Les sondes de la seconde vague sont quelque peu différentes de la première et, en quelque sorte, complémentaires : pour certaines expériences. Mars 6 fonctionnera avec le concours d'appareils installés à bord de Mars 4 ; les numéros 5 et 7 travailleront aussi de concert.

Coopération

Le programme est vaste. Il met en lumière l'esprit de coopération qui unit astronomes et spécialistes de la recherche spatiale de France et d'URSS et le grand cas que l'on fait, dans ce dernier pays, de l'expérience et des techniques françaises. Les Mars profitent de l'expérience d'Adouin Dollfus et de l'Observatoire de Paris pour analyser la structure de la surface martienne à l'aide de polarimètres. Des cellules fournies par le CNRS permettront à ces sondes de mesurer les proportions d'hydrogène ordinaire et d'hydrogène lourd dans l'espace interplanétaire. Enfin, un équipement français Stéréo-5 étudiera les ondes radioélectriques émises par le Soleil aux fréquences de 30 et 60 MHz, et des détecteurs Gémeaux-S et Gémeaux-T compteront les particules électrisées.

Dès leur départ et pendant toute la durée de leur voyage, les Mars ont étudié le milieu interplanétaire.

Malchance

Un mauvais sort s'est acharné contre les quatre sondes soviétiques. Mars 4 et 5 devaient se satelliser autour de la planète dans un double dessein : étudier l'environnement de Mars tout en photographiant son sol ; servir de relais radioélectrique pour retransmettre à la Terre les signaux émis par les capsules, qui, larguées ultérieurement par les deux autres Mars, devaient atterrir sur la planète.

Mars 4 n'a pu être ni freiné ni satellisé ; il a survolé la planète le 10 février 1974 et s'en est éloigné aussitôt sur une orbite de planétoïde. La satellisation de Mars 5 a été réussie deux jours après, mais le fonctionnement de son émetteur a été éphémère. Les deux engins n'ont pu réaliser qu'un programme de courte durée. Les photographies qu'ils ont transmises à la Terre, dont certaines en couleurs, sont excellentes et montrent des détails d'une centaine de mètres. Des vestiges de vallées, manifestement fluviales, et d'autres traces d'érosion intense incitent les spécialistes qui ont étudié ces documents à croire que, dans un lointain passé, l'eau coulait sur le sol martien.

Mars 6, avant de survoler la planète à 1 600 km, a largué une capsule scientifique qui, descendue en parachute, a transmis des informations pendant cent quarante-huit secondes. Ses instruments ont détecté pour la première fois la présence d'ozone dans l'atmosphère ; ils ont mesuré la quantité de vapeur d'eau présente dans cette dernière et l'ont estimée à une couche liquide de 6/100 de millimètre. À défaut de relais satellisé, les émissions de cet engin n'ont pu continuer d'être retransmises vers la Terre. Quant à Mars 7, la capsule qui s'en est détachée n'a pas été freinée ; elle a survolé la planète à 1 300 km et a poursuivi sa ronde autour du Soleil.

Mais, qu'il s'agisse de spécialistes, de profanes plus ou moins intéressés par la connaissance des astres, ou de cette partie de l'opinion publique encore hantée par la chimère des Martiens, l'attention était centrée sur les capsules que les sondes allaient larguer et qui doivent se poser en douceur, pour nous dévoiler le plus grand nombre de secrets parmi ceux que le sol martien continue de receler.

Jupiter

Alors que les Mars soviétiques font encore route vers la planète homonyme, une première de l'espace, un grand exploit scientifique s'accomplit beaucoup plus loin.

Le 3 décembre 1973, bien au-delà de notre petite voisine rouge, la sonde américaine Pioneer 10 survole le gigantesque et multicolore globe de Jupiter après avoir parcouru un milliard de kilomètres (Journal de l'année 1971-72).

Après avoir risqué l'impact des météorites pendant vingt et un mois, traversé la ceinture des petites planètes sans s'écraser contre l'un de ces rochers errants, après avoir vu ses équipements intensément irradiés à l'approche de Jupiter et les signaux de son modeste émetteur noyés dans l'épaisse purée des ondes radioélectriques émises par la planète, l'engin américain Pioneer a rempli son contrat.