Ainsi, à l'encontre de la Lune, Mars présente de nombreux et impressionnants témoignages d'une activité interne dont on sait qu'elle est récente sans toutefois pouvoir affirmer qu'elle persiste de nos jours.

Activité

Mais ce qui différencie surtout Mars de la Lune, c'est l'activité que lui confère son atmosphère. Il y a d'abord ces violentes et interminables tempêtes de poussière auxquelles on peut attribuer en partie les changements saisonniers des teintes de la surface martienne observée par les astronomes, des nuées de poussière rougeâtre allant jusqu'à 10 km de hauteur et pouvant subsister pendant des semaines sur de vastes étendues (Journal de l'année 1971-72).

Il y a aussi ces calottes polaires de neige carbonique formant une couche de plusieurs mètres, sous laquelle on pense qu'il peut s'en trouver une autre, beaucoup plus mince, de glace. À la belle saison, lorsque les calottes se réduisent en fondant à partir des bords, deux phénomènes insolites se produisent : ce qui subsiste de la calotte est excentré de plusieurs centaines de kilomètres par rapport au pôle : le dépôt est alors curieusement divisé en plaques concentriques, relativement étroites, alternant avec des bandes où le sol nu est visible.

Températures

Enfin, à l'encontre de la Lune, Mars connaît des températures de l'ordre de grandeur de celles que l'on enregistre sur la Terre. Les sondes Mars ont mesuré 13 °C par 11° de latitude sud à deux heures de l'après-midi (le jour et la nuit martiens ont à peu près la même durée que sur la Terre) et – 93 °C par 19° de latitude nord et à 19 heures ; enfin, la température la plus basse (– 110 °C) a été mesurée au pôle Nord. Le sol sombre absorbant mieux la chaleur solaire, les températures y sont d'environ 10 °C supérieures à celles des régions à sol clair. Durant la nuit, les températures deviennent extrêmement basses, l'atmosphère étant trop ténue pour empêcher la dissipation dans l'espace de la chaleur rayonnée par le sol.

Vide

Dans ses couches inférieures, l'atmosphère de Mars se compose essentiellement de gaz carbonique (CO2) ; plus haut, le rayonnement ultraviolet du Soleil dissocie les molécules de ce gaz en oxygène et en oxyde de carbone (CO), et ce dernier devient prépondérant à quelque 100 km ; plus haut encore, vers 300 et 400 km, c'est le domaine de l'hydrogène (provenant de la dissociation des molécules de la vapeur d'eau). L'humidité de l'atmosphère martienne est dérisoire : la condensation de toute la vapeur d'eau qu'elle contient donnerait une couche dont l'épaisseur serait de quelques millièmes ou, tout au plus, quelques centièmes de millimètre.

Quant à la pression atmosphérique au niveau moyen du sol, elle n'est que de 4 à 4,5 mm de mercure, au lieu de 760 pour l'atmosphère terrestre. Ce sont là, pour un organisme terrestre, les conditions d'un vide poussé, mais cela n'exclut pas d'une façon absolue des formes de vie adaptées à ces conditions. Existent-elles ? Il reviendra à d'autres sondes automatiques de répondre à cette question (et à bien d'autres).

Quatre données nouvelles sur Vénus

Partie d'Asie centrale le 27 mars 1972, la sonde soviétique Venera 8 a largué le 22 juillet sa capsule scientifique, préalablement refroidie pour lui permettre de résister à l'enfer vénusien durant le temps de sa mission (une heure de descente ; 50 mn de mesures à même le sol).

Échauffement

Les conditions imposées au matériel lors d'une mission de ce genre sont particulièrement dures. Les équipements doivent d'abord résister au freinage très brutal acquis grâce à la résistance opposée par l'atmosphère ; la vitesse est ramenée de 42 000 km/h à 900 km/h au prix de décélérations qui atteignent 350 g (une décélération de 1 g abaisse la vitesse de 9,81 m/s en 1 seconde). L'énergie cinétique de l'engin est transformée en chaleur qui échauffe l'atmosphère ; sur le front de l'engin, elle atteint 12 000 °C !

La capsule, dont la coque est plus forte que celle des meilleurs sous-marins, doit ensuite résister à la pression de l'atmosphère vénusienne, équivalente à celle qui règne au fond des océans terrestres à 900 m de profondeur. Enfin, les équipements doivent supporter un échauffement qui, commencé dès le largage de la capsule, va s'accélérer jusqu'à les mettre inéluctablement hors de service, la température au sol sur Vénus avoisinant 470 °C à plus ou moins 8 degrés près.

Observations

Par rapport aux missions antérieures, Venera 8 a considérablement enrichi les connaissances sur Vénus. Quatre données nouvelles sont à retenir :
– pendant la descente, un détecteur chimique a constaté la présence de gaz d'ammoniac dans l'atmosphère et a évalué sa proportion (entre 0,01 et 0,1 %) en deux points, à 46 et à 33 km d'altitude ;
– toujours lors de la descente, la vitesse et la direction du vent ont été mesurées. Il souffle dans le sens de la rotation de la planète, suivant sensiblement les parallèles et aux vitesses de 180 km/h à 45 km d'altitude et 7,2 km/h à 12 km du sol ;
– on a pu constater que l'alternance jour-nuit était perceptible sur Vénus malgré la réflexion des trois quarts de la lumière solaire par les couches extérieures de l'atmosphère vénusienne et par l'épaisseur des nuées qui l'entourent ; lorsque le jour arrive, quelque chose de comparable aux premières lueurs crépusculaires de notre monde dissipe les ténèbres de Vénus, planète sans Lune ;
– enfin, une analyse sommaire du sol à l'endroit de l'atterrissage montre qu'il s'agit d'une roche magmatique de la famille du granite, mais beaucoup moins dense (1,5 au lieu d'environ 2,6) que les granites terrestres.