La famille Maury-Laribière alerte la police. L'émotion dans la région, et particulièrement dans l'entreprise que Maury-Laribière dirige avec son fils aîné, est profonde et sincère. Maury-Laribière est un patron social, estimé de tous. Son usine — quatrième tuilerie en France par sa production — est la plus moderne d'Europe et sans doute la plus rentable. Au titre de la participation aux bénéfices, la tuilerie a redistribué, en 1979, à ses employés, environ trois mois de salaire supplémentaires.

Le commissaire principal Charles Pellegrini a été chargé de l'enquête avec le commissaire Claude Bardon, une enquête entourée d'un mystère total, à laquelle la famille du P-DG, représentée par le fils aîné, Manuel, a déclaré ne pas s'associer. Bientôt, le directeur adjoint de la PJ, Honoré Gévaudan, arrive à Confolens et prend la direction des opérations. Toute la région est minutieusement quadrillée : en vain Les policiers échafaudent des hypothèses, suspectent Besse, le complice de Mesrine, contrôlent l'activité des groupuscules gauchistes et autonomistes. Mais un détail les trouble : la modicité du chiffre de la rançon demandée par les ravisseurs ; elle n'est pas en rapport avec l'importance de la personnalité enlevée.

De leur côté, Jean-Luc et Manuel, les deux fils Maury-Laribière, tout en multipliant les déclarations aux journalistes, semblent mener des investigations pour leur propre compte et jouer à cache-cache avec les policiers.

Et, le 9 juillet, c'est le happy-end : Michel Maury-Laribière est retrouvé sain et sauf par les policiers dans une villa isolée à Sainte-Orse, en Dordogne. Aucune rançon n'a été versée. Une jeune femme de 24 ans, Dominique Wernert, la geôlière, est arrêtée. Et le public apprend, non sans amusement, que cette conclusion heureuse d'une enquête ardue, on la doit un peu à un gendarme en retraite : Narcisse Martin.

Narcisse, qui n'a rien perdu de son don d'observation et de son flair, avait vite trouvé bizarres ces locataires parisiens d'un gîte rural, près de son village ; ces gens qui n'ouvraient jamais les fenêtres ! Narcisse fait sa petite enquête et apprend qu'ils n'ont même pas visité la maison avant de la louer et qu'ils ont payé sans discuter et en argent liquide Narcisse fait le rapprochement avec l'affaire du rapt et « donne le tuyau aux collègues ». La suite s'enchaîne sans à-coup. Ramené chez lui en hélicoptère, Michel Maury-Laribière, assez fatigué par sa détention, révèle les détails de son enlèvement par un faux gendarme, son voyage dans le coffre d'une voiture et son emprisonnement de douze jours, surveillé par d'invisibles geôliers.

Il se déclare fier du sang-froid des siens et de la solidarité du personnel de son usine. Enfin, il rend hommage à la police qui a su mener à bien son enquête sans révéler la constante collaboration de la famille avec elle.

Amateurs

Qui sont les ravisseurs de M. Maury-Laribière ? presque des amateurs. Selon Dominique Wernert, la jeune femme arrêtée, elle et son amant, un certain Jacques Hyvert, ont agi seuls. Toutes les polices recherchent maintenant ce Jacques Hyvert : 31 ans, inculpé plusieurs fois pour des délits mineurs. Il a commis le 6 avril 1977 son premier véritable attentat ; l'attaque, avec un complice, de la gendarmerie de Chasseneuil-sur-Bonnière, en Charente. Pendant trois ans, il a vécu du produit de ses vols et escroqueries. Avec sa maîtresse, Dominique Wernert, il mène la grande vie et c'est le manque d'argent qui l'amène à monter le rapt de M. Maury-Laribière.

Son coup fait, il charge sa maîtresse de garder le prisonnier et revient à Paris. Il prend contact avec les fils de M. Maury-Laribière. Le soir du jour où sa complice est arrêtée, il a rendez-vous avec eux pour la remise de la rançon. Cela, les policiers le savent grâce à des écoutes téléphoniques, et le filet est en place Mais Jacques Hyvert apprend la libération de M. Maury-Laribière et l'arrestation de D. Wernert. Il ne vient pas au rendez-vous et les policiers perdent sa trace.

Ils pensent l'avoir retrouvée lorsque, le 28 juillet, Christian Maury, gérant d'une discothèque d'Andilly, est assassiné près de L'Isle-Adam (Val-d'Oise). Or, Jacques Hyvert a été employé dans le club de la victime, et des témoins ont donné du meurtrier un signalement qui correspond au sien. Le filet se resserre autour du kidnappeur présumé assassin et, le 9 octobre, il est arrêté à Tours par des inspecteurs de l'Office central de répression du banditisme de Versailles. Jacques Hyvert avait, quelques jours auparavant, braqué une banque, dévalisé une prostituée et volé plusieurs voitures. Son arrestation s'effectue à la sortie d'une discothèque, vers 2 heures du matin, sans bavure.

Épilogues

Douaniers

Pierre Schultz, l'un des douaniers français condamnés par contumace en Suisse pour espionnage économique (Journal de l'année 1979-80), a demandé, par l'intermédiaire de son avocat, à être rejugé. Il se présenterait cette fois devant les juges helvétiques. Cette nouvelle audience devrait avoir lieu en septembre 1981. Bernard Rui, l'autre douanier français inculpé, ne semble pas désireux d'affronter un nouveau procès.

Maître

Trois ans après la nuit du 5 juin 1977 où Pierre Maître, syndicaliste cégétiste, était tué et deux de ses camarades, Serge Vermeulen et Raymond Richard, grièvement blessés, devant les grilles des Verreries mécaniques champenoises de Reims (Journal de l'année 1976-77), s'ouvre aux assises de Paris le procès de Claude Lecomte qui tira et de Henri Mangematin qui l'accompagnait. Débat criminel, mais aussi procès politique : les Verreries sont en grève pour une question de revalorisation de salaires. Comme toujours, en pareil cas, il y a les grévistes et les jaunes. Claude Lecomte, ancien de la CFT et du SAC, est farouchement jaune. Conforté dans sa passion par de copieuses libations, il a décidé d'aller décrocher la banderole des grévistes qui est accrochée à la grille de l'usine. Sa première tentative échoue. Il se replie mais récidive peu après, armé cette fois d'une carabine 22 long rifle. Au volant, il y a Henri Mangematin. Et c'est le drame : 1 tué, 2 blessés graves. À l'issue de cinq jours d'audience et après l'audition de 80 témoins, Claude Lecomte est condamné à 20 ans de réclusion criminelle et Henri Mangematin à 7 ans de la même peine.

Hazan

Peine relativement modérée pour celui que l'accusation considérait comme le cerveau dans l'affaire d'enlèvement du P-DG de Phonogram (Journal de l'année 1975-76 et 1976-77). Le 19 novembre 1980, la cour d'assises de Paris a condamné Ugo Brunini à 15 ans de réclusion. Jacques Prévost se voit infliger une peine de 12 ans ; Daniel Vergnes 10 ans et les trois membres de la famille Pech, le père et les deux fils, 7 ans. Jacques Boisset et Jean-Michel François sont condamnés à des peines d'emprisonnement assorties du sursis.

Liévin

Un coup de grisou tuait, le 27 décembre 1974, 42 mineurs et en blessait 5, à Liévin (Journal de l'année 1974-75). L'enquête, au cours de laquelle le juge Pascal s'efforcera de démontrer que l'origine de la catastrophe pouvait avoir une explication technique, va durer plusieurs années. Elle opposera les représentants des Houillères et ceux des syndicats CGT, CFDT et FO qui se sont constitués partie civile. L'ingénieur, Augustin Coquidi (il était à l'époque du drame chef du siège des Houillères à Lens), comparaît en novembre 1980 devant le tribunal correctionnel de Béthune. À l'issue de six jours de débats, au cours desquels les experts ont présenté des conclusions divergentes, le procureur de la République requiert contre l'inculpé une « sanction morale » et une amende d'un maximum de 10 000 F.

Bruay-en-Artois

Les parents de la jeune Brigitte Dewèvre dont le meurtre est demeuré mystérieux (Journal de l'année 1971-72 et 1974-75) ont adressé, en novembre 1980, une lettre au garde des Sceaux pour lui demander de ne pas laisser enterrer un drame demeuré à ce jour impuni. Par ailleurs, Me Pierre Leroy, notaire, et son épouse, accusés de diffamation envers le juge Pascal et condamnés par défaut à 3 500 F d'amende et 1 F de dommages et intérêts, ont vu cette peine confirmée par la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris.

Talc Morhange

Victimes du talc à l'hexachlorophène, plus de 40 bébés sont morts et 168 ont été intoxiqués en 1972. Huit ans après cette douloureuse affaire, la cour d'appel de Versailles se prononce sur les peines infligées aux fabricants, conditionneurs ou vendeurs du talc Morhange. Les verdicts sont adoucis : tous les inculpés sont condamnés à moins de 12 mois de prison avec sursis. Ils bénéficient de la loi d'amnistie consécutive à l'élection présidentielle de 1974. La Cour a également précisé que les dépens ne seraient pas à la charge des inculpés, mais à celle du Trésor…

Revelli-Beaumont

Le P-DG de Fiat-France, Luchino Revelli-Beaumont, est enlevé le 13 avril 1977 (Journal de l'année 1976-77). Il ne devait retrouver la liberté que 90 jours plus tard. Les auteurs de ce rapt, identifiés par la police française, sont arrêtés en Espagne, mais Madrid refuse leur extradition (Journal de l'année 1977-78). Ils sont jugés par contumace en septembre 1980 et la cour d'assises de Paris les condamne — sans illusion — à la réclusion criminelle à perpétuité.

Bételgeuse

50 personnes ont trouvé la mort dans l'incendie du pétrolier Bételgeuse en Irlande, le 8 janvier 1979 (Journal de l'année 1978-79). À la suite de ce drame, des enquêtes étaient ouvertes par les autorités irlandaises et françaises sur les origines de la catastrophe. Selon les conclusions de l'enquête irlandaise, « la majeure partie des responsabilités de la perte du bateau incombe à Total ». Bien entendu, la société pétrolière française conteste vivement cette affirmation.

La Vénus-des-Îles

L'affaire de la Vénus-des-Îles, vedette surchargée de touristes qui fit naufrage le 23 juillet 1975, au large de Carqueiranne (Journal de l'année 1975-76), s'est conclue devant le tribunal de Toulon, le

15 mai 1981. Les armateurs et le capitaine ont été condamnés à 18 mois de prison avec sursis, à 50 contraventions diverses et 30 000 F d'amende.

Guy Thodorof

Les principaux accusés du rapt de Guy Thodorof, enlevé le 4 février 1976 (Journal de l'année 1975-76), ont été condamnés à 16 ans de réclusion, leurs complices à des peines allant de 5 ans de réclusion à 2 ans de prison avec sursis. Les condamnés se pourvoiront sans doute en cassation, l'un des membres de la cour, Henri Leclache, ne devant pas siéger dans cette affaire, selon une énonciation du Conseil d'État.