La concurrence aurait dû, en créant l'émulation, assurer la qualité. Paradoxalement, c'est le contraire qui se produit ; la tendance serait plutôt à un nivellement par le bas.

FR3

En marge de la rivalité qui oppose TF1 à A2, FR3, chaîne à la fois nationale, régionale et d'outre-mer, fait preuve, dans la mesure de ses faibles moyens, d'un certain goût de la recherche, de la créativité. Avec son personnel (plus de 3 000 collaborateurs, l'effectif le plus important des sociétés créées par la loi du 7 août 1974) réparti dans tout l'Hexagone et dans les Dom-Tom, son budget qui ne bénéficie d'aucune recette publicitaire, le lancement en mars d'une nouvelle grille d'émissions accordant une place plus importante aux productions régionales, ses quatre films par semaine (ce qui lui permet, grâce à un choix judicieux, de bénéficier assez souvent de l'audience la plus élevée), la création, au printemps, de son Cinéma de minuit, ses tribunes ouvertes à toutes les familles de pensée, FR3 a forgé sa propre personnalité. Plusieurs fois, au cours de l'année, les critiques professionnels, comme les téléspectateurs, sont amenés à constater que, les jours sans cinéma, « il se passe souvent quelque chose sur FR3 ». Des créations comme Le bœuf sur le toit, de Jean-Christophe Averty, Mourir pour Copernic, de Bernard Rothstein, La reine de Saba, de Pierre Koralnik, Une vieille maîtresse, de Barbey d'Aurevilly, des séries étrangères comme Civilisation, des magazines comme Hiéroglyphes, Thalassa, Vendredi, des rétrospectives comme Les années épiques du cinéma, un effort discret mais continuel sur les programmes destinés aux enfants, des transmissions de grands spectacles lyriques (Idoménée de Mozart) ou de concerts (Requiem de Berlioz) sont autant de formules qui, si elles n'obtiennent qu'une audience modeste, voire faible, témoignent d'intelligence, de recherche et d'une certaine qualité. Lorsqu'on sait que la société FR3 ne peut diffuser, en fonction du cahier des charges, ni feuilletons ni variétés, c'est d'autant plus louable.

TF1

Cette chaîne, qui propose plus de trois mille cinq cents heures de programmes par an, est un organisme discret, qui fait moins souvent que son concurrent direct, A2, l'objet des manchettes dans la presse. Une juste mesure semble être son ambition. Il s'agit de respecter un certain équilibre entre la tradition d'une grille dont quelques cases deviennent, au fil des ans, des institutions (les variétés Numéro Un du samedi soir, le film du dimanche soir), les productions héritées de l'ORTF, d'une part, et les nouveaux magazines, les tentatives ponctuelles de création, d'autre part. Parmi les émissions héritées d'un passé plus ou moins lointain, certaines conservent, grâce au renouvellement permanent de leur répertoire, un souffle. C'est le cas de la modeste Séquence du spectateur (sans doute l'émission la plus ancienne) de Claude Mionnet, qui a gardé sa large audience et sa place au sein de la grille. Au théâtre ce soir (J'y suis, j'y reste, Bichon, Le sourire de la Joconde, Un fil à la patte), au contraire, malgré les rediffusions fréquentes, s'essouffle terriblement. Le répertoire du théâtre de boulevard n'est pas inépuisable. Il suffirait de l'admettre. De toutes les émissions lancées récemment, le grand vainqueur est sans doute Le petit rapporteur, magazine satirique dominical de Jacques Martin, qui rassemble les suffrages des publics les plus divers tant par l'âge que par la catégorie socioprofessionnelle. Cependant elle quitte l'antenne fin juin pour revenir, dit-on, en avril 1977. Les grands rendez-vous sont maintenus, mais la grille est enrichie : Quoi ? De qui ? jeu littéraire de Pierre Sabbagh ; Ces années-là, évocation de l'histoire récente, signée Michel Droit ; De vive voix, nouveau magazine littéraire de Christiane Collange et Jean Ferniot, qui alterne avec Pleine page ; un mercredi par mois, L'inspecteur mène l'enquête, jeu policier ; Allons au cinéma, le jeudi ; L'homme qui n'en savait rien, jeu dominical ; Six minutes pour vous défendre, bref magazine hebdomadaire de la consommation ; trois émissions quotidiennes, Réponse à tout, Une minute pour les femmes, À la bonne heure ; des magazines comme L'événement, hebdomadaire, ou Soixante minutes pour convaincre ; des émissions de psychosociologie (Psychologie : aujourd'hui, le mariage) ou de métaphysique (Interrogations) sont autant de titres qui composent près de huit cents heures de fiction, dont deux cents de dramatiques, plus de cinq cents heures de variétés, trois cents heures de programmes pour la jeunesse (avec cinq heures hebdomadaires pour les Visiteurs du mercredi de Christophe Izard) et cent trente heures d'émissions philosophiques et religieuses.