Devant l'ampleur des combats et la violence de la révolte (les insurgés tiennent tout le nord-ouest du pays), l'opinion internationale, alertée par le Front d'opposition, s'émeut. Le Venezuela, qui signe un accord de coopération avec le Costa Rica, presse les États-Unis de faire accepter par le Nicaragua une médiation de l'OEA ; celle-ci n'intervient pas.

Le sandinistes

Le Front sandiniste de libération nationale qui mène la guerre insurrectionnelle contre le régime de Somoza se réclame de Cesar Augusto Sandino, héros de l'indépendance nationale surnommé le général des hommes libres. Sandino, fils d'un petit agriculteur de la région de Masaya, est né en 1895. Autodidacte, il exerce plusieurs métiers avant de se consacrer, à partir de 1926, à la libération de son pays. Il organise la guérilla contre l'envahisseur yankee, véritable maître du pays. Les sandinistes tiendront en échec pendant six ans les marines américains, qui quitteront le pays en 1933 sur l'ordre du président Roosevelt. Sandino dépose alors les armes. Il est assassiné le 24 février 1934, sur l'ordre du chef de la Garde nationale, Anastasio Somoza (père de l'actuel dictateur), qui prend le pouvoir en 1937.

Commission internationale

Lorsque, le 25 septembre, la constitution d'un gouvernement provisoire nicaraguayen est annoncée à Bruxelles, le dernier bastion de la rébellion, Esteli, est tombé (19 septembre). Le bilan est lourd : 6 000 tués, 10 000 blessés, 25 000 sans-abri et 12 000 exilés.

L'économie est paralysée, les capitaux fuient (50 millions de dollars en deux mois). Mais, vainqueur militairement, Somoza s'estime suffisamment fort pour qu'une commission internationale des droits de l'homme enquête sur les atrocités dénoncées par l'opposition. Il accepte également la médiation d'une commission américaine. Le 27 septembre, le Front élargi d'opposition, qui regroupe les sandinistes et les autres tendances politiques, donne son accord. Cette commission, composée d'un ambassadeur américain, des ministres des Affaires étrangères du Guatemala et de Saint-Domingue, propose l'organisation d'un référendum sous contrôle international. Mais ce projet s'enlise dans les pourparlers qui s'éternisent :
– 10 novembre 1978 : le Front élargi d'opposition refuse de partager le pouvoir avec Somoza, comme celui-ci le propose ;
– 21 novembre : le Front, qui pose le départ de Somoza comme exigence préalable, rompt les négociations avec les médiateurs ;
– 30 novembre : Somoza ayant finalement accepté le principe du référendum, l'opposition accepte la suppression de ce préalable ;
– 7 décembre : Somoza accepte la levée de l'état de siège, l'amnistie des prisonniers politiques (votée par une loi du 13 décembre) et la suppression du contrôle de la radio et de la télévision, exigées par le Front, mais n'accepte le référendum que sur la date de son départ (avant la fin de son mandat ou à la fin) ;
– 13 décembre : rupture entre le Front élargi d'opposition et le FSLN. Les négociations piétinent en l'absence d'accord sur les conséquences d'un référendum négatif pour Somoza ;
– 26 décembre : nouveau revirement de Somoza qui refuse le référendum sous contrôle international. Les États-Unis menacent le Nicaragua de sanctions économiques ;
– 4 janvier 1979 : la commission de médiation menace à son tour de mettre fin à sa mission, cependant que les incidents se multiplient entre sandinistes et Garde nationale ;
– 19 janvier : Somoza refuse les nouvelles propositions qui lui sont faites par les médiateurs ;
– 22 janvier : un nouveau Front patriotique se constitue à Caracas. Il exclut toute solution pacifique de la crise ;
– 8 février : sanctionnant l'échec de la commission de médiation qui refuse de poursuivre sa mission, les États-Unis annoncent la suppression totale de leur aide militaire (700 millions de dollars) et partielle de leur aide économique.

Divisions sandinistes

Revenant à plusieurs reprises sur ses concessions, Somoza gagne du temps et, contre toute attente, se maintient au pouvoir. En stratège endurci qui garde la tête froide, il exploite parfaitement les hésitations de ses adversaires et leurs divergences. Il a la conviction que les États-Unis ne souhaitent pas l'arrivée au pouvoir, dans un pays d'Amérique centrale, des sandinistes, le plus souvent considérés comme des castristes en puissance. Ces sandinistes sont eux-mêmes divisés en trois tendances : les partisans de la guerre populaire prolongée, une deuxième tendance prolétarienne (favorable à l'organisation d'un parti ouvrier et hostile à la poursuite de la lutte armée) et une troisième tendance, dite précisément « tercériste », la dernière en date, plus pragmatique et qui avait, pendant l'été 1978, imposé sa solution — une alliance avec les milieux démocrates bourgeois.