À la suite d'un contretemps dans un scénario pourtant minutieusement préparé, Nazem Kazzar ne parvient pas à réaliser la deuxième phase de son plan. Il est obligé de prendre la fuite. Grâce à une battue organisée à l'échelle nationale par l'armée et les milices baasistes, il est capturé à 22 kilomètres de la frontière iranienne, vers laquelle il se dirigeait. Avant de se rendre, l'ancien chef de la sécurité tire sur les onze otages qu'il avait emmenés avec lui. Il tue le ministre de la Défense, le général Hamad Chehab, et blesse le ministre de l'Intérieur, le général Saadoun Ghaidan.

Pour étouffer dans l'œuf tous les centres d'opposition, le régime réagit avec célérité. Les 7 et 8 juillet, 35 conjurés, y compris Nazem Kazzar, sont exécutés. L'armée, la police, le parti Baas sont épurés de leurs éléments suspects, pour la plupart de la tendance droitière et anticommuniste de l'ancien chef de la sécurité. Le 13 juillet, la Constitution provisoire est amendée de façon que les prérogatives du conseil des ministres (coalition regroupant les baasistes, les communistes, les autonomistes kurdes et les nassériens) soient élargies tandis que les pouvoirs du chef de l'État sont renforcés.

Le Baas, contraint d'« élargir l'aire de la démocratie », offre à ses partenaires de conclure un pacte national, rédigé dans des termes que le PC estime suffisamment satisfaisants pour le signer le 17 juillet. Le Baas lâche, en effet, du lest sur divers points litigieux dans le document proposé. Il accepte notamment de rayer une phrase prônant « la destruction de l'État sioniste » et une autre affirmant que le Kurdistan faisait « partie intégrante de la patrie arabe ». Cette dernière concession est jugée insuffisante par le Parti démocratique kurde (PDK), dirigé par le général Barzani, qui refuse de rejoindre les rangs du front national.

Garanties

En prévision d'une épreuve de force avec les autonomistes kurdes, qui paraît déjà inéluctable, le régime s'efforce de s'entourer d'un maximum de garanties. Il cherche tout d'abord à normaliser ses rapports avec l'Iran, principal soutien du général Barzani.

Dès la mi-juillet, Saddam Hussein déclare que « l'occupation par l'Iran de trois îles arabes dans le golfe n'est pas un problème insurmontable ». Prenant prétexte de la guerre israélo-arabe, Bagdad prend la décision unilatérale, le 7 octobre, de rétablir ses relations diplomatiques avec Téhéran, qui accepte la main tendue dès le lendemain. Cependant, des affrontements armés se multiplient au printemps jusqu'à la conclusion d'un accord, le 21 mai, relatif au retrait simultané des troupes des deux côtés de la frontière commune.

Redoutant sans doute les intrigues occultes des États-Unis et de la Grande-Bretagne au Kurdistan, voire à Bagdad même, les dirigeants baasistes cherchent de toute évidence à apaiser ces deux puissances et à élargir l'audience internationale de l'Irak. Saddam Hussein réaffirme en juillet son attachement à sa politique de non-alignement et décrète la fermeture des centres culturels de l'URSS, de la Tchécoslovaquie et de la République démocratique allemande. Les relations diplomatiques sont rétablies avec l'Allemagne fédérale le 28 février 1974 et avec la Grande-Bretagne le 10 avril.

Bagdad ne renoue pas avec Washington, mais intensifie ses rapports économiques avec les États-Unis en octroyant notamment d'importants contrats à des firmes américaines pour l'édification d'un complexe pétrolier à Fao. Saddam Hussein accuse néanmoins, le 10 avril, l'Amérique ainsi que l'Iran de fournir des armes aux insurgés kurdes.

Coopération

L'URSS soutient le pouvoir central dans son conflit avec les barzanistes ; la Pravda accuse les Kurdes, le 27 avril, d'être armés et financés par des forces impérialistes et réactionnaires. La coopération entre Bagdad et Moscou s'étend dès lors dans tous les domaines, et notamment dans le domaine économique. L'URSS accorde un prêt d'environ 750 millions de francs pour la réalisation des projets industriels et agricoles ; en mars, un accord est conclu entre les deux pays pour la construction d'un oléoduc reliant Bassorah à Bagdad ; en mai, les deux pays s'associent dans la création d'une société de pêcheries, au capital de 180 millions de francs, laquelle opérerait dans le golfe Persique ; toujours en mai, Bagdad confie à l'URSS la tâche de développer la production pétrolière dans les gisements de Roumeilah-Nord. Le parti Baas et le parti communiste de l'Union soviétique développent leur coopération dans le cadre d'un accord conclu le 30 novembre, tandis que les visites officielles se multiplient.