En revanche, une campagne bat son plein en faveur de la libération de l'Ogaden. La tension se développe sur la frontière où, selon Mogadiscio, l'Éthiopie masserait ses forces armées. Les incidents se multiplient. En avril 1973, le vice-président du Conseil Ismail Ali Abokar entreprend une tournée dans douze pays africains pour exposer la thèse de son gouvernement.

Les revendications territoriales de la Somalie contribuent à l'isoler sur la scène internationale, où elle ne trouve des soutiens fermes que dans les pays socialistes, la Chine et l'URSS en tête.

Selon le New York Times, le nombre des conseillers militaires soviétiques se serait accru de quelques centaines, en 1972, à 2 500 au printemps de 1973, et Moscou livrerait à l'armée un armement considérable. En échange, Mogadiscio aurait accepté l'installation d'un important centre de communications soviétique.

République Démocratique du Soudan

Khartoum. 16 090 000. 6. 2,8 %.
Économie. PNB (68) 112. Production : G (68) 114 + A (*70) 140. Énerg. (*70) : 115. C.E. (68) : 14 %.
Transports. (*70) : 2 684 M t/km. (*70) : 27 400 + 16 500. (*70) : 155 529 000 pass./km.
Information. (70) : 22 quotidiens ; tirage global : *127 000. (69) : *180 000. (70) : 35 000. (68) : 42 000 fauteuils. (70) : 45 000.
Santé. (69) : 806.
Éducation. (69). Prim. : 610 798. Sec. et techn. : 175 958. Sup. : 11 691.
Institutions. République indépendante le 1er janvier 1956. République démocratique proclamée par la nouvelle Constitution provisoire du 13 août 1971. Président de la République et chef du gouvernement : général Gaafar el-Nemeiry, ancien président du Conseil de la révolution, élu le 12 octobre 1971. Le vice-président, Abel Alier, dirige depuis le 6 avril 1972 le Conseil exécutif provisoire régional du Sud-Soudan.

Équilibre économique et politique instable

Sans surmonter tous les problèmes qui se posent à son régime depuis l'épreuve de force engagée avec les communistes le 19 juillet 1971 (Journal de l'année 1971-72), le général Nemeiry réussit, d'une manière remarquable, à redresser en quelques mois la situation en sa faveur.

À deux reprises des complots sont éventés in extremis. Peu de précisions sont fournies sur le premier, révélé le 22 juillet 1972 par le général Nemeiry. Le second, annoncé le 25 janvier 1973, conduit à l'arrestation du général en retraite Mohamed Kheir Shannan et de onze sous-officiers, sous l'inculpation d'avoir projeté l'assassinat du général Nemeiry. Le chef de l'État a accusé de complicité les communistes et l'association des Frères musulmans.

Après l'arrestation, le 29 octobre 1972, de trois dirigeants communistes qui s'étaient réfugiés dans la clandestinité, le PC paraît avoir été largement neutralisé. Décimé par la répression, en proie à des luttes intestines, tout se passe comme s'il avait renoncé provisoirement à renverser le régime afin de se donner un répit, et de reconstituer ses cellules dans les syndicats, eux aussi sévèrement atteints par la répression.

Le général Nemeiry s'attache à épurer le gouvernement, l'administration, l'armée de tous les éléments suspects, qu'ils aient des sympathies pour l'extrême gauche, l'URSS ou les États arabes progressistes. Il parachève l'instauration des nouvelles institutions. Le 22 septembre 1972, il fait élire une assemblée provisoire de 207 membres. Le 9 octobre, il forme un nouveau gouvernement dans lequel il se réserve, outre la présidence, le portefeuille de la Défense nationale. Le 16 octobre, il nomme les 260 membres du Comité central de l'Union socialiste soudanaise, le parti unique. Le 8 mai 1972, il promulgue la première Constitution permanente depuis l'accession du Soudan à l'indépendance en 1956. Celle-ci reconnaît l'autonomie des trois provinces du Sud, instaure le système du parti unique (fait sans précédent depuis la naissance de la République) et confirme l'orientation libérale de l'économie. La situation paraît assez stable au chef de l'État pour remettre en liberté les 47 détenus politiques qui n'ont pas été traduits en justice.

Réconciliation

Le général Nemeiry prend une mesure bien accueillie par la population : il abolit en octobre tous les impôts exceptionnels prélevés pour la défense nationale, en faisant valoir le rétablissement de la paix dans les provinces du Sud. Les accords d'Addis-Abeba, conclus le 15 février 1972 (Journal de l'année 1971-72) avec les chefs de la rébellion, sont scrupuleusement respectés de part et d'autre. Quelque 6 000 anciens maquisards sont incorporés dans l'armés et la police ; une administration autonome pour les provinces de Bahr el-Ghazal, de l'Équatoria et du Haut-Nil est progressivement édifiée à Juba, capitale de la nouvelle entité. La réinstallation des populations déplacées est menée activement, grâce à une assistance étrangère massive. Au printemps de 1973, quelque 340 000 personnes sur le million de réfugiés avaient été relogées. Une société nationale de développement jette les bases agricoles, industrielles et commerciales d'une économie autonome pour ces provinces.