Journal de l'année Édition 1977 1977Éd. 1977

Sports

Les XVIIIe Jeux olympiques de Montréal

Munich avait été un drame humain déchirant.

Montréal (XXIe olympiade) s'en est ressenti, quatre ans plus tard. Le Québec a offert un visage crispé à des hôtes qu'il devait accueillir, mais aussi qu'il devait protéger. Les Allemands, en 1972, s'étaient efforcés de mettre en place un service d'ordre discret. Les Canadiens, en 1976, au contraire, hantés par la fusillade sanglante de Munich, ont déployé, par précaution, leurs forces de police comme force de dissuasion.

Sur le terrain, tout s'est déroulé normalement, sans incident notoire.

Mais, en coulisse, il en fut autrement.

L'un des cinq anneaux, celui qui symbolise le continent africain, était déjà détaché de la fresque olympique, avant l'ouverture des Jeux.

Les délégations africaines, à l'exception du Sénégal et de la Côte-d'Ivoire, ont obéi aux recommandations de l'OUA (Organisation de l'unité africaine), en quittant Montréal pour protester contre la décision du CIO (Comité international olympique) de ne pas exclure la Nouvelle-Zélande, accusée d'entretenir des relations sportives coupables avec l'Afrique du Sud, excommuniée de l'olympisme pour son apartheid.

Ce ne fut pas le seul problème politique. Les Asiatiques ont eu leur affaire. Les Chinois de Formose ont déserté, eux aussi, parce que le gouvernement canadien n'avait pas accepté leur inscription sous la dénomination de République de Chine, reconnue imprudemment par le CIO. C'est la cause de l'abstention prolongée de la République populaire de Chine, qui pose comme condition à son adhésion au CIO l'exclusion de Formose. Le Canada, engagé comme pays organisateur à inviter et à accepter toutes les nations affiliées au CIO, n'a donc pas respecté par son refus (pour des raisons diplomatiques qui lui sont propres) le contrat olympique. Le CIO était en droit de sévir. Il a préféré s'incliner devant la position canadienne ; il n'a pas, cependant, cédé aux revendications des pays africains, au risque de créer une scission.

Cette brèche dans le contrat olympique suscite des inquiétudes pour Moscou, ville des prochains Jeux, bien que Vladislas Chevtchenko, membre du comité organisateur des Jeux de Moscou, ait affirmé et répété : « Tous les pays, je dis bien tous les pays, reconnus par le CIO seront invités en 1980. » Soixante-dix-sept nations sont membres du CIO. Montréal a vécu, en quelques semaines de la fin juillet 1976, ses jours les plus glorieux et les plus fastueux. Depuis, il convient de faire face (et pour longtemps) à la coûteuse ambition de Jean Drapeau, maire de la ville. Sa seule volonté a fait de Montréal une capitale des Jeux, alors que rien ne destinait cette cité moderne à une vocation olympique. Elle ne connaissait pas et ne pratiquait guère les sports amateurs. Elle se passionnait surtout pour le hockey sur glace et le base-ball. Jean Drapeau a été sincèrement convaincu de faire œuvre éducative. En ce domaine, il a peut-être fait un bon calcul. Mais il a mal fait ses comptes en établissant son budget.

Accédant au pouvoir de la province du Québec, en novembre 1976, donc quelques mois après les Jeux. René Levesque et le parti québécois ont hérité de 800 millions de dollars environ de déficit, à éponger en cinq ans.

Au départ, le maire, Jean Drapeau, avait prévu un budget olympique de 310 millions, couverts par autofinancement. L'inflation a fait monter les dépenses à plus d'un milliard de dollars. Le complexe prévu pour 185 millions, à lui seul, a dépassé le milliard. Le stade de 70 000 places pas terminé, il fallait encore dépenser 137 millions pour le coiffer de son toit mobile qui le rendra réutilisable l'hiver. Qui aurait pu penser que le chantier olympique deviendrait une arène politique et un forum syndical, où s'exerceraient de fructueux chantages ? Les entrepreneurs en ont profité pour surestimer leurs devis. Ce furent aussi les Jeux du gâchis. Le gigantisme, si souvent dénoncé, n'a pas été enrayé au Canada. Le sera-t-il à Moscou ? C'est peu probable. La sagesse sera de revenir aux sources. En fixant définitivement et régulièrement les Jeux à Olympie, avec un financement international.

Athlétisme

Championnats de France
(Lille, 25-27 juin 1976)

Sur le nouveau stade de Lille, les championnats de France prennent des allures internationales avec la présence de quelques champions étrangers. Les forces et les faiblesses de l'athlétisme français sont mises en évidence ; il demeure inexistant dans les lancers, très faible en demi-fond et sur 400 m, moyen en sprint. Le saut, en revanche, vaut à quelques individualités d'établir de bonnes performances. Ainsi, profitant de circonstances idéales, et notamment d'un vent arrière sensible, Jacques Rousseau, après avoir sauté 8,37 m en longueur dans des conditions irrégulières (vent supérieur à 2 m/seconde), porte son record de France à 8,26 m.

Hommes

100 mètres : 1. Chauvelot 10″ 30 ; 2. Micha (B) 10″ 34 ; 3. Amoureux 10″ 39.