Tandis que se poursuit la mise en place de réseaux nationaux et internationaux, on assiste à la multiplication des satellites privés utilisés par les grandes entreprises américaines pour leurs propres réseaux de télécommunications téléphoniques et de télévision. La Western Union a désormais, après le lancement du 3 août 1979, trois Westar en service ; la RCA exploite deux Satcom et la Comsat, trois Comstar. Ces sociétés, plus l'ITT, doivent exploiter en commun trois satellites Marisat (télécommunications maritimes). La société Hughes a rendu public en octobre 1979 son projet Leasat (Leasing Satellite). Il s'agit d'un réseau de satellites à louer, comme on loue des ordinateurs ou des avions.

Assurances

Les budgets des engins spatiaux, civils ou militaires, nationaux ou internationaux, ont des retombées directes ou indirectes sur presque toutes les branches de l'activité industrielle et commerciale. Ainsi, le marché de l'assurance des fusées et satellites est des plus prospères. Le lanceur Ariane est assuré sur la base d'une prime qui représente 20 % du coût de la fusée. On assure aussi les satellites : fin 1979, le nombre des polices en cours était d'une quarantaine et le capital assuré de 1 milliard de dollars. Ce sont surtout des compagnies britanniques qui encaissent les primes, dont le montant annuel totalise 10 à 11 millions de dollars.

Eldorado spatial

Alors que l'utilisation de la proche banlieue terrestre bat son plein, on songe déjà à étendre le domaine exploitable. Lors du XXXe Congrès international d'astronautique, il a été question de procédés mis au point par les sociétés Lockheed et Space Global, ainsi que par l'université de Princeton, pour l'exploitation des minerais lunaires. Une autre grande entreprise américaine, General Dynamics, a présenté une intéressante étude économique sur l'utilisation des matériaux extraterrestres. On s'est occupé aussi du stockage des déchets nucléaires hors de la Terre. Le CNES va jusqu'à proposer qu'on les éjecte hors du système solaire.

L'ONU prend ces éventualités au sérieux ; elle s'efforce de réglementer les futures activités de l'homme hors de sa planète. Le 3 juillet 1979, le Comité pour l'utilisation pacifique de l'espace extra-atmosphérique a présenté un projet d'accord, valable pour la Lune et les autres corps célestes, qui interdit leur militarisation et règle l'exploitation de leurs ressources.

Astronomie

Moisson de découvertes sur Jupiter et Saturne

Les sondes spatiales constituent des instruments extrêmement efficaces pour l'exploration du système solaire. Les photographies qu'elles recueillent et les mesures qu'elles effectuent viennent compléter de façon spectaculaire les observations réalisées depuis la Terre. Une nouvelle preuve en est fournie en 1979 : le survol de Jupiter et de ses principaux satellites par les engins américains Voyager, puis celui de Saturne par Pioneer 11 se soldent par une avalanche de découvertes.

L'étude systématique de Jupiter est effectuée par Voyager 1 et Voyager 2 (Journal de l'année 1978-79). Les observations s'étendent jusqu'au 28 août, favorisées, le 9 juillet, par un passage à 650 000 km de Jupiter, à l'aplomb de l'hémisphère Sud. Chaque sonde, qui pèse 810 kg, emporte une charge utile de 105 kg, constituée de 10 instruments, parmi lesquels 2 caméras de télévision — l'une, grand angulaire, de 200 mm de focale ; l'autre, petit angulaire, de 1 500 mm — à l'origine d'une véritable moisson de photographies : plus de 18 000 images de Jupiter et de ses satellites sont recueillies par Voyager 1, près de 15 000 par Voyager 2.

Atmosphère

Les clichés de la planète elle-même, dont certains montrent des détails d'une dizaine de kilomètres seulement, révèlent la dynamique de l'atmosphère jovienne, déjà entrevue grâce à Pioneer 10 en 1973 et Pioneer 11 en 1974. Aux mouvements de convection ascendants et descendants se superposent toutefois de violents courants horizontaux. Il en résulte des tourbillons, parfois immenses, s'enchevêtrant les uns dans les autres. Les clichés témoignent de l'intensité de cette turbulence atmosphérique, la confrontation des images recueillies par chacune des deux sondes à quelques mois d'intervalle autorisant d'intéressantes comparaisons. Pour la première fois, les mouvements de la matière au sein de la célèbre tache rouge sont mis en évidence : des photographies à haute résolution montrent que les nuages y tournent en sens inverse des aiguilles d'une montre, avec une période voisine de six jours. L'hypothèse selon laquelle cette étrange formation, dont la couleur est imputée à des composés organiques, serait un gigantesque ouragan est confirmée.