Dossier

Les revenus des Français, une réalité complexe et difficile à cerner

Les revenus, en France, sont mal connus. Les renseignements dont on dispose sont souvent incomplets, disparates ou anciens. Le Centre d'étude des revenus et des coûts, à la demande du Premier ministre, Raymond Barre, a tenté de résoudre cet épineux problème. Son rapport Revenus des Français est publié le 22 novembre 1977. Celui-ci est loin de proposer une solution satisfaisante. C'est une première approche, et, tout au long des 308 pages de cette étude, les auteurs signalent toutes les informations qui leur manquent.

Le CERC analyse, graphiques et statistiques à l'appui, les différents types de revenus (salaires, bénéfices d'entreprises, revenus de la propriété), sans oublier les revenus sociaux (prestations diverses, allocations familiales, pensions, etc). Le jeu de la redistribution, après prélèvement d'impôts et cotisations, modifie le revenu disponible et par là même réduit en partie les inégalités. Ainsi, le revenu brut annuel moyen des inactifs (20 500 F) passe après transfert à 41 000 F ; celui des ouvriers (68 000 F) avoisine 54 500 F. Chez les cadres moyens le revenu brut de 92 000 F tombe à 69 300 F et passe de 159 000 F à 100 500 F chez les cadres supérieurs.

Il n'est pas possible, ici, d'analyser les différents types de revenus. On a choisi de donner un aperçu chiffré du salaire moyen qui, de tous les revenus, est le mieux connu et qui est une des ressources essentielles des ménages.

Les chiffres mentionnés dans les graphiques ci-dessous permettent de constater qu'un écart important existe encore entre les différentes catégories de salariés. Un ouvrier gagne 4 fois moins qi'un cadre supérieur et environ 10 % de moins qu'un employé.

Les travailleurs indépendants sont-ils plus riches que les salariés ? Apparemment oui, mais là aussi les moyennes sont trompeuses. Entre les différentes professions comme à l'intérieur d'une même profession, les écarts sont importants. De plus, le bénéfice rétribue généralement les aides familiaux (la femme de l'artisan ou du commerçant, par exemple).

La lecture du graphique Répartition des salaires selon l'emploi amène à deux constatations : d'une part, les plages de salaires empiètent largement les unes sur les autres ; d'autre part, les inégalités au sein d'une même catégorie restent sensibles.

Le pouvoir d'achat des Français, en plus de vingt ans (1955-1976), n'a cessé de croître (3,8 % en moyenne par an). La tendance au resserrement de l'éventail des salaires est mise en évidence dans Variations des inégalités. De 4,2 % en 1967, l'écart est tombé à 3,7 % en 1977.