Enfin, le 4 juin, le Sénat, par 77 voix contre 13, autorise Carter à prendre par arrêté diverses mesures d'économie d'énergie, mais met son veto à une politique plus draconienne qui comporterait, par exemple, la fermeture des stations d'essence deux jours par semaine.

Entre-temps, le président a rappelé, le 10 avril, que, en dépit de l'accident survenu à la centrale de Three Mile Island, il n'est pas question de renoncer à l'énergie nucléaire qui pourvoit à 15 % des besoins énergétiques du pays.

Retour de l'inflation

Le deuxième plan énergétique de Carter comporte bien entendu un risque majeur : celui d'aggraver l'inflation. Or, l'inflation s'est accélérée de façon préoccupante depuis le début de l'été 1978. Les directives rendues publiques le 24 octobre et qui visent à limiter la hausse des prix à 5,75 % et celle des salaires à 7 %, sans retour à des mesures de contrôle, n'ont guère eu les effets escomptés. L'inflation a atteint un rythme annuel de 8,5 % au quatrième trimestre (au lieu de 7,6 % au trimestre précédent). Au cours des trois premiers mois de 1979, le pays retrouve l'inflation à deux chiffres, qu'il n'avait plus connue depuis 1974 : la flambée des prix atteint la cadence de 13 %, contribuant notamment à perturber les négociations salariales et faisant oublier les résultats positifs obtenus dans d'autres batailles (de juillet à avril, le taux de chômage est tombé de 6,2 % à 5,8 %).

En outre, l'inflation annule en partie les allégements d'impôts votés par le Congrès. Perceptible dans tous les sondages, l'inquiétude des Américains se traduit par une véritable révolte des contribuables lors des élections du 7 novembre. Ainsi, des textes prévoyant de strictes limites fiscales sont approuvés par référendum dans une dizaine d'États. De même, un mouvement d'opinion se développe en faveur d'un amendement de la Constitution qui interdirait tout déficit budgétaire. À cet égard, Carter adresse le 22 janvier au Congrès un projet de budget pour 1980 qui réduit sensiblement les dépenses publiques et ramène le déficit de 66 à 29 milliards de dollars.

24,7 millions de pauvres

Une étude du département du Commerce publiée en août 1978 indique que le nombre des pauvres a continué de diminuer aux États-Unis en 1977, mais moins rapidement qu'en 1976. Selon ce rapport, 24,7 millions de personnes, soit 11,6 % de la population, vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 1977, au lieu de 25 millions en 1976 et 25,9 millions en 1975. Le seuil de pauvreté correspondait en 1977 à un revenu annuel de 6 191 dollars pour une famille de quatre personnes, le revenu moyen annuel des Américains atteignant 16 010 dollars.

Difficultés du dollar

Tout en luttant contre la hausse des prix, Carter doit s'employer à défendre le dollar. À partir du mois d'août 1978, l'augmentation du déficit de la balance commerciale des États-Unis provoque, en effet, un vif recul de la monnaie américaine sur les places financières internationales. Le scepticisme qui accueille le plan anti-inflation du 24 octobre s'accompagne d'une nouvelle chute du dollar. Mais celui-ci se redresse spectaculairement le 1er novembre après l'annonce d'un plan de sauvetage, qui comporte la constitution d'un fonds d'intervention de 30 milliards de dollars, destiné à assurer la défense de la devise américaine et une forte augmentation du taux de l'escompte qui passe de 8,5 % à 9,5 %, son plus haut niveau historique.

Par la suite, le raffermissement du dollar se confirme, en dépit de certains accès de faiblesse dus aux aléas de la situation internationale.

Le président Carter a tout lieu, d'autre part, de se féliciter des accords intervenus le 12 avril à l'issue des négociations du Tokyo Round qui ouvrent, dit-il, « de plus grandes perspectives pour les exportations, avec, pour corollaire, la création de nouveaux emplois, une meilleure productivité et un accroissement des productions industrielle et agricole ».

Plus de 200 référendums

Les Américains sont appelés, le 7 novembre 1978, dans 38 États à se prononcer par voie de référendum sur une série de textes législatifs qui suscitent souvent plus d'intérêt que les élections des représentants locaux et nationaux. C'est la première fois depuis trente ans qu'un tel nombre d'initiatives légales et de propositions d'amendements constitutionnels — on en a dénombré plus de 200 — est soumis au suffrage des électeurs. Une bonne partie de ces scrutins porte sur des projets de réduction d'impôts. Mais la plupart ont trait aux sujets les plus divers. Les résultats traduisent souvent le regain d'un certain conservatisme dans l'opinion. Dans le Massachusetts, par exemple, les électeurs expriment leur refus du transport des écoliers pour assurer l'intégration raciale (busing) ; en Virginie, dans le New Jersey, à Miami (Floride), ils refusent la législation des jeux et des paris ; en Californie, ils se prononcent pour le maintien de la peine de mort ; dans l'Oregon, pour son rétablissement. Cependant, 55 % des Californiens rejettent une proposition qui aurait interdit l'accès de l'enseignement aux homosexuels.

219 874 966 Américains

Selon les services du recensement du département du Commerce, la population américaine s'est accrue de 1,7 million de personnes en 1978 et atteignait 219 874 966 personnes au 1er janvier 1979. Le nombre des jeunes âgés de moins de 18 ans s'élevait à cette date à 62 929 000.

Des élections sans surprise

Le 7 novembre 1978, dans un climat dépourvu de toute passion, un peu plus de 57 millions d'Américains se rendent aux urnes afin de renouveler la totalité des 435 sièges de la Chambre des représentants, 35 sièges de sénateurs sur 100, 36 des 50 gouverneurs. Ils ont également à pourvoir des milliers de postes administratifs et législatifs locaux. Dans de nombreux États, les électeurs sont invités en outre à se prononcer par référendum sur divers textes législatifs qui, très souvent, ont trait à des projets de réduction des impôts.