En attendant un autre programme de grande envergure (il ne saurait s'agir désormais que d'un voyage vers la planète Mars), la recherche spatiale américaine vit au ralenti. Les Soviétiques ont procédé, en 1974, à 81 lancements qui ont mis en orbite 95 satellites (une seule fusée peut lancer plusieurs engins) ; la même année, les Américains n'ont effectué que 23 satellisations. Pour 1975 la NASA n'a programmé que 23 lancements ; encore faut-il préciser qu'un quart de ces tirs auront été réalisés pour le compte d'autres organismes américains ou étrangers.

Applications

Au creux de la vague, la NASA pratique maintenant une politique consistant à ne lancer que des engins importants soit par la quantité ou la qualité des expériences prévues, soit par les services pratiques qu'ils sont appelés à rendre ; il s'agit souvent de satellites d'applications.

Lancé le 30 mai 1974, le satellite ATS 6 (Applications Technology Satellite) est devenu opérationnel le 2 juillet ; il est destiné, comme son nom l'indique, à la mise au point d'applications nouvelles de télécommunications. Cet engin est le plus grand et le plus complexe jamais construit à ce jour. Son antenne parabolique ne mesure pas moins de 9 mètres de diamètre et ses installations pour la retransmission d'ondes radioélectriques fonctionnent sur 17 fréquences, comprises entre 136 MHz et 6 GHz.

Parmi les premières applications déjà étudiées figurent la transmission d'émissions médicales et éducatives et des liaisons intéressant la médecine : conférence en direct entre l'université du Kentucky et 600 médecins de 8 États différents, liaisons entre des médecins isolés et des hôpitaux (pour l'établissement de télédiagnostics et de prescriptions aux malades).

D'autres expériences concernent la localisation des navires ou des avions ; la retransmission d'informations météorologiques est prévue ainsi que celle de programmes éducatifs à destination de 5 000 villages de l'Inde.

La NASA a lancé, le 22 janvier 1975, l'engin Landsat B, qui est son deuxième satellite de télédétection des ressources terrestres. Le premier, dont la désignation était ERTS-A (Journal de l'année 1972-73), a constitué l'une des grandes réussites de la recherche spatiale. Survolant la surface entière de la Terre, il l'a photographiée avec une remarquable netteté (on distingue sur l'un des documents les quais du port de Marseille) ; plus d'un million de photographies ont été ainsi prises, et les plus intéressantes ont été mises à la disposition d'équipes de géologues et de savants du monde entier.

Épaves... danger

Le nombre des objets qui gravitent autour de la Terre croit sans cesse : non seulement des satellites, mais toutes sortes de débris et d'épaves. Ces étages supérieurs des fusées et chacun des pétales qui constituent l'ogive protectrice des engins, tous ces panneaux arrachés, boulons explosifs et autres épaves représentent les trois quarts des objets satellisés par l'homme. En 1970, on avait catalogué 1 725 objets en orbite ; en 1973, le nombre s'élevait à 2 954, puis il est passé à plus de 3 200 en 1974. Parmi ces épaves, certaines sont trop massives pour être volatilisées par l'atmosphère lors du violent freinage de l'air pendant leur rentrée. L'une d'elles a inspiré de sérieuses inquiétudes lorsque, en janvier 1975, la NASA a annoncé sa rentrée imminente ; il s'agissait du second étage de l'énorme fusée Saturn V qui avait satellisé la station orbitale Skylab en 1973. Pour la première fois une masse de quelque 40 tonnes allait pénétrer dans l'atmosphère à 27 000 km/h sans que l'on puisse contrôler sa chute. Elle a eu lieu le 11 janvier ; l'engin s'est désintégré et des fragments sont tombés dans des lieux extrêmement éloignés : Madagascar, le Sahara, l'océan Indien, l'Atlantique (au large de Gibraltar I), les Andes. Par chance aucun lieu habité n'a été atteint.

L'exploration des planètes

Les sondes planétaires continuent à procurer d'immenses satisfactions aux Américains.

Mercure

Comme il avait été prévu (Journal de l'année 1973-74), la sonde Mariner 10 a réussi, le 21 septembre 1974 et le 16 mars 1975, le survol et l'exploration de Mercure, pour la deuxième et la troisième fois. Comme le 29 mars 1974, des photographies très fouillées sont prises et, une fois encore, on constate l'extraordinaire ressemblance qui existe entre le sol de Mercure et celui de la Lune.