À l'origine des troubles, des manifestations d'étudiants et d'opposants, qui réclament la levée de la loi martiale (proclamée en octobre 1979 à Pusan, deuxième ville du pays, à l'issue de violents affrontements), la démission du gouvernement et surtout celle du général Chon Too Hwan, responsable du coup de force de décembre 1979, devenu chef des services secrets de l'armée (KCIA).

L'agitation s'intensifie à la mi-mai, après le retour du chef de l'État, Choi Kyu Ha, qui vient d'effectuer une tournée au Moyen-Orient. La loi martiale est étendue à l'ensemble du pays. De nombreuses personnalités de l'opposition, telles que Kim Dae Jung, et même du gouvernement, comme Kim Jong Pil, président du parti républicain (loyaliste), sont arrêtées.

Les foyers de rébellion se multiplient alors, et une véritable insurrection armée se déroule à Kuangju, chef-lieu de la province de Cholla, province natale de Kim Dae Jung. Pendant une semaine, Kuangju et le port de Mokpo sont entre les mains des manifestants. L'armée ne tarde pas à répliquer et reprend le contrôle de ces villes le 27 mai, après de violents combats. Il y aurait plus de trois cents morts. Jamais, depuis la fin de la guerre de Corée, les incidents entre le Nord et le Sud n'ont causé autant de victimes.

Le président Choi Kyu Ha annonce le 31 mai, à l'issue des 15 jours de troubles, la création d'un Comité spécial de sécurité, qu'il présidera. Cet organe consultatif doit coordonner les mesures gouvernementales avec celles des autorités chargées d'appliquer la loi martiale. Les militaires s'y taillent une place de choix : 14 membres sur 25.

L'homme fort

Parmi les civils du Comité spécial de sécurité, on trouve le nouveau Premier ministre Park Choon Hoon, qui a remplacé Shin Hyon Hwack, démissionnaire le 20 mai. Parmi les militaires figurent le général Lee Hui Sung, chef d'état-major et commandant de la loi martiale, et, bien entendu, le général Chon Too Hwan qui, malgré sa démission de la direction de la KCIA, demeure l'homme fort du régime.

Cette initiative marque un progrès par rapport au projet initial de créer une junte militaire.

Elle ne peut pourtant satisfaire Washington, qui souhaite la formation d'un « gouvernement civil ayant une large assise populaire ». L'Assemblée nationale est encore fermée et gardée par la troupe. L'opposition est réduite au silence. Kim Dae Jung, accusé d'être l'instigateur des émeutes de mai, est passible de la peine capitale, tandis que Kim Young Sam, président du Nouveau parti démocrate (NPD-opposition), est assigné à résidence depuis le 17 mai. Il avait déjà été expulsé de l'Assemblée nationale, le 6 octobre 1979.

La situation, fin juin 1980, semble se stabiliser. Le gouvernement, conscient que la situation ne peut durer, fait preuve de magnanimité ; 206 prisonniers sont relâchés le 5 juin. Quelques jours plus tard, le président Choi annonce des élections avant la fin 1981.

Coup d'arrêt

Les soubresauts qui agitent la Corée du Sud ne sont que les conséquences de la mort, le 26 octobre 1979, du président Park Chung Hae, dans des circonstances mal éclaircies, mort qui met fin à 18 ans de règne quasi absolu. La mise en alerte des troupes américaines en Corée du Sud visait à dissuader la Corée du Nord d'exploiter la situation.

Quatre jours après la mort du président Park, la thèse de l'accident cède la place à celle de l'assassinat, prémédité par le chef de la CIA coréenne lui-même, Kim Jae Kyu, qui se serait prévalu du soutien américain. Il sera exécuté le 24 mai 1980.

C'est alors que le Premier ministre Choi Kyu Ha, diplomate de carrière âgé de 60 ans, élevé dans la tradition confucéenne, accède à la magistrature suprême. Chef de l'État par intérim, il est élu président le 6 décembre 1979, par un collège de grands électeurs.

Choi Kyu Ha offre deux compensations à l'opposition, qui avait réclamé en vain une élection présidentielle au suffrage universel : le projet d'une commission parlementaire chargée de réviser la Constitution ; l'abrogation des décrets présidentiels d'exception, déjà décidée le 1er décembre à l'unanimité par l'Assemblée nationale. 900 prisonniers sont libérés.