Chacun des deux pays établira et entretiendra en permanence un circuit de télécommunications spatiales : les États-Unis en ont loué un à l'Intelsat ; l'URSS en a réservé un autre dans le réseau des nouveaux satellites Molniya 2. L'Union soviétique a acheté (pour un million de dollars) à la société International Telegraph and Telephone la station terrienne type Intelsat, à l'exclusion de l'antenne parabolique de 30 m qui sera de construction nationale. De son côté, le gouvernement américain, sur plans fournis par les Soviétiques, construit (pour 7,5 millions de dollars), à Fort Dietrick (Maryland) une station type Molniya.

Programme

Le plus grand programme commun des deux grandes puissances spatiales est le vol combiné Soyouz-Apollo, avec accostage des deux vaisseaux, prévu pour l'été 1975. À partir du 9 octobre 1972 et durant deux semaines, les experts des deux pays, réunis à Moscou, ont arrêté les détails essentiels du programme. Dans la délégation américaine, avec, en tête, Gleen S. Lunney, directeur de la NASA, figuraient un représentant du constructeur de l'élément d'accostage destiné à raccorder les deux vaisseaux, et Thomas S. Stafford, futur commandant de bord. L'équipage soviétique sera commandé par un vétéran : Alexeï A. Leonov.

En attendant de travailler ensemble dans l'espace, Américains et Soviétiques accroissent leurs échanges d'informations et resserrent leur collaboration dans les domaines les plus divers : météorologie, biologie spatiale, étude des autres mondes, etc.

Menaces

Des échanges importants ont été réalisés, mais, dans le courant de 1972, la cordialité des rapports a été troublée par le problème des satellites de télédiffusion en direct. Paradoxalement, cette nouvelle vedette de l'actualité spatiale n'existe que sur le papier. Si elle est d'ores et déjà prise au sérieux, c'est que sa réalisation, en fait, ne pose aucun grand problème, ni aux Américains ni aux Soviétiques. D'autre part, ces satellites de télédiffusion font peser un certain nombre de menaces que les Soviétiques voudraient écarter d'avance en soumettant leur exploitation à une convention internationale.

Actuellement, les satellites de télécommunications servent de relais pour acheminer des émissions de télévision. Mais les ondes qu'ils transmettent ne peuvent être reçues directement par des téléspectateurs. Des chaînes publiques ou privées assurent la réception des signaux, leur traitement (en particulier leur amplification) et leur diffusion : elles possèdent ainsi le contrôle de ce qui doit et ne doit pas être diffusé à l'échelle nationale.

Télédiffusion

Le satellite de télédiffusion en direct émet, quant à lui, des signaux suffisamment puissants pour être reçus directement par les téléviseurs sans aucun traitement. Théoriquement, une nouvelle liberté serait ainsi ajoutée à celles dont bénéficie exceptionnellement l'espace. Toutefois, en pratique, cette liberté ne jouerait qu'en faveur de ceux qui ont une avance en matière de technologie spatiale.

Sur le plan commercial, les Américains pourraient faire à l'échelle mondiale la publicité de leurs produits en attirant les téléspectateurs par des émissions d'actualité (hors de portée des budgets des chaînes d'autres pays) dont ils se seraient assuré l'exclusivité. Sur le plan de la propagande, beaucoup considèrent comme utopique la prétendue liberté nouvelle, puisque les informations seraient contrôlées par les seuls organismes publics ou privés qui exploiteraient les satellites.

Pendant de longues années, les États-Unis eux-mêmes seraient à l'abri d'intrusions de ce genre, l'Union soviétique ignorant, pour ainsi dire, la publicité et ne désirant pas s'engager dans une guerre des ondes qui donnerait pied à la violation de son propre espace. D'autres puissances que l'URSS seront encore, pour de longues années, dans l'impossibilité de disposer de tels satellites.

Résolution

Le 12 octobre 1972, Gromyko, ministre des Affaires étrangères de l'URSS, a déposé aux Nations unies un projet de traité prévoyant, entre autres dispositions, la possibilité de brouiller et, au besoin, de détruire tout satellite de télédiffusion directe qui transmettrait des informations définies comme illégales ou volontairement erronées. Cette proposition a été jugée « totalement inacceptable » par le représentant des États-Unis.