Partisan d'une coexistence pacifique entre Israéliens et Palestiniens, il serait l'artisan, avec Nahum Goldman, ancien président de l'Agence juive internationale, et Pierre Mendès-France, des rencontres secrètes israélo-arabes qui auraient contribué, dit-on, au rendez-vous historique Sadate-Begin.

En juin 1976, l'homme tranquille de la rue Rollin est placé sous les feux de l'actualité ; un article du Point le décrit comme le « patron des réseaux d'aide au terrorisme international » et son appartenance au KGB est évoqué.

Un mois après l'assassinat d'Henri Curiel, à la fin de juin 1978, l'enquête policière ne semble pas avoir fait le moindre progrès. Un autre attentat est resté lui aussi sans réponse. Celui de François Duprat, théoricien du mouvement d'extrême droite Front national, assassiné le 18 mars, au volant de sa voiture, sur la route de Caudebec (Seine-Maritime) par une bombe télécommandée.

Les trois explosions de la rue Raynouard

Il fait froid et sec à Paris en ce début d'après-midi du 17 février 1977. Rue Raynouard, à deux pas de la Maison de la radio, une file de voitures attend au feu rouge, des passants descendent d'un pas pressé vers les commerces de la rue de Boulainvilliers.

Soudain, un énorme bruit, sourd, profond. Des blocs de pierre sont projetés avec une violence inouïe sur la rue, écrasant les voitures, fauchant les piétons. En quelques secondes, c'est une vision d'apocalypse. Le sol est jonché de gravats, des passants courent en hurlant ; on se précipite vers les blessés. Il est 15 h 25. L'immeuble qui fait l'angle avec la rue du Colonel-Bonnet est littéralement éventré. Les plafonds des trois premiers étages ont disparu, pulvérisés par l'explosion. Les blocs de pierre de taille sont disjoints, le feu commence à prendre.

Très vite, les pompiers sont sur place, on commence par évacuer les blessés. La foule s'agglutine, mal canalisée par des policiers débordés.

Et, à 15 h 58, c'est la seconde explosion. Cette fois, c'est le bel immeuble du début de l'avenue de Lamballe qui est soufflé. Des badauds sont à leur tour fauchés. Les secours reprennent à peine que, peu après 16 heures, une troisième explosion secoue le quartier, un peu plus bas dans l'avenue de Lamballe. Trois curieux sont tués sur le coup par les débris projetés par le souffle.

Au total, 12 personnes sont tuées et 60 blessées. Dans la soirée, trois fois encore des poches de gaz exploseront dans les égouts, alors que le quartier, évacué, est plongé dans le noir. Les habitants — un millier environ — sont logés provisoirement dans les grands hôtels de la capitale. Ils rentreront chez eux trois jours plus tard.

L'enquête établira que c'est une fuite sur une canalisation principale, sans doute affaiblie par un glissement de terrain, qui est à l'origine des explosions. Le gaz s'est accumulé dans les égouts, dans les caves, se propageant de sous-sol en sous-sol, transformant les immeubles en véritables bombes et explosant au contact de l'oxygène de l'air. Il faudra reconstruire au moins deux des immeubles touchés. Selon une première estimation, les dégâts s'élèvent à 85 millions de F.

Le camion-tirelire

À midi, le 28 juillet 1977, en gare de Paris-Lyon, un train arrive de Bordeaux avec un container rempli de pièces de 10 F. Il y en a pour 17,5 millions.

Chargé sur un camion loué par la SNCF, ce coffre-fort de 30 m3 prend la direction de la Banque de France sans escorte. Mais, quelques minutes plus tard, quai de Bercy, quatre hommes armés s'emparent du camion-tirelire ; un hold-up hors série, sans bavure. Le camion est retrouvé le 1er août, vide, à Villejuif. En octobre, la police récupère 3 000 pièces dans un garage à Paris, chez un certain Michel Babikian, qui déclare les avoir achetées au prix de 6,75 F l'unité.

Un mois plus tard, en Seine-et-Marne, au cours d'une perquisition chez un de leurs clients soupçonnés de proxénétisme, deux inspecteurs découvrent 39 sacs à la marque de la Banque de France et contenant 1 300 000 F en pièces de 10 F.

Deux autres receleurs sont arrêtés dans le Midi : ils avouent avoir acheté 25 000 pièces à 8 F l'unité. Et bientôt tous les membres du gang sont sous les verrous.