Pour la zone minière, une ligne spéciale est inscrite dans le budget de 1978 avec des engagements très précis pour la voirie et la réhabilitation des cités. D'autre part, le gouvernement autorise la région à faire un emprunt de 200 millions (qui lui sera remboursé par la SNCF ultérieurement), dans le but de passer commande de wagons de voyageurs (et donc de maintenir le niveau de l'emploi) dans les usines de matériel ferroviaire du Valenciennois. Derniers volets : le gouvernement donne le feu vert pour lancer des centres de recherche et pour financer des centres culturels ainsi que des centres d'art dramatique.

Un échec cependant : les régions ne doivent pas voter des crédits correspondant à d'importantes dépenses de fonctionnement, dit Raymond Barre.

D'autres régions interviennent de manière différente dans le développement économique régional et dans le sauvetage de l'emploi. L'Aquitaine a créé un fonds régional de l'emploi et attribue, par exemple, une aide de 200 000 F à la ville de Dax.

Dans le Centre, toute entreprise nouvelle peut bénéficier d'une prime régionale d'installation.

En Picardie, le conseil régional finance des équipements touristiques à la campagne (terrains de camping, gîtes ruraux, bureaux d'accueil) pour 850 000 F, attribue un crédit de 70 000 F à l'hôtellerie rurale et un autre de 300 000 F pour l'édition de documents publicitaires.

En général, toutefois, les établissements publics régionaux n'ont guère bénéficié de nouveaux pouvoirs transférés par l'État. Certes, ils interviennent plus directement pour l'établissement des schémas de transport des voyageurs, pour la mise en œuvre des contrats de pays et, dans le Languedoc-Roussillon, par exemple, pour la modernisation des routes et du réseau de voies navigables. Mais dans le domaine de l'emploi et de la définition des priorités industrielles régionales par exemple, il arrive qu'ils ne soient même pas associés aux décisions de l'État ou des grandes entreprises nationales (sidérurgie lorraine, nucléaire). Ce ne sont pas les décrets de septembre 1977 les autorisant à garantir des prêts, à participer à des sociétés de caution mutuelles ou à attribuer certaines primes qui leur permettront de conduire une politique économique propre.

À un triple titre, 1978 est une année importante pour l'aménagement du territoire. La Datar a fêté son quinzième anniversaire Mais, surtout, le président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, est venu en personne célébrer cet important événement. « Le bilan de la politique d'aménagement du territoire est largement positif », proclame le chef de l'État, « la boulimie parisienne a été freinée, l'isolement de la province est rompu. Aider et développer les régions les plus déshéritées est un impératif de justice. »

Enfin, François Essig, entré à la Datar il y a plus de douze ans, s'en va en avril 1978 et est remplacé par André Chadeau, jusque-là préfet du Nord-Pas-de-Calais.

Les régions les plus défavorisées, c'est d'abord et surtout un vaste ensemble de zones rurales où les activités traditionnelles périclitent, où la terre tombe en friche, où les jeunes ne trouvent ni emploi ni motif d'espérer dans l'avenir.

Un plan de revitalisation du monde rural est mis en chantier. Les schémas d'aménagement des Alpes du Sud, du Jura, des Vosges, des Pyrénées et des Alpes du Nord sont adoptés. Dans 350 cantons qui sont reconnus défavorisés par les instances communautaires de Bruxelles et qui comptent moins de 20 habitants au kilomètre carré, des aides spéciales rurales sont accordées à toute personne qui crée des emplois salariés non agricoles. Ce système, souple et simple, se révèle efficace. En un an, les préfets ont accordé 1 168 décisions positives, débouchant sur la création de 4 315 emplois.

C'est peu globalement, mais il faut savoir que dans tel ou tel canton de montagne, la création de 10 à 15 emplois peut signifier l'installation de 10 à 15 familles, donc permettre le redémarrage de l'économie locale.

On s'attache aussi à enrayer le mouvement de suppression des services publics en zone rurale. Quatre départements témoins sont retenus : la Haute-Loire, l'Ariège, l'Aude et la Meuse. On veut développer la polyvalence des services publics. Ainsi, demandera-t-on à la Direction des impôts d'accomplir d'autres fonctions que les opérations fiscales. Il en va de même pour le service des messageries Sernam, pour les guichets de la Sécurité sociale, pour les agences locales de l'emploi. Les cars de ramassage scolaire pourront aussi prendre d'autres usagers que les écoliers.