Aucun changement dans l'enseignement professionnel court, pour l'instant, sinon que les collèges techniques sont rebaptisés lycées d'enseignement professionnel (LEP). On continue les expériences de contrôle continu de l'enseignement commencées en 1973.

Dans le premier cycle, seules les deux premières années sont au point. Pour les quatrièmes et les troisièmes, on connaît seulement des programmes. Une formule provisoire est prévue à partir de la rentrée 1978 pour les classes préprofessionnelles de niveau (CPPN) et les classes préparatoires à l'apprentissage (CPA) qui accueillent les élèves dont la formation est incomplète ou qui ne peuvent suivre, pense-t-on, des études à plein temps : elles pourront durer deux ans ; les CPA fonctionneront donc en alternance, les élèves passant une semaine à l'atelier pour deux semaines au collège.

Soutien

En sixième même, la réforme est inégalement appliquée. Les effectifs des classes, la répartition des élèves, les programmes ont changé, mais il en va différemment de la pédagogie. En particulier, le soutien aux élèves faibles — compensé par un approfondissement destiné aux bons élèves —, qui doit occuper un cinquième de l'horaire de français, un tiers de l'horaire de langues et de mathématiques, est très diversement appliqué. La Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (présidée par le Dr Lagarde) estime qu'il ne l'est vraiment que dans un tiers des collèges, le Syndicat national des lycées et collèges (affilié à la CGC) évalue la proportion à 42 %.

En janvier 1978, une circulaire ministérielle menace de sanctions les professeurs qui refusent d'appliquer le soutien, conformément à des consignes du Syndicat national des enseignants de second degré ou du SNI (affilié à la FEN).

Cette diversité découle, pour une part, du recrutement des collèges. Mais elle provient aussi de l'état d'esprit des enseignants : beaucoup d'entre eux gardent la nostalgie d'un enseignement secondaire n'accueillant que les bons élèves. Le soutien leur semble accessoire. Or, le ministre met en place une formation limitée (sessions de quelques jours), insuffisante même pour de nouveaux programmes comme ceux de physique, a fortiori pour préparer tous les enseignants à enseigner à tous les enfants dans des classes indifférenciées.

Dans l'enseignement primaire, les instituteurs disposent, depuis 1972, d'une formation permanente régulière (trente-six semaines sur toute la carrière d'un instituteur). C'est l'animation pédagogique qui fait défaut.

Formation

Pour l'avenir, la formation des maîtres n'est pas encore définie : elle figure parmi les objectifs prioritaires retenus dans le programme de Blois du gouvernement Barre pour la prochaine législature. René Haby annonce, le 15 février, une « préparation universitaire ». Les professeurs certifiés recevraient une année de formation pédagogique et feraient un an de stage pratique après avoir réussi le concours de recrutement. Là encore, les projets du ministre ont été gênés par le désaccord avec le secrétariat d'État aux universités et les universitaires (le ministre de l'Éducation entendait garder la responsabilité de la formation des professeurs).

René Haby se proposait aussi de réorganiser la formation des instituteurs, remise en question par les élèves des écoles normales eux-mêmes : avant les vacances de Pâques 1978, une dizaine d'écoles sont touchées par des grèves, plusieurs sont occupées. Les élèves, recrutés en théorie après le baccalauréat, ont souvent fait d'autres études ; ils souhaitent que le certificat de fin d'études soit attribué sur contrôle continu et non sur examen.

Enfin, une réorganisation de la semaine scolaire, prévue pour assurer un temps pour les activités éducatives à côté des activités proprement scolaires, reste en panne, de même que l'allongement projeté de l'année scolaire — dès 1978, le baccalauréat devait se terminer le 15 juillet et non plus le 1er juillet. On ne parle plus non plus de la réduction à cinquante minutes de la durée des cours, projet qui a fort irrité les enseignants à la rentrée 1977.

Le dossier scolaire

L'affaire de l'année, celle qui soulève des passions, c'est la création par le ministère de l'Éducation d'un dossier scolaire unique pour tous les élèves, de la maternelle au baccalauréat ou au CAP. À peine publié au début de septembre 1977, le dossier rencontre une vigoureuse opposition.