Les cryptates peuvent aussi accélérer certaines réactions chimiques : l'ion métallique retenu dans la cavité, et qui est électriquement positif, laisse disponible l'autre composant du sel, porteur d'une charge négative et donc particulièrement apte à réagir avec d'autres substances. Pour le moment cantonnée aux expériences de laboratoire, la technologie des cryptates, en se développant, pourrait recevoir des applications industrielles.

Les piles au lithium

Naguère pratiquement limitées à l'alimentation des lampes de poche, les piles électriques servent aujourd'hui à un très grand nombre d'appareils divers : récepteurs de radio et même de TV, rasoirs, magnétophones, électrophones, calculatrices de poche, jouets, etc.

La pile classique Leclanché, qui utilise des électrodes en zinc et en charbon, et comme électrolyte le chlorure d'ammonium, a reçu de nombreux perfectionnements (problème de l'étanchéité en particulier). Elle domine encore de très loin le marché français.

Mais, depuis quelques années déjà, l'industrie américaine a développé la production de piles alcalines dans lesquelles l'électrolyte n'est plus un sel, mais de la potasse.

À volume égal, leur puissance est plus élevée, leur durée de vie plus longue, et elles fonctionnent dans une plus large gamme de températures. Elles sont aussi plus coûteuses. On commence depuis quelques mois à en fabriquer en France.

Miniaturisation

Les dispositifs qui exigent une miniaturisation poussée (appareils de photo, montre électronique, photomètres) sont dotés de petites piles à électrolyte alcalin et à électrodes diverses, l'une d'elles faisant souvent appel au mercure ou à l'air. Elles sont constamment perfectionnées et de nouvelles formules apparaissent sur le marché.

Les recherches de pointe, en France notamment, portent sur des piles utilisant le lithium, soit en solution dans l'électrolyte, soit comme constituant de l'anode.

Elles permettent, principalement, une miniaturisation très poussée, alliée a une très grande stabilité de tension pendant toute la durée de la décharge, avantage inconnu avec les autres types de piles.

Réservées jusqu'ici à des usages industriels particuliers, leur emploi semble promis à une grande extension au fur et à mesure de la diminution des prix de revient.

Mathématiques : les sous-ensembles flous

Élaborée au cours de ces dernières années par L. A. Zadeh à l'université de Californie, une nouvelle théorie mathématique fait son apparition en France, au début de 1973, avec la publication du premier tome de l'ouvrage de A. Kaufmann : Introduction à la théorie des sous-ensembles flous.

Concept fondamental de la mathématique moderne, l'ensemble s'accorde avec une logique à deux valeurs : appartenance ou non-appartenance. C'est la logique selon laquelle travaillent les ordinateurs, et qui s'accorde bien avec la notation binaire : 0 ou 1. Un élément appartient ou n'appartient pas à un ensemble, il n'y a pas de position intermédiaire. Tout l'effort de mathématisation du réel, en vue de l'exprimer en un langage accessible à la machine, consiste à la réduire à cette formulation par oui ou par non. Or la réalité ne s'y plie pas toujours. Dans bien des cas, des éléments peuvent appartenir plus ou moins à une collection ; la limite de l'appartenance est imprécise. Contrairement à ce qu'on écrit souvent, le cerveau humain ne fonctionne pas comme un ordinateur. Il peut raisonner en termes imprécis, c'est-à-dire non quantitatifs ou flous. L'inaptitude des machines actuelles à rejoindre sur ce plan l'intelligence humaine explique les difficultés, parfois insurmontables, qu'on rencontre quand on cherche à leur faire exécuter des tâches telles que la reconnaissance des langages, la traduction, la compréhension d'une intention, et surtout quand on veut leur faire résumer l'information.

Alors que jusqu'ici on s'est efforcé d'ajuster le réel à des modèles mathématiques excluant l'imprécision, la nouvelle théorie considère le flou comme une réalité en soi à utiliser soit dans le cadre des mathématiques classiques, soit avec des méthodes qui n'impliquent pas nécessairement une quantification. Ainsi que l'écrit Zadeh dans sa préface à l'ouvrage de Kaufmann : « De telles méthodes pourraient ouvrir beaucoup de nouvelles frontières en matière de psychologie, sociologie, sciences politiques, philosophie, physiologie, économie, linguistique, recherche opérationnelle, management et autres domaines, et servir de base pour la création de systèmes bien supérieurs, en intelligence artificielle, à ceux que nous sommes en mesure de concevoir en ce moment. »