Journal de l'année Édition 1976 1976Éd. 1976

Depuis l'automne 1975, la reprise se confirme dans les principaux pays industrialisés ; mais, le creux de la vague étant dépassé, les économies occidentales sont, à la veille de l'été 1976, encore éloignées des niveaux de production et d'échanges antérieurs à la récession, même avec un redressement de l'activité plus fort que prévu.

Les marchés de l'OCDE jouent à nouveau un rôle moteur, à mesure que leur demande intérieure se développe. Cependant, il est vraisemblable que l'extension des débouchés vers les pays de l'Est sera beaucoup moins soutenue ; il faut compter avec une inflexion de la croissance des achats des pays de l'OPEP, vu la moindre progression de leurs revenus pétroliers, la saturation des capacités d'absorption, etc. ; les pays en voie de développement non producteurs de pétrole sont en proie à des difficultés de balance des paiements, et ils importent sensiblement moins.

Concurrence

En raison du décalage des évolutions conjoncturelles entre la France et les autres principales nations industrielles, dans un premier temps elle bénéficie moins que celles-ci de la reprise du commerce mondial. Au début de 1976, les importations repartent indiscutablement vite et, avec quelque retard sur ces dernières, les exportations retrouvent également une croissance certaine, mais néanmoins inférieure. Le taux de couverture se dégrade.

En mars 1976, les importations approchent les 25 milliards et les exportations avoisinent 23,4 milliards, valeurs plus élevées que jamais. L'allure se maintient en avril et mai. Le commerce extérieur entre à nouveau dans le tunnel du déficit : 5,7 milliards en chiffres bruts en cinq mois, de janvier à mai 1976. L'indice INSEE des prix internationaux de matières premières importées par la France reprend une nette courbe ascendante : + 18 % en F rien que de mars à début juin 1976.

Par ailleurs, depuis quelques mois, la poussée de la concurrence étrangère se renforce tant en France que sur les marchés extérieurs. Les entreprises doivent comprimer leurs marges à l'exportation pour y faire face. Elles se heurtent à l'agressivité des pays vendeurs qui consentent des rabais pour enlever les commandes ou qui profitent de la dépréciation de leur monnaie (tels les Italiens et les Britanniques). L'influence des taux de change effectifs est toujours d'actualité ; les incertitudes monétaires demeurent.

La compétitivité antérieure des industriels est fortement entamée, même si la dépréciation du franc, suite à sa sortie, le 15 mars 1976, du système européen de flottement concerté, rend le problème un peu moins aigu. Mais la sortie du « serpent » renchérit aussi le coût des importations de façon limitée.

Les perspectives de prix sont à la hausse. La recrudescence des pressions inflationnistes devient préoccupante. La pénétration étrangère s'accentue à l'endroit des biens de consommation. Avec la vive hausse de la production industrielle, les importations de biens intermédiaires et de produits énergétiques vont continuer de progresser rapidement. L'augmentation des exportations devrait se poursuivre, au moins jusqu'à l'automne, mais environ moitié moins vite que les importations. De plus, les livraisons agricoles vont être affectées par la sécheresse.

Exporter plus tous azimuts, tous les produits (des biens de consommation, pain quotidien des ventes, aux biens d'équipement, reflet de la science et de la technique françaises) est plus que jamais à l'ordre du jour. D'où la mobilisation des forces industrielles au niveau des professions pour l'attaque méthodique des marchés extérieurs. D'où l'effort pour promouvoir de nouveaux exportateurs au sein des PMI.