Dès lors, une option fondamentale se présente en matière d'aménagement du territoire : la diffusion spatiale de la croissance. Celle-ci doit désormais s'appuyer sur un réseau de villes moyennes et petites constituant des bassins de main-d'œuvre et des points d'ancrage de la population rurale.

Il s'agit tout d'abord d'assurer un flux régulier de créations d'emplois, capable d'atténuer ou même de stopper le déficit migratoire de la région. Pour couvrir les besoins nés de la croissance démographique et pour maintenir dans la région les émigrants potentiels, 8 000 emplois devraient être créés chaque année jusqu'en 1981.

Cet objectif pourra être atteint en attirant des industries de croissance et, aussi, en assurant les conditions des unités de production existantes, ce qui « présuppose une action de formation professionnelle ».

Enfin, les responsables régionaux constatent que la Champagne-Ardenne est une région très sensible aux mouvements conjoncturels étrangers. « Cela tient, précisent-ils, au poids de l'Allemagne dans notre commerce international. Et cela tient aussi au fait que les principaux clients français de la région sont l'Alsace et la Lorraine, elles-mêmes très sensibles à l'évolution de la conjoncture outre-Rhin. »

Aussi, pour « atténuer la sensibilité conjoncturelle de la région et assurer une croissance régulière », la Champagne-Ardenne cherchera à réaliser :
– la diversification géographique et sectorielle de ses échanges extérieurs ;
– le renforcement de la cohésion interne de ses industries.

Région parisienne

Des contraintes et des atouts

La région parisienne aborde le VIIe Plan avec beaucoup d'atouts mais, aussi, avec un certain nombre de sujétions et de contraintes spécifiques. Une première sujétion résulte des coups partis. « La nécessité de terminer les équipements publics en cours de réalisation et d'honorer les contrats formels ou tacites que la Puissance publique a passés avec les agents économiques laisse une marge de manœuvre assez faible aux inflexions de parcours. »

Même si cette affirmation du préfet de région est parfois quelque peu démentie par les ukases qui tombent du ciel élyséen (par exemple dans l'affaire des Halles, où le président Giscard a supprimé d'un trait de plume le projet de Centre d'affaires international ratifié par l'État), elle n'en reste pas moins vraie pour l'essentiel.

Dans le même ordre d'idées, « le suréquipement passager en zones industrielles et en bureaux en blanc dû en partie à des erreurs de programmation » constitue un autre facteur de rigidité.

La forte concentration de main-d'œuvre étrangère représente une deuxième sujétion. En effet, environ 600 000 travailleurs immigrés sont occupés en région parisienne, soit 15 % de l'ensemble des salariés et plus du tiers des travailleurs étrangers dans la France entière. Le poids de cette main-d'œuvre, particulièrement important dans l'industrie (14,6 % des salariés dans les industries de transformation) et le bâtiment (40 % des salariés), est également sensible dans certaines activités tertiaires (8 % des salariés du commerce).

Le ralentissement des courants d'immigration risque, avec l'arrivée de la reprise, de poser de difficiles problèmes de recrutement aux entreprises qui font le plus largement appel à cette main-d'œuvre.

Les mentalités constituent une troisième et forte sujétion. Le climat socio-économique de cette immense agglomération est moins favorable à la réhabilitation des métiers manuels que celui des villes de moindre importance, encore proches des milieux ruraux. « Le changement de cap sera donc ici exceptionnellement difficile et il exigera des moyens particulièrement vigoureux. »

Enfin, de lourdes contraintes pèsent sur les entreprises :
– importance de la charge foncière ;
– réglementation de l'administration trop stricte qui fait souvent obstacle aux adaptations nécessaires.

Par ce biais, les responsables régionaux critiquent, une fois encore, la politique de décentralisation, dont, écrivent-ils, « la réussite a été telle qu'elle est devenue quelque chose allant de soi. On a parfois tendance à considérer l'agglomération parisienne comme une sorte de réserve privilégiée de dynamisme économique dans laquelle on peut puiser librement, lorsqu'une région moins bien pourvue appelle à l'aide... À l'avenir, cela risque de ne plus être le cas. »