Dans un marché en évolution, il défriche toujours. L'enfant Soimaud (Klimager's) est bien planté, libre, dans un vêtement adapté à sa morphologie, à ses besoins. La matière (velours, toile de bâche, drap), la couleur, le bon contact, la lavabilité, le prix sont les autres critères d'une recherche logique et exigeante, qui passe au crible les idées et les formes. Il s'est trouvé un homme de l'industrie pour partager cette conception ; de 1,5 à 2 millions de pièces par an habillent le monde des écoliers.

Jean-Claude de Luca

Cet homme du Sud, né en Espagne après la guerre, étudiant en Italie où il devient docteur en droit, se sert du tweed irlandais comme personne. Avec lyrisme, il le fronce, le plisse, le modèle et l'exalte, étoffe largement ses jupes, superpose vestes et paletots. À des matériaux classiques, il dédie ainsi des formes nouvelles.

À ses débuts en France, Jean-Claude de Luca a travaillé chez Givenchy, creuset d'une élaboration raffinée et savante. Mais, de son passage à la Scala de Milan, où il dessinait des costumes, il lui reste le sens du spectacle, l'habileté à agencer des volumes qui défient le mouvement.

Karl Lagerfeld

Amateur d'art, homme du monde, portant à l'occasion barbe, monocle, gants blancs, Karl Lagerfeld ne vit pas sans légende. Écolier à Hambourg, adolescent à Paris, il a parcouru le monde, vivant la mode et les modes, le décor comme le vêtement. Lauréat d'un concours organisé par le Secrétariat international de la laine, il est entré chez Balmain avant d'être majeur. Directeur artistique de Patou à 21 ans, il a trouvé dans le prêt-à-porter, au cours des années 60, un moyen d'expression plus conforme à ses vœux. Esthète nostalgique, familier de la princesse Palatine, héroïne du XVIIIe siècle dont il contera un jour l'histoire, Karl Lagerfeld enveloppe la femme des atours les plus flatteurs. Sous les volants et les fronces, sous le domino de soie, il lui rend un corps fantasque, encensé d'un parfum unique, aux senteurs de tubéreuse, Chloé, exclusif comme sa robe.

Gavroche en tête

350 casquettes vendues en une semaine dans un grand magasin parisien... D'où vient le vent ? Anne d'Angleterre, du côté des écuries royales, porte la casquette aussi crânement que la bombe. Comme elle, lycéennes, étudiantes, chevauchant leurs vélomoteurs, se coiffent de tweed ou de velours.

Surprise : des bijoux assaisonnent cet attirail viril ; clip au revers, pendants aux oreilles. Et la passementerie prend du galon. Pompons, lacets ou torsades, elle se vend au mètre et même par kilomètres. La cordelière remplace le sautoir, la pampille devient pendentif. Au pied de la mode, après les sabots et les bottes, des talons aiguilles plus perçants et plus fins que jamais.