Parallèlement, nos exportations vers la zone franc (11,5 milliards) n'ont guère progressé (+ 1,4 % seulement). Si elles ont augmenté de plus de 19 %, 16 % et 10 %, respectivement en direction de la Tunisie, de Madagascar et de la Côte-d'Ivoire, elles ont régressé de plus de 11 % vers l'Algérie.

Les causes

Le redressement de la balance commerciale générale est donc à rechercher en partie sur la zone franc, en raison des importations en sérieux repli qui en provenaient. Mais il est dû aussi au développement marqué des livraisons de produits agricoles et alimentaires (plus de 20 milliards de francs), en hausse de près de 27 %. C'est le cas en particulier pour les céréales, produits laitiers, viandes, sucre, vins et spiritueux. Les courants de vente se sont amplifiés plus spécialement vers nos partenaires de la CEE, sous l'effet des mécanismes de la politique agricole commune.

L'excellente tenue des exportations de produits finis (58,1 milliards de francs, dont 29,1 milliards pour les biens de consommation et 28,9 milliards pour les biens d'équipement) a pesé dans les résultats. Ces exportations ont ainsi augmenté de 17,6 % et constitué 51 % de nos exportations totales.

À elles seules, les exportations d'automobiles se sont accrues de 18,5 % en 1971 pour atteindre 14 milliards, ce qui représente un peu plus de 12 % des exportations toutes marchandises.

Les importations de produits finis (48,6 milliards) ont suivi aussi une courbe nettement ascendante (+ 16,1 %). En ce qui concerne les biens de consommation (19,9 milliards), la progression a été de 21 % ; pour les biens d'équipement (28,7 milliards) de 12,9 %.

Si l'on ajoute encore à cela, du côté des importations, un accroissement modéré pour les demi-produits (+ 7,7 %), une diminution pour les matières premières (− 5,5 %) en raison de la chute des cours mondiaux, une faible augmentation pour les produits agricoles (+ 5,8 %), et, du côté des exportations un très léger recul pour les matières premières (− 1,7 %) et une élévation limitée pour les demi-produits (+ 5,8 %), on a ainsi une physionomie de l'évolution de nos échanges par groupes de produits.

Concentration accrue

Le Marché commun continue de voir sa part grandir dans notre commerce extérieur : 49,7 % à l'importation, 49 % à l'exportation. En 1971, la France a acheté pour 58,6 milliards de francs de marchandises dans la CEE, soit 14 % de plus qu'en 1970. Elle y a vendu pour 55,9 milliards, soit + 16,1 %. Le taux de couverture apparent est passé de 93,6 à 95,3 %.

L'Allemagne fédérale émarge désormais pour 22,4 % dans nos importations totales, 21,3 % dans nos exportations. Sauf sur l'Italie et les Pays-Bas où elle en a perdus, la France a, en taux de couverture, gagné des points sur l'Allemagne et l'UEBL par rapport à 1970.

Les exportations françaises ont accusé par ailleurs des progrès intéressants vers la Libye (+ 126 %), l'Inde (+ 75 %), le Brésil (+ 70 %), la République démocratique allemande (+ 57 %), la Hongrie (+ 55 %), le Canada (+ 42 %), la Chine (+ 38 %), l'Iran (+ 36 %), la Roumanie (+ 35 %), le Royaume-Uni (+ 28 %), l'Autriche (+ 27 %), Israël (+ 24 %), les États-Unis, la Suisse (+ 15 %), l'Espagne (+ 13 %). Les mesures Nixon d'août 1971, qui ont été rapportées quatre mois plus tard, n'ont eu que des incidences limitées à l'encontre des ventes françaises outre-Atlantique. En direction du Japon, nos exportations sont restées stationnaires. Vers l'Union soviétique, elles ont reculé de 6,5 %.

Nos huit premiers clients, à savoir les pays du Marché commun, les États-Unis, la Suisse, le Royaume-Uni et l'Espagne, ont assuré en 1971 environ les deux tiers de nos débouchés extérieurs.

La concentration géographique de nos échanges s'est encore accentuée à l'endroit des pays les plus proches, avec lesquels sont entretenus des liens étroits. Il est clair que s'impose un redéploiement des exportations françaises ; par là même, la recherche de débouchés solides nouveaux et accrus sur des marchés lointains.

Après Washington

Avec, le 18 décembre 1971, l'accord du groupe des Dix à Washington, aboutissant à un réalignement général des parités monétaires et à la dévaluation du dollar de 7,89 % par rapport à l'or, la dépréciation effective de 4 à 5 % que le franc avait connue depuis mai a été supprimée. À l'aube de 1972, la marge de compétitivité de l'économie française reste cependant largement inentamée. Les chances de pénétration des exportateurs sur les marchés étrangers demeurent entières. L'accord de Washington a éclairci le climat psychologique et celui des affaires. Mais, début 1972, il n'y a pas de modification fondamentale à attendre de la conjoncture. Les perspectives sont toujours à un rythme d'expansion modéré dans les pays industrialisés, à un développement ralenti des échanges mondiaux.