Le débat entre le gouvernement et l'opposition, sur ce point précis, ne peut aller très loin. Les partis de gauche sont, en effet, très divisés sur le problème de la défense nucléaire.

Opposition

Refusant la conception communiste de la stratégie tous azimuts qui pourrait entraîner un pointage simultané des missiles nucléaires français sur les États-Unis et l'Union soviétique, les socialistes accusent leurs partenaires du programme commun de préconiser un programme nucléaire et spatial qui s'éloigne des thèses de la gauche unie de 1972 et qui traduit, surtout, une stratégie de la sécurité nationale proche de celle des forces du pacte de Varsovie.

À quoi les communistes ont beau jeu d'observer que la Convention nationale du PS, les 7 et 8 janvier 1978 à Paris, n'est pas parvenue à lever les ambiguïtés des socialistes sur la défense et l'arme nucléaires. À l'issue de leurs travaux, les socialistes ont approuvé une motion qui fixe comme objectif à un gouvernement de gauche la renonciation à l'arme nucléaire française, mais qui conserve ce même armement en état, en attendant la perspective d'un désarmement général en faveur duquel ils entendent mener une vigoureuse action.

« C'est une synthèse de carton-pâte. Nous sommes au comble de l'ambiguïté et de l'incohérence », dira Jean-Pierre Chevènement, député socialiste de Belfort et l'un des dirigeants du Ceres (l'aile gauche du PS) les plus partisans du développement nucléaire à côté d'une dissuasion populaire.

Majorité

Dans la majorité aussi il existe quelques divergences de points de vue sur la Défense nationale. Michel Debré, critiquant la décision gouvernementale de reporter la construction d'un sixième sous-marin à propulsion nucléaire du type le Redoutable, dénonce, le 19 novembre 1977 au Palais-Bourbon, la conjuration des partisans d'une défense classique intégrée dans le cadre de l'Otan. Le RPR, qui se veut le parti de la fidélité au général de Gaulle, propose l'institution de forces techniciennes de volontaires et la réduction du service militaire obligatoire.

Il n'est pas jusqu'au parti radical dont la commission d'études des problèmes ce défense ne soit désavouée par le président du parti, Jean-Jacques Servan-Schreiber, après qu'elle se soit prononcée pour la fabrication de « grandes quantités d'armes atomiques de tous modèles ».

Élysée

Malgré ces remous, le président de la République intervient au Conseil des ministres du 25 janvier 1978, pour considérer que « l'opinion française a approuvé la politique de défense » et pour demander que « tout en complétant la réalisation de ce qui est prévu pour les dix années à venir, les responsables de la défense poursuivent leurs études sur ce que devront être nos armées dans les années 1990-2000, compte tenu de révolution mondiale prévisible ».

Les directives du chef de l'État visent, essentiellement, à définir l'avenir des programmes nucléaires de la fin du siècle et à fixer l'avenir de la marine de guerre.

S'adressant, le 7 novembre à Brest, aux élèves de Navale en partance pour leur traditionnelle croisière autour du monde, le président Giscard d'Estaing avait pu mesurer l'inquiétude des jeunes officiers de marine face à une forte diminution prévue du tonnage de la flotte de combat (environ 170 000 t en 1985, non compris les sous-marins nucléaires) à l'heure où, paradoxalement, le nombre des missions s'est considérablement accru avec, en particulier, le contrôle de la zone économique portée à 200 milles nautiques (370 km) et spécialement la lutte contre la pollution.

Au centre des réflexions figure la question très importante des bâtiments porteurs d'avions ou d'hélicoptères, qui ne sont pas obligatoirement les porte-avions mais qui peuvent être des croiseurs disposant d'un pont d'envol pour des appareils à décollage et atterrissage verticaux. L'état-major de la marine a fait savoir, dès le début de 1978, qu'il souhaitait mettre en ligne trois porte-aéronefs à propulsion nucléaire à partir de 1982 pour remplacer les Foch, Clemenceau et Jeanne-d'Arc actuellement en service.