Un premier essai est entrepris, au cours de l'été 1980, à Saint-Malo, où 50 abonnés sont dotés de l'annuaire électronique.

Contestations

L'expérience Télétel des Yvelines alarme la presse écrite. En concédant l'information générale à un seul quotidien, on crée un monopole de fait non dépourvu d incidences politiques. Surtout, l'introduction de la publicité par vidéotextes apporte une concurrence qui s'ajoute à celle de la publicité télévisée. Pour apaiser les inquiétudes, les PTT renoncent à inclure les petites annonces dans l'expérience, mais un doute plane sur l'avenir en cas de généralisation du système.

Après l'essai en grandeur réduite de Saint-Malo, la DGT projette d'étendre le système de l'annuaire électronique, dès 1982, à 250 000 abonnés du département d'Ille-et-Vilaine, puis rapidement à l'ensemble du territoire. Un appel d'offres en vue d'une production massive de terminaux est lancé aux industries françaises, lesquelles disposeront ainsi d'une excellente référence pour proposer le système à l'étranger.

Rapport

Mais, à l'automne 1980, le secrétariat d'État reçoit le rapport demandé par Norbert Segard (décédé le 1er février 1981) à deux ingénieurs généraux des Télécommunications, Jacques Dondoux et François Ducastel. Tout en soulignant la nécessité d'une réforme de l'annuaire traditionnel et en reconnaissant que le terminal s'inscrit dans le mouvement d'informatisation de la société et répond aux vœux de l'industrie, les rapporteurs mettent en doute ses avantages financiers et proposent diverses options :
– réformer l'annuaire papier en attendant la généralisation des lecteurs vidéo, vers 1985 ; les PTT fourniraient alors des annuaires sur vidéodisques sans imposer un matériel, et la consultation resterait gratuite (avec le terminal, elle est payante) ;
– accepter l'annuaire électronique, mais en limitant le volume de la publicité et en abandonnant toute fourniture ou traitement de données non téléphoniques, de façon à éviter une « déstabilisation trop brutale de l'espace socio-politique français ».

Au Parlement, Robert-André Vivien, député RPR du Val-de-Marne et président de la commission des Finances, demande (octobre 1980) le blocage des crédits (500 millions de F) prévus pour la télématique en attendant que soient clarifiés le régime légal et les conséquences des nouveaux modes de diffusion de l'information. À la fin de janvier 1981, le gouvernement constitue une commission, composée de parlementaires et de représentants des médias, pour suivre les expériences de télématique. La généralisation de l'annuaire électronique à l'ensemble du territoire est mise en veilleuse, celle de l'Ille-et-Vilaine est maintenue.

Les fibres optiques

Pour la première fois, deux centraux téléphoniques parisiens, Tuileries et Philippe-Auguste, sont reliés par un câble de fibres optiques. Bien que capable de faire transiter 15 000 communications, cette liaison n'est pas affectée à un trafic réel mais garde un caractère expérimental. La fibre optique présente, sur le câble téléphonique traditionnel, des avantages décisifs : très grande capacité de transmission (du son ou de l'image), faible atténuation avec la distance (donc moins de postes d'amplification et de régénération du signal), insensibilité totale aux parasites électriques, encombrement et poids réduits. À quoi s'ajoute le fait que la matière première de la fibre de verre — le sable — est disponible sur le sol français, tandis que les métaux des câbles coaxiaux sont importés.

Il convient cependant de tester les équipements mis en œuvre par cette technologie récente : l'ensemble émetteur de lumière convertissant les signaux électriques en signaux optiques laser ; la protection des câbles et les connexions ; à l'arrivée, la reconversion du signal optique en signal électrique ; les techniques de pose en galerie urbaine et de réparation en cas de rupture accidentelle. C'est l'objet de l'expérience en cours à Paris. Une autre est projetée à Biarritz. Plusieurs pays étrangers procèdent également à des essais.

Le microscope à ultrasons

Concurrençant déjà les radiations électromagnétiques grâce à l'échographie (où les ultrasons remplacent les rayons X pour explorer l'intérieur de l'organisme), l'acoustique ultrasonore pénètre dans un autre domaine jusqu'ici réservé à l'optique ou à l'électronique : l'observation microscopique. Inaugurée il y a quelques années à l'université de Stanford, cette technique est reprise et développée en France dans un laboratoire de l'université de Valenciennes et au centre d'études d'électronique des solides de Montpellier.