Le premier cycle du second degré, le collège, a pour fonction d'assurer à tous les enfants un savoir minimal, selon l'expression du président Giscard d'Estaing. Au lieu des trois types d'enseignement (type lycée, CEG ou classes de transition) dispensés dans les classes de 6e et 5e, un programme unique – comprenant en particulier une initiation à la technologie – sera imposé à l'ensemble des élèves, puis, dans les classes de 4e et de 3e, une formation de base commune, assortie d'options : langues ou bancs d'essai préprofessionnels.

Les classes préprofessionnelles de niveau et les classes préparatoires à l'apprentissage, mises en place par Joseph Fontanet pour accueillir les élèves en difficulté à l'issue de la 5e, seront supprimées (au terme d'une période de transition).

Tout le monde ira donc jusqu'à la fin de la 3e : un brevet des collèges (l'ancien BEPC) sera décerné.

L'objectif est clair : mieux intégrer ceux qui, aujourd'hui, sont relégués aux dernières places du système avant d'en être éliminés, et mettre fin à une discrimination aussi coûteuse qu'injuste.

Beaucoup doutent, pourtant, que la nouvelle loi permette d'atteindre vraiment ce but. C'est ainsi que la possibilité d'un programme allégé pour les plus faibles, d'un enseignement d'approfondissement pour les plus forts risque de reconstituer les anciens clivages. De même, les bancs d'essai professionnels produiront, si l'on n'y prend garde, le même effet que les classes préprofessionnelles créées en 1972 par Joseph Fontanet ou les classes pratiques qui les avaient précédées, devenues en quelque sorte le dépotoir des collèges.

Lycées

Dans le second cycle de l'enseignement secondaire, deux voies seront offertes aux élèves : celle des lycées d'enseignement général et technologique, qui conduit au baccalauréat ; celle des lycées d'enseignement professionnel (anciens CET), qui mène aux différents diplômes techniques.

Les lycées d'enseignement général et technologique présenteront deux nouveautés :
– un tronc commun en seconde et en première, complété d'options et couronné par un baccalauréat de base, équivalant à un diplôme d'études secondaires générales ;
– une terminale entièrement constituée de matières à option et sanctionnée par une attestation de réussite donnant accès aux universités dans des conditions fixées par celles-ci.

Ces deux aménagements importants vont plus loin que ceux dont Joseph Fontanet avait avancé l'idée. Le tronc commun ? La réforme Fontanet ne l'envisageait que pour la classe de seconde. René Haby l'étend à la classe de première : il s'agit d'éviter les choix prématurés qu'imposait le système hérité de Christian Fouchet.

La terminale nouveau style ? Joseph Fontanet proposait de lier l'entrée en faculté aux résultats obtenus en terminale dans certaines matières. René Haby dissocie nettement les deux fonctions du baccalauréat : la première partie devient un diplôme d'études secondaires et la deuxième un examen d'entrée dans l'enseignement supérieur.

Avantages de cette solution : une meilleure préparation aux études supérieures, un meilleur rendement du baccalauréat. Mais les inconvénients sont sérieux, en particulier la spécialisation précoce qui remplace la vieille notion de culture générale (la philosophie, devenue facultative en terminale, même si des cours sont prévus en première, paraît menacée).

Quant aux lycées d'enseignement professionnel, ils témoignent surtout, par leur appellation nouvelle, d'une volonté de revaloriser les filières technologiques. Leurs débouchés demeurent cependant limités.

La réaction des premiers intéressés, enseignants d'une part, élèves de l'autre, n'est pas favorable. L'aggravation de la sélection sociale est le principal grief formulé. Le ministre propose, avant le dépôt du projet de loi, une large consultation afin de tenir compte des avis exprimés.

Ceux-ci laissent apparaître une certaine déception devant une réforme qui modifie, une fois de plus, les structures de l'institution scolaire, mais ne touche guère à l'essentiel : la relation pédagogique. Des mesures sont bien prises en faveur des élèves (participation plus active des délégués de classes) et des maîtres (réduction à quatre catégories – instituteurs, professeurs brevetés, certifiés et agrégés – et formation améliorée).