Les déclarations de P. Messmer, alors Premier ministre, qui, en septembre 1973, à Phalsbourg, a exprimé ses réserves à l'égard de la prolongation des études, et le vote de la « loi Royer » qui a consacré la possibilité du préapprentissage à quatorze ans, inquiètent l'opinion.

Un bilan positif : les 10 % entrent dans les mœurs

Joseph Fontanet a décidé de « mettre, à compter de la rentrée 1973, 10 % de l'horaire annuel à la disposition des établissements d'enseignement secondaire », comme l'avait suggéré la Commission des sages mise en place par Olivier Guichard après les premières manifestations du malaise du second degré. La circulaire ministérielle (27 mars 1973) qui met l'accent sur le nécessaire « travail d'équipe des professeurs » précise que ce contingent horaire « pourra être utilisé par exemple pour le développement du travail indépendant, pour la documentation et pour d'autres activités éducatives liées à l'enseignement, qui impliquent un contact extérieur à l'établissement telles que stages d'élèves, excursions etc. ». Le texte mentionne également « les activités théâtrales, avec les prolongements et les apports que peuvent leur fournir les diverses disciplines », ainsi qu'un allégement des programmes. J. Fontanet précise : « pour sauvegarder l'esprit d'une telle mesure, il est essentiel que ses modalités d'application soient définies à l'échelon du seul établissement ». Le bilan semble positif ; malgré les difficultés (notamment le coût de certains déplacements et les réticences de nombreux professeurs), de multiples exemples montrent l'intérêt des élèves pour cette expérience. À côté des traditionnelles visites de musées ou d'entreprises (notamment de journaux), qui se sont développées, des initiatives diverses ont été prises : enquêtes pluridisciplinaires sur un sujet donné, recherches sur telle ou telle activité économique de la ville ou de la région, approches nouvelles de la vie culturelle (projections de films, expositions de photos, essais sur les bandes dessinées, études sur les affiches ou les mass media, mise en scène d'une pièce de théâtre), voire utilisation sauvage des 10 % pour des débats et réunions politiques. Le plus souvent, ces 10 % sont groupés en deux ou trois jours consécutifs chaque mois : la semaine du 10 %, ou semaine banalisée, entre ainsi dans les mœurs.

Information et éducation sexuelles

L'information et l'éducation sexuelles sont introduites à partir du 1er janvier 1974 dans les établissements secondaires. Selon la circulaire ministérielle du 23 juillet 1973, l'information (obligatoire) porte, dans le cadre des programmes de biologie (ou, pour l'enseignement élémentaire, dans celui des activités d'éveil), sur les mécanismes de la procréation : elle doit être « scientifique » et « progressive ». L'éducation (facultative) a pour tâche de « préparer l'élève à une conduite librement assumée et à l'exercice de sa responsabilité ». Organisée en dehors des heures de classe, elle est assurée par des équipes de médecins et de psychologues. Pour justifier cette distinction entre « information » et « éducation », J. Fontanet souligne que « l'éducation de la vie affective fait nécessairement appel à des principes philosophiques, moraux ou religieux, différents selon les familles de pensée » et que « l'enseignement public ne peut donc intervenir dans ce domaine, réservé à la conscience personnelle de chacun ». Dans le premier cycle, l'autorisation des parents est requise ; à l'inverse, dans le second cycle, seule l'interdiction des parents peut jouer. Au ministère de l'Éducation nationale, on estime que si 50 % des élèves assistent à ces réunions (leur nombre devrait être au maximum de trois par an), l'expérience sera un succès. Les premières ont eu lieu à partir du mois de mars, après la diffusion d'une brochure d'information à tous les parents d'élèves et l'organisation de rencontres entre ceux-ci et les animateurs choisis par l'établissement.

Les syndicats contre la sélection

L'action et la réflexion des syndicats d'enseignants ont été commandées au cours de cette année par le projet de réforme du second degré, qui touche, par ses implications, aux trois ordres d'enseignement : primaire, secondaire et supérieur.