Le président Giscard d'Estaing, lors de sa visite inaugurale, évite soigneusement les stands japonais et confirme publiquement, pour la première fois, l'interdiction faite aux Nippons de dépasser le seuil de 3 % du marché français : « Nous n'admettrons pas que ce niveau soit dépassé aussi longtemps que les conditions d'accès réciproques aux marchés ne se seront pas substantiellement transformées », annonce le chef de l'État.

Au cours des mois qui suivent, les nouveaux modèles japonais ne reçoivent pas leurs homologations et ne peuvent être lancés sur le marché. Plusieurs milliers de voitures japonaises sont en souffrance, le 3 février 1981, dans les ports français. Quatorze modèles nouveaux ou modifiés sont bloqués : 4 Honda, 3 Mazda, 3 Datsun, 3 Mitsubishi et 1 Toyota.

Palmarès

Le Salon de Paris n'a pas couronné de nouveaux modèles français de grande diffusion, mais deux modèles étrangers très attendus : la mini Metro de British Leyland et la Ford Escort. En gestation depuis près de dix ans, la Metro porte sur elle tous les espoirs de redressement de l'entreprise britannique. De conception entièrement nouvelle, commode et bien dessinée, la Metro garde cependant un moteur de conception très ancienne, et c'est sans doute là que se situe son principal handicap.

La nouvelle Ford Escort, en revanche, ne garde de la précédente que le nom. Moteur et carrosserie sont inédits. Elle retient l'attention, car il s'agit de la première véritable voiture mondiale qui soit lancée en même temps de part et d'autre de l'Atlantique. Traction avant, suspension indépendante, elle est de conception entièrement européenne.

Proposée dans une quinzaine de versions différentes, c'est le modèle de base de Ford pour les années à venir, en Europe et aux États-Unis. Pour les autres parties du monde, la japonaise Mazda 323 — autre vedette du Salon — prendra la relève avec l'accord de Ford : les deux voitures ont été conçues sur des bases techniques identiques, avec des accords de commercialisation croisés.

Le prix de la voiture de l'année, décerné par un jury de 52 journalistes européens, est attribué pour 1980 à la Ford Escort, qui est suivie par la Fiat Panda et la mini Metro. L'absence de françaises en tête du palmarès illustre bien leur relatif effacement.

Voiturettes

L'arrivée de Guy Ligier dans le secteur des minivoitures sans permis — aussi appelées voiturettes — attire l'attention sur ce secteur marginal, mais en forte croissance, de la construction automobile. Des marques de plus en plus nombreuses se partagent le marché. Il s'agit d'un phénomène purement national : le succès de ces voiturettes est lié aux difficultés qu'éprouvent certaines franges de la population à obtenir le permis de conduire et aux facilités liées au statut administratif de ces véhicules. Considérés comme des cyclomoteurs carrossés, ils n'ont ni immatriculation, ni carte grise, ni vignette, et ne sont même pas assujettis au stationnement payant.

Mais, peu stables, peu protégées et disposant d'une motricité manifestement insuffisante, ces voiturettes — chères parce que construites en petite série ou de façon artisanale — sont aussi peu sûres. Les pouvoirs publics étudient une modification de leur statut administratif qui pourrait entièrement remettre en question leur succès.

Des hausses de prix en rafales

L'automobiliste a été sévèrement touché en 1980 par des hausses de prix en rafales, mais celles-ci n'ont généralement pas été supérieures au rythme de l'inflation, sauf pour la vignette, les contraventions et les assurances. Mais la plupart des coûts d usage de la voiture ayant eu tendance, sur le long terme, à diminuer, cette évolution est néanmoins durement ressentie par les automobilistes.

Carburant

Les prix de l'essence à la pompe ont augmenté de 12 % seulement en 1980, passant de 3,06 F en janvier à 3,44 F en décembre pour l'ordinaire et de 3,27 F a 3,65 F pour le super (région parisienne). Et, en juin 1981, ils atteignent respectivement 3,71 F et 3,92 F.

Voitures

Le prix des voitures neuves a été augmenté, pour les modèles français, en trois vagues successives : 4 % en février et mars, 5 % en juillet — hausse traditionnelle du millésime — et 3,5 % en décembre. Soit une hausse totale moyenne légèrement supérieure à 13 %. Mais les petits modèles ont subi des augmentations plus importantes que la moyenne, ce qui a particulièrement gêné les acheteurs à faibles revenus. Et la nouvelle hausse de janvier-février 1981, de 3,5 %, a entraîné un affaissement immédiat des ventes et un transfert de la clientèle vers les modèles étrangers, notamment allemands. En effet, l'inflation, moins puissante en Allemagne qu'en France, avec des parités monétaires fixes, a permis aux fabricants d'outre-Rhin d'augmenter leurs prix dans une proportion plus modeste que les Français.

Vignette

Selon les catégories, les vignettes ont été augmentées dans une fourchette se situant entre 16,6 % et 33,3 %. La surtaxe des grosses cylindrées ne touchant qu'une frange marginale du marché, la hausse moyenne de la vignette automobile se situe aux alentours de 20 %. Mais l'allongement de la durée d'imposition alourdit encore les charges pour les voitures les plus anciennes.

Péages d'autoroutes

La hausse des péages a été d'ampleur très variable selon les concessions, publiques ou privées, et selon les tronçons, mais elle s'établit en moyenne à 8,5 %.

Réparation

Selon les chiffres officiels des professionnels, les taux horaires de réparation automobile ont augmenté de 15 % en 1980. Ce chiffre, supérieur à celui de l'inflation, s'alourdit encore si l'on tient compte de l'augmentation importante — évaluée à 17 % — des prix des pièces détachées.

Assurances

La hausse des primes d'assurances, qui avait été de 13,75 % en 1979, a atteint 14,5 % en 1980. Ces augmentations sont d'autant plus mal reçues que le prix des assurances automobiles, en France, est déjà très élevé, près de deux fois plus qu'en Allemagne ou qu'en Grande-Bretagne. Cela étant dû, notamment, au prix des pièces détachées, particulièrement de carrosserie.

Contraventions

C'est le poste le plus « matraqué » : un décret est entré en vigueur le 1er avril 1980, modifiant le taux des amendes dans des proportions allant de 100 % à 400 % ! Les taux maximum des contraventions de première classe passent de 40 à 150 F, de 80 à 300 F pour les deuxièmes classes ; quant aux contraventions de troisième classe (stationnement gênant par exemple), elles passent de 160 à 600 F. Les contraventions de cinquième classe passent, elles, de 1 000 à 3 000 F, et de 2 000 à 6 000 F dans le cas de récidive.