont au contraire l'attachement à une histoire nationale qui progresse dans bien des cas, surtout par ses mauvais côtés, et le refus d'examiner les choses d'en haut qui font à des titres très différents du Polonais Rudnicki (Têtes polonaises), de l'Argentin disparu Haroldo Conti (Mascaro, le chasseur de têtes), des Grecs Stratis Tsirkas (Cites à la dérive et Printemps perdu) et Aristote Nikolaïdis (La machination et La disparition d'Athanase Telekidis) des auteurs particulièrement qualifiés pour donner à lire et à comprendre toute la diversité et la richesse du domaine étranger.