Armée

La politique de défense et les forces d'intervention

Le président de la République, chef des armées, en demandant au commandement français que les forces d'intervention extérieures soient les « vedettes » du défilé militaire du 14 juillet 1977 à Paris, souhaitait ainsi mettre à l'honneur une partie des unités qui avaient apporté leur aide au Zaïre, en avril 1977, en transportant des détachements marocains.

Depuis la suggestion — rejetée à l'époque — de la France d'envoyer une force de contrôle au Liban en 1976 et avec le pont aérien au Shaba, la doctrine militaire française s'est infléchie progressivement vers la mise sur pied d'unités classiques mobiles et polyvalentes pour le combat éventuel en Europe du Nord, en coopération ou non avec les alliés de l'Otan, ou pour l'action extérieure.

Installées en permanence au-delà des mers ou expédiées au coup par coup, ces forces interarmées d'intervention ont reçu du chef de l'État pour consignes générales « d'assurer la sécurité des départements et territoires d'outre-mer » et « d'être capables d'actions extérieures de formes diverses, soit qu'il s'agisse de participer à des missions de présence à la demande d'organisations internationales ou à la requête des États impliqués, soit qu'il faille apporter une assistance militaire et technique à des États menacés ».

Points chauds

Les circonstances ont voulu que ce dispositif soit mis à l'épreuve en plusieurs endroits du globe au début de 1978, sur l'initiative de Valéry Giscard d'Estaing.

C'est ainsi que, tour à tour, des unités de la 11e division parachutiste, dont le PC est à Toulouse, et de la 9e division d'infanterie de marine, dont le commandement se trouve à Saint-Malo, sont envoyées en avril 1978 au Liban, pour constituer le contingent français des Casques bleus de l'ONU, et en Mauritanie, au Zaïre ou au Tchad (à partir de janvier) pour y servir de soutien ou d'appui aux forces locales affrontées à une agression extérieure ou à une forte rébellion interne, selon les cas.

L'armée de l'air, avec ses avions de transport Transall et ses Jaguar, et la Légion étrangère forment le fer de lance de ces interventions.

Dans le même temps, le commandement tente d'adapter son dispositif d'action extérieure à toutes les hypothèses d'une intervention outremer qui seront retenues par le gouvernement. Ces aménagements techniques vont dans le sens d'une professionnalisation accrue des unités engagées et d'un développement des moyens de transport aérien, avec la décision de lancer la fabrication de nouveaux avions Transall, qui seraient ravitailleurs et ravitaillables en vol pour allonger leur rayon d'action.

Les états-majors, pour se justifier, expliquent volontiers que ces actions, notamment en Afrique, ont pour objectif de protéger les intérêts, voire la vie des ressortissants français. Accessoirement, ces interventions servent à des gouvernements alliés menacés à mieux se placer pour négocier de nouveaux arrangements avec leur dissidence interne, et elles permettent à des armées régulières, défaites ou notoirement insuffisantes, de se reconstituer.

Enfin, les états-majors ont fait valoir que si la France donne l'impression d'intervenir plus souvent depuis 1976, c'est parce que l'effacement progressif de la présence américaine ou européenne en Afrique crée, face à une pénétration multiforme des Soviétiques appuyée sur une légion étrangère cubaine, les conditions d'une grave déstabilisation internationale.

Nucléaire

L'accent mis sur les forces classiques le serait, dit-on dans l'opposition, au détriment du dispositif nucléaire. Paradoxalement, les partis de gauche, le PCF en particulier, justifient leur ralliement récent (Journal de l'année 1976-1977) à la dissuasion par la faiblesse actuelle des forces classiques que la réforme de l'armée de terre, inspirée par le général Jean Lagarde, ne suffirait pas à dissimuler.

Au Parlement, le ministre de la Défense, Yvon Bourges, s'étonne d'un tel jugement. Le 9 novembre 1977, devant les députés qui examinent le budget militaire pour 1978 d'un montant total de 67 654 millions de F (en augmentation de 16,45 % sur celui de 1977), le ministre de la Défense rappelle que le tiers des dépenses d'équipement ira à l'armement nucléaire, stratégique et tactique. L'accent est mis, toujours selon Y. Bourges, sur la conception d'un projet de satellite d'observation militaire.