Les difficultés naissent ainsi (comme à l'ordinaire) des problèmes politiques. En janvier 1976, un article de Mgr Matagrin dans son bulletin diocésain condamne vigoureusement le communisme : « Le drame du monde contemporain, c'est que les opprimés, chez nous et dans le monde, aient cru trouver un espoir de libération dans une voie qui n'a jamais débouché sur autre chose que le totalitarisme. » L'Humanité, bien sûr, ne cache pas son amertume. Mais elle est bientôt rejointe dans sa réprobation par les prêtres qui constituent l'équipe centrale de la Mission de France, puis par l'éditorialiste de Témoignage chrétien, Georges Montaron, et enfin par divers représentants et organisations de ce que l'on peut appeler l'extrême gauche catholique. Une petite polémique s'engage, à laquelle Mgr Matagrin refuse de prendre part.

Déjeuner manqué

Une autre polémique est provoquée par l'homélie prononcée le 11 janvier 1976, à Notre-Dame de Paris, par le cardinal Marty. Celui-ci aborde, entre autres, le problème des exportations d'armes françaises : « Nous ne pouvons, dit-il, nous résigner à gagner de l'argent en mettant entre les mains des autres des armes de mort. » À quoi Jacques Chirac répond, deux jours plus tard : « Une industrie d'armement doit avoir un marché pour exister et, donc, exporter. Les ventes d'armes sont un des éléments de notre puissance économique... »

Mais l'affaire qui provoque les plus grands remous est assurément celle du déjeuner manqué de l'hôtel Matignon. Les deux nouveaux responsables de l'Église de France avaient été conviés à déjeuner chez le Premier ministre le mercredi 11 février. Ils avaient demandé que ce déjeuner garde un caractère privé. Or, dans la matinée du mercredi, la rumeur s'en répand dans Paris. Aussitôt, les deux prélats décommandent la rencontre. Leur attitude est sévèrement critiquée de tous côtés, les uns regrettant qu'ils aient accepté dans un premier temps d'aller déjeuner chez le Premier ministre, les autres (la majorité semble-t-il) s'étonnant de ce qu'ils aient cru devoir dissimuler l'existence d'une telle rencontre. Le communiqué publié le 12 février par le Secrétariat de l'épiscopat pour répondre à tous les commentaires explique que la discrétion avait été demandée au Premier ministre pour éviter que la rencontre « ne donne prise à des interprétations tendancieuses ». Le dimanche 15 février, au micro de France-Inter, Jacques Chirac qualifie ce rendez-vous manqué d'incident ridicule, et ajoute : « S'imaginer que l'on puisse rencontrer le Premier ministre en cachette me paraît un peu puéril. »

Le 11 mars, un mois jour pour jour après cet incident, les deux prélats se rendent à l'Élysée, où les a invités le président de la République. Ce déjeuner, indique-t-on au Secrétariat de l'épiscopat, était prévu depuis près de deux mois et, si les évêques ont accepté qu'il soit annoncé, c'est en somme qu'ils ont tiré les leçons de l'expérience précédente (on apprendra peu après que le cardinal Marty a rencontré François Mitterrand chez un ami commun au cours du mois de février). Harcelés de questions par les journalistes qui se pressent sur le perron de l'Élysée, les deux évêques se bornent à déclarer : « Nous sommes venus dire au président de la République ce que nous portons dans nos cœurs d'évêques. » Ils ajoutent : « Les relations entre l'Église et l'État doivent être bonnes, mais ce n'est pas facile. » À en juger par les problèmes que soulève une simple rencontre avec le Premier ministre, cela paraît, en effet, évident.

100e anniversaire des instituts catholiques

Le 10 décembre, au siège de l'UNESCO à Paris, a lieu la commémoration officielle du centenaire des instituts catholiques de France, « cent années d'exercice de la pensée chrétienne dans une institution qui lui est vouée », dit Pierre Emmanuel dans une conférence prononcée à cette occasion. La veille, les recteurs des instituts ont été reçus en audience par le président de la République. Et Jean-Pierre Soisson, secrétaire d'État aux Universités, prononce lors de cette cérémonie une allocution très remarquée. Il ne se borne pas à louer ces établissements pour la richesse et l'originalité de leur enseignement ; il souhaite qu'une collaboration plus étroite s'établisse entre eux et les universités. Il annonce la mise sur pied future d'une organisation propre à favoriser le rapprochement des institutions qui se consacrent aux sciences religieuses. « Une telle structure, qui revêtirait un caractère public, pourrait naturellement, ajoute-t-il, passer des conventions avec les instituts catholiques. »

Suisse

Une grave affaire préoccupe l'épiscopat suisse, mais aussi les évêques français et le Vatican : celle du séminaire d'Écône.