L'Égypte, en revanche, continue de soutenir — d'une manière platonique, il est vrai — les fedayin. Mais, se livrant à une manœuvre évidente, le président Sadate propose, le 28 septembre, que l'OLP constitue un gouvernement en exil. Sa proposition est interprétée par de nombreux observateurs comme une tentative de désengager l'Égypte à l'égard des nationalistes palestiniens. Dotés d'un exécutif autonome, ces derniers seraient éventuellement en mesure de négocier directement un règlement et d'en assumer, seuls, la responsabilité. Les dirigeants palestiniens, cependant, annoncent, le 2 octobre, que la formation d'un gouvernement en exil est prématurée.

Sérieusement affaibli, le mouvement national palestinien n'est pas pour autant menacé de disparition. Il continue à susciter de larges sympathies dans les territoires occupés, comme le reconnaissait une partie de la presse israélienne. Il est parvenu, malgré ses graves déboires, à étendre ses relations avec des pays du tiers monde, avec divers mouvements révolutionnaires. Des résolutions, de plus en plus nombreuses, sont prises dans les enceintes internationales en faveur de la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien.

L'Union soviétique, pourtant critique à la fois des méthodes terroristes et des objectifs stratégiques de la résistance palestinienne, considère celle-ci comme faisant « partie intégrante du Mouvement de libération nationale des pays arabes ». Le Kremlin a promis à Yasser Arafat, lors de son séjour à Moscou du 17 au 27 juillet 1972, une aide plus grande.

Cependant, la Pravda, se faisant sans doute l'interprète des vœux du gouvernement soviétique, invite la résistance, le 29 août, à renoncer au terrorisme, à unifier ses rangs et à collaborer avec les gouvernements arabes progressistes. Selon la presse libanaise, les responsables soviétiques auraient conseillé à Yasser Arafat de reprendre à son compte le plan Hussein prévoyant la création d'un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza (Journal de l'année 1971-72).

Compromis

Bien que le président de l'OLP soit largement contesté et qu'il soit parfois obligé d'épouser les vues de ses adversaires, il parvient à influencer dans le sens de la modération les membres du Congrès national palestinien, dont les assises se déroulent au Caire du 6 au 12 janvier 1973. Le Parlement de la résistance, après avoir admis en son sein un dirigeant communiste favorable à la résolution 242 du Conseil de sécurité (stipulant la reconnaissance de l'État d'Israël), a adopté une résolution déclarant que la lutte armée est « le principal instrument » et non « la seule voie » menant à la libération. En d'autres termes, les représentants palestiniens envisagent d'autres méthodes que la violence pour atteindre leurs objectifs.

Certes, ils persistent à revendiquer la création d'un État judéo-arabe en Palestine impliquant la destruction de « l'entité sioniste ». Cependant, un courant favorable à un compromis qui conduirait à l'établissement d'un État arabe palestinien se développe au sein de la résistance.

Le drame de Munich

Mardi 5 septembre, 4 h 15. Revêtus d'un survêtement et portant des sacs de sport, huit hommes escaladent le grillage haut de 2 mètres qui entoure le village olympique endormi. D'un pas souple et assuré — l'un d'eux, au moins, connaît parfaitement les lieux —, ils parcourent la dizaine de mètres de la Connaly Strasse qui les conduit au bloc 31, qu'occupe la délégation israélienne.

Rafales

Quelques minutes plus tard, un membre de l'équipe olympique d'Israël, Touviah Sokolovsky, en pyjama, pieds nus, agrippe un soldat qui patrouille. La voix coupée par l'émotion, il parvient à lui faire comprendre qu'un drame se joue : « J'ai entendu un cri lancé par Yosef Gottfreund : « Sauvez-vous, les copains ! » J'ai vu Yosef ; il tentait de fermer la porte sur un homme au visage peint en noir qui tenait une arme à la main. À peine dehors, j'ai entendu des rafales de coups de feu et une plainte. »

À l'intérieur du bungalow, la lutte est brève : l'entraîneur Moshé Weinberg, qui tente de résister, est abattu. Un autre, Yosef Romano, grièvement blessé, expirera après une longue agonie. Tous les membres de l'équipe israélienne, sans armes et surpris en plein sommeil, sont prisonniers.

Échange

5 h 30. La police de Munich investit les bâtiments voisins. Quand le jour se lève, les jeux Olympiques de la paix (qui devaient faire oublier ceux du nazisme triomphant de 1936) dérapent sur une flaque de sang. La politique, qui avait déjà troublé la grande fête mondiale du sport avec l'exclusion de la Rhodésie, s'impose à nouveau. Forts de cette moderne monnaie d'échange que constituent les otages, le commando exige la libération de 200 prisonniers arabes détenus en Israël et la mise à sa disposition d'un avion pour n'importe quelle capitale arabe, sauf Amman et Beyrouth. Fin de l'ultimatum : 12 h.