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La presse continue de naviguer à vue

Les dossiers s'accumulent, le contentieux s'alourdit, les structures craquent : la presse française est malade financièrement ou moralement. Lorsque les crises atteignent leur paroxysme, elles parviennent à la connaissance du public : de témoins, les journaux deviennent acteurs — ce qui n'est jamais bon signe. Et, malgré les déclarations d'intention, aucune décision importante n'est prise pour redresser la barre : on continue de naviguer à vue.

L'Aurore illustre bien les difficultés que connaît la presse française. Pour 80 millions de F, ce quotidien, dont le déficit annuel est de l'ordre de 10 millions, passe sous le contrôle de la société Franpresse, présidée par Marcel Fournier, P-DG de Carrefour, le 6 juillet 1978. C'est maintenant le temps des gestionnaires qui prennent le pas sur les hommes de presse. Parmi les actionnaires, on trouve Guy de Roquemaurel (P-DG de la Société continentale de banque), le général Jacques Andrieux (directeur de Garonor et secrétaire général de Vibrachoc), Andrée Mentzepoulos (épouse du P-DG de Félix Potin et de Génevrain-La Parisienne).

Mais l'ombre de Robert Hersant ne tarde pas à se profiler sur l'Aurore : au mois de septembre, des accords de coopération technique et publicitaire sont conclus entre les sociétés éditrices de l'Aurore-Paris-Turf et le Figaro-France-Soir. La première entreprise pourra utiliser le réseau fac-similé du groupe Hersant, l'impression se fera à la Plaine-Saint-Denis. Pierre Janrot, dont les attaches avec le groupe Hersant sont connues, est nommé P-DG des éditions France Libre (créées dans la clandestinité par Robert Lazurick pour éditer l'Aurore). Roland Faure, directeur de la rédaction et directeur politique du journal, déclare que la nomination de Pierre Janrot n'implique pas que Robert Hersant prendra la direction politique du quotidien.

La crise devient plus aiguë le 22 novembre 1978 : les accords techniques sont rompus par le groupe Hersant, à la suite, dit-on, du refus des ouvriers du Livre d'accepter cette collaboration. En revanche, Pierre Janrot déclare qu'il ne représente pas le groupe Hersant à l'Aurore. Marcel Fournier démissionne, bientôt suivi par Roland Faure. La vague de démissions est importante : Gilbert Guilleminault, Jean Laborde, Jean Grandmougin, le RP Bruckberger. Finalement, le 9 janvier 1979, un accord est signé entre Pierre Janrot et les ouvriers du Livre de l'imprimerie Richelieu où l'on passera progressivement en photocomposition, tandis que l'offset sera réalisé à La Plaine-Saint-Denis ; le couplage de la publicité commerciale, des petites annonces et du carnet du jour entre le Figaro et l'Aurore sera mené indépendamment de France-Soir.

Le 31 janvier, Pierre Janrot devient P-DG de Franpresse, holding propriétaire des actions des éditions France Libre et des imprimeries Richelieu. Il annonce que Robert Hersant est conseiller de Franpresse.

Les hommes

Jacques Attali, Jean-Marie Domenach, Alfred Grosser, Gérard Moatti collaborent à l'Expansion. Alexandre Baloud devient directeur adjoint de la rédaction de RTL. Michel Bassi est nommé directeur général de RMC en remplacement de Frédéric de la Panouse. Robert Butheau devient directeur de la rédaction du Progrès de Lyon. Antoine de Clermont-Tonnerre succède à Jean-Charles Edeline à la présidence de la SFP. Christian Chavanon quitte son poste d'administrateur délégué de la CLT (RTL). Michel Dunois devient directeur de la rédaction de l'Aurore et Gabriel Senchet rédacteur en chef, chef du service politique. Jacques Duquesne, directeur général des publications de la Vie catholique, quitte ce groupe et entre au Point, où il remplace Georges Suffert comme directeur adjoint de la rédaction. José de Broucker devient directeur de la rédaction de la Vie. À l'Express, Jean-François Revel est nommé directeur, René Guyonnet directeur de la rédaction, Danièle Heymann rejoint Olivier Todd et Yves Cuau comme rédacteur en chef. Jean-Pierre Farkas passant à la direction de la rédaction du Journal du dimanche, Éliane Victor lui succède à la rédaction en chef de Elle. Jean Farran, ancien directeur de RTL, entre au groupe Hachette comme conseiller et animateur du secteur audiovisuel. La société des rédacteurs du Monde reconduit pour trois ans le mandat de directeur de Jacques Fauvet ; Bernard Lauzanne est nommé directeur de la rédaction. Robert Lacontre, chef du service étranger du Figaro, est nommé rédacteur en chef adjoint du Figaro Magazine ; il est remplacé par Serge Maffert, Bruno Monnier est nommé administrateur général du Figaro. Jean-Luc Pidoux-Payot succède à Yvon Chotard à la présidence du Syndicat national de l'édition.

Cessent de paraître

Volkgazet, quotidien socialiste d'expression flamande édité à Anvers (18 juillet 1978). Football magazine, mensuel lancé en 1960 (1er septembre). Klapperstei 68 (octobre). Paris métro (en langue anglaise) [interrompt sa publication du 17 novembre 1978 au 26 juin 1979]. Montréal matin, quotidien, après 48 ans d'existence (24 décembre). Des femmes en mouvement, mensuel lancé en décembre 77 (26 janvier 1979). Trois quotidiens, dont le Journal de Téhéran, édités en Iran (21 mars). La Vache enragée, mensuel écologique créé en 1973 (4 avril). , mensuel de voyages (mai). Vision (mai). Antirouille (juin).

Nouveaux titres

Jeux d'Afrique, mensuel sportif africain (10 août 1978). Les Visiteurs du mercredi, mensuel issu de l'émission de TV (13 septembre). Microsystèmes, bimestriel, l'Ordinateur individuel, mensuel, revues consacrées à l'électronique individuelle (16 septembre). Télescope, hebdomadaire (28 septembre). Lettres du monde, mensuel de la vie culturelle, vendu par abonnement (1er octobre). Astrapi, bimensuel pour les 7-10 ans, lancé par Bayard-Presse (1er octobre). Life, reparution mensuelle (octobre). Le Figaro Magazine, encarté dans le quotidien du samedi (7 octobre). Politique internationale, publication trimestrielle (10 octobre). La lettre A, hebdomadaire tiré à 100 exemplaires lancé par une société constituée par Alain Dumait, Gabriel Farkas, Olivier Thual (16 octobre). Ville de Paris, bimestriel édité par l'Association pour l'information municipale, présidée par Jacques Chirac (23 octobre). Semaine média, lettre hebdomadaire sur la communication (2 novembre). Décideurs, hebdomadaire lyonnais d'informations économiques régionales (3 novembre). Revue française de communication (3 novembre). La Lettre internationale de l'économie, hebdomadaire destiné aux PME (13 novembre). Comité d'entreprise, mensuel (28 novembre). De Morgen, quotidien de langue flamande, lancé à Gand (1er décembre). Maison-Magazine, bimestriel lancé par les éditions Condé-Nast (10 décembre). Racines, journal régional d'information diffusé en Auvergne (1er janvier 1979). Architecture, mensuel diffusé par abonnement par l'ordre des architectes (1er janvier). Danse (3 janvier). Patrimoine (4 janvier). Qui ? Police, hebdomadaire lancé par les éditions Nuit et Jour (P-DG André Beyler), après la disparition de Détective (10 janvier). Mieux vivre, mensuel diffusé par abonnements (26 janvier). Géo, lancé par le groupe allemand Gruner und Jahr (31 janvier). Toute la musique (février). Look reparaît aux États-Unis sous l'impulsion du groupe Filipacchi (5 février). Le journal des librairies, mensuel (février). Super As, hebdo de BD pour les 10-15 ans lancé par le groupe Femmes d'aujourd'hui (13 février) Auto verte, mensuel consacré aux véhicules tout-terrain et aux camping-cars, (1er mars). Solaire 1 Magazine, bimestriel consacré à l'énergie solaire (8 mars). Maintenant, hebdomadaire (12 mars). Musiques, mensuel (9 mars). Bonjour, trimestriel édité par le PC (mars). Revue française de généalogie, bimestrielle vendue par abonnement (1er avril). Le Matin dimanche (29 avril). Forum international, quotidien économique (10 mai).

Hersant

Pourtant, même s'il réussit à ajouter un nouveau fleuron à sa couronne, l'année est loin d'être bonne pour Robert Hersant. Il est inculpé, le 29 novembre 1978, pour violation de l'ordonnance du 26 août 1944 qui interdit le cumul de propriété des quotidiens. C'est le résultat des plaintes déposées fin 1976-début 1977 (Journal de l'année 1976-77) par les syndicats de journalistes (SNJ, CFDT, CGT, FO), regroupés dans l'UNSJ.