Station à l'auditoire modeste les années passées, RMC a, depuis l'installation, en septembre 1974, de son puissant émetteur de Roumoules (Journal de l'année 1974-75), vu son audience augmenter de 70 %. Elle atteint maintenant 3 millions d'auditeurs, répartis dans 68 départements. La station monégasque joue la carte du sud de la France. Se refusant à tout parisianisme, elle conserve une vocation régionale, mais, en améliorant sa grille et ses informations, elle a acquis une audience qu'on peut qualifier de nationale.

À RTL, le directeur, Jean Farran, continue à miser sur l'écoute féminine, qui est considérable le matin et l'après-midi, et sur l'auditoire citadin (celui des campagnes étant en régression). Pour concurrencer la télévision, il joue, le soir, la carte de la jeunesse.

Les recettes ayant fait leurs preuves, RTL, qui bénéficie en semaine de l'audience de plus de 20 millions de personnes, modifie peu ses grilles. Plus que jamais le contact est maintenu à toute heure avec les auditeurs : ils interviennent sur l'antenne, par téléphone, en studio et même, de chez eux, où l'on se rend volontiers. Anne-Marie Peysson, Ménie Grégoire, Philippe Bouvard, entourés de Jean-Bernard Hébé et de Stéphane Collaro, Jacques Paoli, Jean Bernardet, Évelyne Pagès, restent les vedettes de la station. La mode de la décentralisation se poursuit et les grandes villes de France sont visitées les unes après les autres.

Efforts

À Europe 1, le contrecoup de la crise est encore sensible. Les programmes sont modifiés au début de 1976. Il s'agit d'essayer de reconquérir la première place. La grille subit de nombreux changements, tant dans le domaine des variétés que dans celui de l'information. Gérard Klein le matin, Jean-Michel Desjeunes et Anne Sinclair l'après-midi commencent leurs émissions plus tôt. Jean-Loup Laffont revient en force. François Diwo remplace Goliath ; Gonzague Saint-Bris continue ses confidences au téléphone. Denise Fabre et Danièle Gilbert, transfuges de la télévision, proposent des émissions aux objectifs limités. Côté information, Philippe Gildas remplace Ivan Levai le matin. Jean-François Kahn quitte la station.

Radio-France poursuit à travers ses quatre chaînes (France-Inter, France-Musique, France-Culture et les stations régionales dérivées de FIP) un quadruple objectif. Mais les contrecoups de l'éclatement de l'ORTF ne sont pas encore aplanis.

France-Inter, concurrent direct des postes périphériques, a tiré les leçons d'une réforme hâtive et propose des émissions nouvelles dès septembre 1975. Un effort particulier est réalisé côté information. On souhaite briser les barrières qui, jusque-là, séparaient information et programme. La chaîne nationale de grande audience doit aussi tenter de reconquérir un public perdu depuis les grands bouleversements (Journal de l'année 1974-75). Tout en quêtant de nouveaux talents, on continue à utiliser les vedettes de l'antenne. Pierre Bouteiller reprend sa tranche horaire matinale ; l'après-midi convenait moins bien à son style. La Radioscopie de Jacques Chancel, le Pop-club de José Artur, sont devenus une forme d'institution. Patrice Blanc-Francard et Bernard Lenoir sont chargés de séduire la jeunesse. Anne Gaillard voit son émission quotidienne prolongée d'une demi-heure. Daniel Hamelin annonce sa démission sur l'antenne, en pleine émission, au lendemain d'un débat télévisé des Dossiers de l'écran consacré à la radio, à propos du film de Jean Yanne Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. À la suite d'accords conclus avec la SFP, la station transmet en exclusivité les principaux spectacles qui ont lieu dans la capitale. En marge de l'actualité, on crée de grands magazines d'information, comme Temps fort de Robert West et Questions pour un samedi.

Adaptation

Le bouleversement des programmes de France-Musique provoque une véritable révolution chez les auditeurs. Ils sont plus de 2 millions à écouter chaque semaine France-Musique, mais jamais plus de 80 000 en même temps. La chanson, le jazz, la pop music et un certain verbiage s'étant glissés entre les concerts et les intégrales, les fidèles ne reconnaissent plus leur station. Depuis sa création il y a plus de vingt ans, elle proposait le même répertoire classique enregistré. Le nouveau directeur, Louis Dandrel, est d'autant plus contesté qu'il a licencié un tiers des producteurs traditionnels ; il a obtenu un budget important et mis en place une équipe jeune, souvent inexpérimentée. Mais, si la présentation de musique vivante et contemporaine est certes intéressante, beaucoup se plaignent de l'abandon du patrimoine musical classique et voient dans ces bouleversements la porte ouverte à une sorte de « dictature culturelle morose et pédante ». Dès le mois de janvier 1976, un léger changement de cap redresse la situation au profit de la tradition. Bien que les responsables s'en défendent, les protestations des auditeurs n'ont pas été vaines.