Les effets de l'agriculture sur le peuplement et le genre de vie ne se feront sentir avec toute leur force que plus tard encore, au début du ive millénaire. Alors se répand la civilisation chasséenne (site éponyme : le champ de Chassey, en Saône-et-Loire). Les hommes du cardial méditerranéen vivaient encore en grande partie de la chasse et de la pêche. Ceux du chasséen sont à peu près exclusivement des paysans. Ils ont étendu l'éventail des plantes cultivées : au blé et à l'orge s'ajoutent désormais lentilles, féveroles, pois chiches. Ils n'élèvent pas seulement moutons et chèvres, mais aussi des porcs et de petits bovins. Ils peuvent déjà, près de Toulouse par exemple, habiter dans des grands villages. Il aura donc fallu deux mille à trois mille ans pour qu'une civilisation pleinement agricole arrive à se développer. Ainsi va le changement au rythme préhistorique.

Psychologie

Vicissitudes de la parapsychologie

La présentation, en novembre 1974, à la radio et à la télévision, du jeune Israélien Uri Geller (réapparu sur un poste périphérique en avril 1975) ravive dans le public l'intérêt pour les phénomènes parapsychologiques.

Tordant des clés ou des cuillers et remettant en marche de vieilles montres par simple imposition des mains, ou encore reproduisant des dessins tracés hors de sa vue, Uri Geller affirmait, en présence des journalistes et d'hommes de science, qu'il possédait le pouvoir d'agir sur la matière par la force de sa pensée.

L'unanimité ne s'est pas faite chez les assistants, dont plusieurs ont été frappés par le côté commercial de ces démonstrations et par le fait qu'Uri Geller, il y a quelques années, ait commencé sa carrière comme illusionniste professionnel. Les associations de magiciens et prestidigitateurs ont d'ailleurs protesté contre le fait que le spectacle ait été présenté comme ayant une réalité scientifique, et demandé qu'un de leurs membres soit invité à y assister, ce à quoi Uri Geller s'est toujours refusé. L'Association des écrivains scientifiques de France a également déploré la confusion qui pouvait naître de la manière dont ces émissions ont été présentées.

Unesco

En novembre-décembre 1974, l'Unesco consacre un numéro spécial de sa revue Impact aux parasciences, avec une préface d'Arthur Koestler. La parapsychologie y reçoit l'appellation nouvelle de psychotronique, ce changement signifiant que des phénomènes naguère considérés comme rares pourraient affecter la plupart des individus normaux.

Aucun des articles n'est signé d'un auteur français. Les scientifiques français (à de rares exceptions près, comme l'entomologiste Rémy Chauvin) ne prennent pas ce genre de recherches au sérieux. De son côté, la revue britannique Nature commente sévèrement le numéro d'Impact et invite les scientifiques à ne pas céder au goût du public pour l'irrationalisme.

Psychokinésie

Aux États-Unis, un scandale secoue l'Institut de parapsychologie de Durham, en Caroline du Nord. Devenu très âgé, le fondateur de l'institut, le célèbre Joseph Rhine, en avait confié la direction à son principal collaborateur, Walter Levy, dont les travaux portaient notamment sur la psychokinésie, c'est-à-dire le déplacement d'objets par le pouvoir de la pensée.

Joseph Rhine – dont les sceptiques à l'égard de la parapsychologie ne contestent pas la bonne foi – a tenté d'introduire dans ses recherches les techniques des laboratoires modernes. Si notre cerveau engendre une force capable d'agir à distance, elle doit aussi apparaître chez les mammifères, dont le système nerveux est proche du nôtre.

Rhine et Levy plaçaient des rats dans un dispositif expérimental devenu classique en neurophysiologie. À la base du cerveau, dans une petite formation appelée hypothalamus, il existe un centre nerveux dont la stimulation électrique doit être très agréable pour l'animal, car si on lui en donne le moyen, il la provoque aussi souvent que possible. On implante des électrodes dans l'hypothalamus du rat, et on met à sa disposition un petit commutateur qui envoie une impulsion dans le cerveau. Les animaux apprennent très vite à s'en servir.

Hasard

Walter Levy avait assorti cet appareillage d'un générateur électronique de nombres aléatoires : il contrôle le circuit de telle façon qu'à un moment quelconque le courant a autant de chances de passer que de ne pas passer, exactement comme au jeu de pile ou face la pièce de monnaie a théoriquement autant de chances de tomber d'un côté que de l'autre. Pour éliminer toute influence faussant le hasard, le générateur est relié à un isotope radioactif. La désintégration radioactive est un phénomène aléatoire : elle n'obéit qu'à une loi statistique. Lorsque les rats du laboratoire de Rhine appuyaient sur le commutateur, tantôt ils obtenaient l'impulsion souhaitée, tantôt ils ne l'obtenaient pas.