Fait intéressant à signaler, le virus EFMU peut modifier l'endothélium des voies urinaires de l'embryon de veau : en culture de tissus, il transforme des cellules saines en cellules malignes.

Ce fait constitue une très forte présomption de son pouvoir cancérogène.

Enzymes

Si riche que soit ce bilan, il n'est pas définitif : du moins indique-t-il le degré d'intensité des recherches menées dans la voie difficile de la virologie cancéreuse.

Dans ce monde infiniment petit de la cellule vivante, où se situe la clé de l'énigme cancer, on doit signaler qu'en décembre 1972 des chercheurs de l'université Rockefeller (Jay Unkeless, Annette Tobia et Liliana Ossowski, James Quigley, Daniel B. Rifkin, Edward Reich) ont réussi à mettre en évidence une différence biochimique nettement tranchée entre cellules normales et cellules cancéreuses : après leur transformation maligne, les cellules cancéreuses sont le siège d'une activité enzymatique nouvelle, mesurable grâce à l'emploi de tests très précis.

Théoriquement, cette différence pourrait servir de base à la mise au point d'un test diagnostic précoce de certains cancers, test qui manque encore actuellement – sauf pour la détection du cancer du col utérin.

Le hodgkin est en voie de guérison

Maladie encore mystérieuse dans ses causes (on pense actuellement à une origine virale et à une transmission par contagion), la maladie de Hodgkin est finalement en passe de capituler devant les progrès de la médecine.

Cancer

Il y a une vingtaine d'années, les traités classiques d'hématologie indiquaient les chiffres suivants à propos du hodgkin, qu'on peut considérer comme un véritable cancer du système lymphatique :
– mortalité en quelques mois : 10 % ;
– mortalité entre 2 et 5 ans : 80 % ;
– survie de plus de 5 ans : 10 %.

Actuellement, les pourcentages sont exactement inversés.

Avec les formes localisées (stades 1 et 2, qui ne visent qu'un ou deux groupes de ganglions lymphatiques d'un même côté du diaphragme), on obtient pratiquement 100 % de rémissions complètes ; 70 à 90 % de malades sans rechute à la deuxième année, 80 % de malades en survie à cinq ans, 60 % de malades en survie à quinze ans (professeur Jean Bernard). Mais des progrès peuvent encore être réalisés et, selon le spécialiste américain Kaplan, le temps est proche où l'on pourra considérer que les hodgkiniens qui restent en rémission cinq ans après le traitement ont 95 chances sur 100 d'être guéris.

Dans les formes généralisées, c'est-à-dire celles où la maladie a diffusé dans des zones importantes de l'organisme du malade, de très longues survies sont déjà obtenues, et les progrès récents des thérapeutiques médicamenteuses permettent d'envisager des guérisons véritables.

Lymphographie

À quelles conditions ont pu être obtenus des résultats aussi impressionnants ?

D'abord, une série de techniques nouvelles, parmi lesquelles la lymphographie, permettent de localiser très exactement les endroits précis où siègent les atteintes des ganglions lymphatiques, signes principaux de la maladie.

Ensuite, de nouvelles connaissances sur le mode d'extension de la maladie sont à l'origine d'un meilleur traitement radio-thérapique d'attaque du foyer principal et de protection des territoires voisins.

Enfin, on a mis au point de nouveaux médicaments actifs, essentiellement des alcaloïdes de la pervenche et la méthylhydrazine.

Splénectomie

Ce bilan, si heureux soit-il, ne constitue pas encore une victoire absolue ; des inconnues demeurent dans l'appréciation des résultats obtenus par d'autres thérapeutiques, comme l'ablation de la rate par exemple, véritable réservoir de cellules malignes d'où la maladie peut repartir. Si certaines équipes de médecins font systématiquement la splénectomie (exérèse de la rate) lorsque le diagnostic de Hodgkin a été posé, d'autres sont plus réservées, sauf dans des cas particuliers.

Virus

Pour le Dr F. Kingsley Sanders (Sloan Kettering Institute, New York), des particules virales trouvées dans des ganglions de malades, et qui ressemblent fort à certaines autres trouvées dans des maladies cancéreuses, sembleraient indiquer une origine virale de la maladie. Quant à J. N. P. Davies (Union University, Albany), qui a effectué certaines constatations dans l'État de New York, il pense que la maladie de Hodgkin présente certaines caractéristiques d'une maladie infectieuse : peut-être même se transmettrait-elle parfois par voie orale. Mais tout cela demeure à l'état d'hypothèse.