Grève d'une semaine également au Financial Times, où les ouvriers du Livre s'opposent au licenciement de 19 d'entre eux.

L'après-élection

La campagne pour l'élection présidentielle soumet les rédactions à une tension permanente. Les pressions du pouvoir et l'autocensure rendent plus sensible la crise qui couvait dans de nombreux organes. À l'Express, Jimmy Goldsmith, propriétaire du journal, renvoie Olivier Todd, rédacteur en chef et membre du comité éditorial, à qui il reproche la couverture du numéro du 5 mai. Sur celle-ci, on pouvait voir un Giscard vieilli face à un Mitterrand dynamique. Des impératifs techniques n'ont pas permis de rectifier l'aspect caricatural du président sortant, mais, en fait, c'est le pluralisme de l'expression qui se trouve mis en cause. Le directeur de l'hebdomadaire, Jean-François Revel, solidaire d'Olivier Todd, démissionne, ainsi que Max Gallo, éditorialiste. Plusieurs collaborateurs de l'Express quittent le magazine. À la télévision et sur les chaînes de radio, l'objectivité de l'information a été souvent mise à mal par l'attitude révérencielle, voire obséquieuse, vis-à-vis du chef de l'État et des ministres et par des documentaires orientés. Georges Fillioud, ministre de la Communication, le déclare sans ambages aux P-DG de Radio-France, TF1, A2 et FR3.

À Radio-France, R. Faure, directeur de l'information, démissionne. Il est remplacé par J. Bellay. M. Tauriac, directeur-adjoint de l'information, devient chargé de mission auprès du P-DG Jacqueline Baudrier.

À Antenne 2, M. Ulrich quitte la présidence. J.-P. Elkabbach est démis de ses fonctions de directeur de l'information ; celles-ci sont confiées, par intérim, à N. Copin. L. Bériot, rédacteur en chef, est affecté au secrétariat général des programmes.

Démission, également, de C. Contamine, P-DG de FR3. Le conseil des ministres nomme G. Thomas à ce poste.

Le mandat d'Y. Cannac à la présidence de Havas n'est pas reconduit. Il est remplacé par P. Nicolay, maître des requêtes au Conseil d'État.

Le mandat d'A. de Clermont-Tonnerre à la présidence de la SFP n'est pas reconduit lorsqu'il arrive à échéance le 30 juin. Bertrand Labrusse est nommé P-DG de la SFP.

Les hommes

Roger Alexandre succède à Pierre Janrot à la présidence des Éditions France Libre (L'Aurore et Paris-Turf). Jean-Marie Cavada est nommé directeur de l'information de TF1. Yann Clerc, directeur-délégué du Figaro et membre du directoire jusqu'en septembre, quitte le quotidien. François Boissarie, secrétaire de rédaction du Figaro et délégué syndical SNJ, est réintégré sur jugement du tribunal administratif après son licenciement en 1977. Daniel Filipacchi devient directeur du Journal du Dimanche, Étienne Mougeotte directeur de la rédaction et Raoul Tubiana rédacteur en chef. Après la modification des statuts de la société anonyme Le Dauphiné libéré, Jean Gallois devient président du directoire et Louis Rocherot président du conseil de surveillance. Paul Giannoli remplace Éliane Victor, démissionnaire, à la rédaction de Elle. Roger Gicquel abandonne ses fonctions de présentateur du journal de TF1. Reconduction des quatre présidents des sociétés de radio et télévision pour trois ans : Jean-Louis Guillaud (TF1), Maurice Ulrich (A2), Claude Contamine (FR3), Jacqueline Baudrier (Radio-France). Claude Julien est élu cogérant de la SARL le Monde. Christine Ockrent quitte FR3 pour Europe 1. Frank Tenot devient PDG du Groupe Édi. 7.

Un seul monde mais plusieurs financiers

Le supplément trimestriel Un seul monde, consacré aux problèmes du tiers monde et publié par une quinzaine de journaux, dont le Monde en France, est mis en cause par le New York Times et Europe 1. Leurs informations révèlent que cette publication est financée par un Fonds spécial de l'ONU, alimenté par des donations. Il se serait élevé, en 1979-1980, à 435 000 dollars. En contrepartie des 48 000 dollars reçus par le quotidien de la rue des Italiens — pour couvrir notamment les frais administratifs et de fabrication —, les organisations de l'ONU pouvaient utiliser, sous forme de tribunes, plusieurs colonnes du journal. Dans quelle mesure ce financement devait-il être porté à la connaissance des lecteurs afin qu'ils ne considèrent pas ce supplément comme une réalisation rédactionnelle du journal ? tout le problème est là.

Édition

MacLuhan va-t-il gagner son pari sur Gutenberg ? L'union Matra-Hachette n'est pas un cas isolé : des accords sont conclus entre la firme Gaumont et l'éditeur Jean-Pierre Ramsay, et un accord intérieur courant mai entre Gaumont et Gallimard pour l'exploitation audiovisuelle du fonds littéraire avec la création, en commun, de la société Édivisuel. De nouvelles perspectives s'ouvrent à l'édition comme à la presse. L'édition a besoin de nouveautés, car, après la libération du prix du livre — autorisée par l'arrêté Monory du 1er juillet 1980 —, la tendance est plutôt à la morosité. Les inconvénients sont bien supérieurs aux avantages et l'on peut craindre, à terme, un appauvrissement du niveau culturel de l'édition française.