Au fond, Beaubourg, c'est un peu comme le cendrier de bronze poli dans lequel le sculpteur César a imprimé l'effigie de Mao Tsé-toung et que son éditeur présente ainsi : « 49 % l'utilisent comme une icône, 51 % comme un cendrier. »

Paris-New York
(Centre Georges-Pompidou, 1er juin - 19 septembre 1997)

Paris serait-il de nouveau, comme disait Hemingway, une fête ? Cette rétrospective de cinquante années de concurrence culturelle rappelle, non sans malice, que la peinture new-yorkaise est née quelque part entre le Dôme et la Coupole. Mais elle a le bon goût de noter que les peintres parisiens des années folles voyaient, dans leurs ateliers, plus souvent les collectionneurs américains que les conservateurs des musées nationaux. L'exposition Paris-New York fera peut-être comprendre aux Français, devant les merveilleux Pollock, Rothko et autres Kline, qu'un bon peintre n'est pas nécessairement un peintre mort. (L'Armory Show, New York, févr.-mars 1913 — Musée National d'Art Moderne, 3e étage du Centre Georges-Pompidou).

Henry Moore
(Orangerie des Tuileries, 7 mai - 29 août 1977)

Quand on professe l'universalité et le classicisme, cesse-t-on de les percevoir dès qu'ils sont pratiqués par un autre ? Cela expliquerait peut-être le médiocre succès que Henry Moore connaît en France, où l'on affecte même de préférer ses dessins, mises en scène préparatoires et surréalistes de ses sculptures, à ses variations continues sur le corps humain. Érigés dans un hiératisme totémique ou fragmentés en un abandon paysager, ses volumes « biomorphiques » unissent en une anatomie protectrice et nourricière des réminiscences cycladiques et précolombiennes, des silhouettes étrusques et des accents océaniens. (Redining figure, 1938, Museum of Modern Art, New York).

La peinture allemande à l'époque romantique
(Orangerie des Tuileries, 25 octobre 1976 - 28 février 1977)

Le romantisme est le premier sursaut de lucidité à l'égard de notre modernité. D'où, face à la bonne conscience réaliste, la vigueur des paysages symboliques de Caspar David Friedrich, où ciels et lumières luttent contre un réseau opaque de tentacules minérales ou végétales. (L'arbre aux corbeaux, Musée du Louvre).

Ventes

Le mince espoir d'une reprise du marché de l'art s'est dissipé dès la fin de 1976, lorsqu'il est devenu évident que la crise économique ne trouverait pas de solution avant longtemps. Les disponibilités financières ne sont pas sorties de leurs réserves pour activer le négoce des antiquités et des œuvres d'art, qui, comme l'ensemble des affaires commerciales, semble figé sous un lourd climat d'incertitudes politiques, économiques et sociales.

Un des effets indirects de la chute des valeurs boursières a été de provoquer quelques reports sur des biens artistiques représentant une valeur élevée sous un faible volume : argenterie, bijoux, pierres précieuses, boîtes en or, montres, miniatures, monnaies de collection, instruments scientifiques, livres rares, etc. Cette impression de malaise s'inscrit d'ailleurs dans les faits par une stagnation du chiffre d'affaires des commissaires-priseurs. Pour Paris, le produit des ventes de janvier 1976 à décembre 1976 s'est élevé à 506 millions de F, ce qui représente une légère augmentation par rapport à l'année précédente, particulièrement mauvaise.

L'application, à partir de janvier 1977, de la taxe sur les plus-values a sans doute contribué à décourager la reprise. Cette taxe est calculée sur le prix de vente pour les objets précieux d'un montant supérieur à 20 000 F. Elle est de 2 % si la vente est opérée aux enchères publiques et de 3 % chez l'antiquaire. Cette taxe est encaissée par les professionnels et reversée au Trésor, sauf si le vendeur fait lui-même une déclarations (la décision prise par le gouvernement Barre, le 6 avril 1977, de retarder l'application des plus-values ne concerne que les actions et obligations).

D'autre part, les antiquaires ont bénéficié d'une baisse de 2 % sur la TVA, qui s'est théoriquement répercutée par une diminution équivalente sur les prix de vente. Cette mesure a été de trop faible amplitude pour stimuler les achats.