Le plan quinquennal (1973-77) est modifié en conséquence, de nouveaux projets sont à l'étude ; des mines de plomb, de cuivre, de fer, de charbon sont mises en exploitation ou développées, toujours en prévision de l'épuisement des réserves d'hydrocarbures dans une vingtaine d'années.

Coopération

Les accords conclus ou les dossiers examinés lors de la visite officielle de l'empereur en France, du 24 au 26 juin 1974, reflètent bien les objectifs et les préoccupations des dirigeants iraniens. La coopération établie entre les deux pays pour l'utilisation pacifique de l'énergie atomique, l'achat par Téhéran clés en main de cinq centrales nucléaires tendent à assurer à l'Iran une source d'énergie autre que celle du pétrole. Tout autant que la décision prise d'exploiter en commun le gisement de gaz naturel découvert par le groupe français Elf-Aquitaine (estimé être le plus important du monde) et qui contribuera, selon les dires du chah, à couvrir 50 % de la consommation de l'Europe. Paris et Téhéran sont convenus d'établir une usine de liquéfaction de gaz et de créer une flotte de méthaniers pour assurer le transport du produit. Divers autres projets concernant le développement des infrastructures et d'industries légères, notamment de montagne, seront confiés totalement ou en partie à des entreprises françaises ; les commandes atteindraient le chiffre global de 20 à 22 milliards de francs, dont le quart environ serait versé, en deux ou trois ans, à la Banque de France au titre d'avance. Cet accord-cadre, dont les bases avaient été établies en février, est considéré comme le plus important jamais passé entre un pays producteur de pétrole et une puissance industrielle.

Armement

L'Iran consacre une autre partie appréciable de ses revenus à l'achat d'armement. En février, six vedettes lance-missiles, valant quelque 300 millions de francs, sont commandées à la France. Cependant, les États-Unis et la Grande-Bretagne demeurent les principaux fournisseurs de Téhéran. L'acquisition, fin juillet, de 250 chars de combat Scorpion porte la valeur du matériel militaire livré par Londres en 1973 à plus de 4 milliards de francs. Le 22 janvier, un nouveau contrat, d'une valeur de 800 millions de francs, est signé par la livraison de matériel de défense aérienne.

Malgré tout, Washington s'attribue la part du lion : la valeur des ventes d'armes américaines à l'Iran, durant l'année financière 1973-74, s'est élevée à près de 20 milliards de francs, représentant la moitié de l'ensemble des matériels militaires vendus par les États-Unis dans le monde entier pendant la même période.

Ainsi l'empire des Pahlevi recevra livraison de 80 chasseurs F-14, nouvel avion de combat équipé de missiles air-air de conception ultramoderne, ainsi que 150 chasseurs-bombardiers Northorp F-5 E, version perfectionnée de l'appareil F-5 A livré aux seuls alliés des États-Unis.

Les forces iraniennes vont, avant juin 1975, doubler le nombre de leurs hélicoptères et de leurs avions de combat (avec autant de biréacteurs lourds Phantom que dans l'armée israélienne), et la puissance de la marine de guerre sera quadruplée au cours du Ve Plan.

Pour justifier l'ampleur des dépenses militaires, le chah déclare en juin que l'accès au golfe Persique est pour Téhéran une question de vie ou de mort, et confirme, à ce propos, l'intervention massive des forces iraniennes dans le sultanat d'Oman pour réprimer l'insurrection du Dhofar.

Équilibre

La politique d'équilibre pratiquée par le chah sur la scène internationale paraît menacée par le refroidissement des relations entre Téhéran et Moscou. Le Kremlin manifeste son mécontentement devant le rôle de protecteur du golfe et des intérêts occidentaux que s'attribue l'empereur, les achats jugés excessifs d'armement et l'afflux en Iran de militaires américains (2 000 au total).

L'URSS est gênée par l'hostilité manifestée par Téhéran à l'égard de ses amis et de ses alliés dans la région, l'Inde, l'Afghanistan et en particulier l'Irak. Le chah, en effet, admet qu'il fournit une aide au mouvement autonomiste kurde, lequel menace la stabilité du régime prosoviétique de Bagdad.