Les articles fondamentaux de la Constitution ne pouvaient précédemment être modifiés que par une procédure en deux temps : vote favorable des deux tiers des députés et confirmation par référendum. Respectant cette procédure, F. Burnham fait approuver, par le Parlement d'abord, le 10 avril 1978, une loi supprimant précisément l'obligation du référendum pour les réformes constitutionnelles. Cette loi est ensuite approuvée par référendum avec 97,4 % des suffrages exprimés.

Le caractère massif de l'approbation s'explique par les consignes d'abstention du parti d'opposition, le Parti populaire progressiste de Cheddi Jagan, porte-parole de la population indienne, qui n'a pas manqué de dénoncer les fraudes d'un scrutin de portée considérable. Disposant, à l'Assemblée, de 37 sièges sur 51, le parti gouvernemental est maître du jeu politique. Dès le 21 juillet, l'Assemblée approuve une loi retardant de quinze mois les élections législatives qui étaient prévues le 25 juillet 1978, pour permettre l'élaboration d'une nouvelle Constitution de type présidentiel.

Un colossal suicide collectif

La voix métallique, irréelle hurle dans le micro « Mère, mère, mère, nous voici ». Un par un, docilement, les premiers fidèles approchent. Ils tiennent tous à la main un verre, une tasse, une cuillère, qu'ils trempent les uns après les autres dans une baignoire en zinc où stagne une mixture orangée. Les mères font boire leur bébé, puis vident à leur tour leur gobelet. Leur enfant dans les bras, elles s'assoient dans l'herbe ou s'allongent au pied d'un arbre en attendant la mort. C'est le début du plus grand suicide collectif de l'histoire contemporaine.

Curieuse rumeur

La secte du Temple du peuple a pignon sur rue depuis 1954. À San Francisco et Los Angeles où elle s'est installée dès sa fondation, elle n'est qu'une des nombreuses Églises qui se partagent la crédulité et la foi des Américains. Son fondateur, Jim Jones, est respecté de tous. Il veut créer une société sans classe, et personne ne songe à lui reprocher ses lubies marxistes, Jim Jones n'est-il pas un des bienfaiteurs des pauvres de Californie, dont il habille et nourrit gratuitement plusieurs milliers chaque année ?

Et puis, ses relations politiques sont imposantes. Rosalynn Carter a même adressé une lettre personnelle au révérend Jim Jones pour l'aide apportée à son mari lors de sa campagne de 1976.

Seulement, sur les quelque 30 000 adeptes du Temple du peuple, certains n'hésitent pas à fuir. Leurs récits alimentent bien vite une curieuse rumeur : l'honorable Jim Jones n'hésiterait pas à faire battre ses adeptes pour obtenir le maximum de docilité, il les contraindrait à de véritables travaux forcés, après avoir obtenu des dons et des legs en faveur de la secte.

Alors, en 1977, Jim Jones décide d'émigrer Avec 1 200 fidèles, il s'embarque pour la Guyana, l'ancienne Guyanne britannique, un territoire vierge de 210 000 km2 dont le gouvernement est ravi d'offrir 10 000 ha de forêt aux nouveaux colons.

En un an, une petite ville surgit au milieu de l'enfer vert. Jim Jones la baptise Jonestown. On y cultive des fruits, des céréales. On y vit en communauté, sans problème financier, sous la houlette de celui qui, de plus en plus souvent, se présente comme la réincarnation de Jésus-Christ.

Mais, en Californie, les familles des colons s'inquiètent. Certains sont partis pour Jonestown contre leur gré. On parle d'enlèvements. Des parents spoliés d'un héritage escompté évoquent des legs arrachés sous la contrainte.

Flagellation

Surtout, les transfuges décrivent Jonestown comme un véritable camp de concentration. Jim Jones inflige à ses fidèles des séances de flagellation collective. Pour une peccadille, pour un manque d'ardeur au travail, on est fouetté en public par les gardes du Révérend. Pour avoir prise sur les individus, Jim Jones contraint les hommes à avoir des relations sexuelles ou encourage, voire ordonne, l'adultère. Le seul être que l'on doit désirer, c'est le Révérend lui-même, qui use d'un véritable droit de cuissage sur les garçons et les filles de sa petite communauté.