Journal de l'année Édition 1972 1972Éd. 1972

Bridge

Les Olympiades de bridge qui remplacent une année sur quatre les championnats continentaux et le championnat du monde, se sont déroulées en juin 1972 à Miami.

À Paris, de longues épreuves de sélection par paires ont eu lieu en vue de la constitution des équipes nationales, masculine et féminine.

Quarante équipes disputent ces Olympiades. Les six joueurs français (Klotz-Lebal, Chemla-Lecléry, Bourchtoff-Delmouly), guidés par leur capitaine René Bachérich, se classent — excellente performance — quatrièmes aux éliminatoires, se qualifiant ainsi pour les grandes finales. Lors de l'épreuve suprême, l'Italie dominait aisément la France en demi-finale et, en finale, les professionnels américains, les As de Dallas. Les Français, s'inclinant très nettement devant le Canada, conservent leur place de quatrième.

L'équipe féminine, composée de Mmes Velut-Marin-Devriès, Paoli-Parienté, Monnier-Bourchtoff, termine, elle aussi, quatrième.

Le triomphe transalpin est complet avec les Italiennes, qui remportent le titre devant les Africaines du Sud. L'équipe masculine italienne, le Blue Team, domine la scène mondiale depuis quatorze ans. Une seule interruption, aux Olympiades de Turin, en 1962, où les Français Bourchtoff-Delmouly, Jaïs-Trézel, Gesthem-Bachérich ont remporté le trophée.

Composée d'Avarelli-Belladonna, Garozzo-Forquet, Dialelio-Pabis-Ticci, l'équipe partait favorite à Miami. Une première confrontation avec les As de Dallas, champions du monde, avait eu lieu, aux États-Unis, à Las Vegas à la fin de l'année 1971.

Aucune véritable rencontre n'avait encore permis d'établir une comparaison entre les deux géants du bridge mondial. À Las Vegas, préfigurant Miami, les campionissimi avaient assez facilement battu les Américains. Le match du siècle était doté d'une récompense de 15 000 dollars. Depuis quelques mois, deux des trois paires italiennes ont abandonné les systèmes d'enchères inventés ou mis au point par eux-mêmes. Ils n'ont pas su résister à la séduction du milliardaire formosan C.C. Wei et ont adopté le trèfle de précision inventé par ce dernier. Les deux plus célèbres équipes du monde ont maintenant chacune leur mécène. Ira Korn, industriel texan, tient entre ses mains les destinées des As de Dallas.

La frontière entre l'amateurisme et le professionnalisme semble particulièrement imprécise, puisque ce sont les deux mêmes équipes qui ont disputé d'une part le match du siècle à Las Vegas, considéré comme un championnat du monde professionnel, et, d'autre part, la finale des Olympiades, championnat du monde amateur.

Les grands tournois par paires d'Europe ont été remportés à Juan-les-Pins par les Français Poubeau-Meillaud et, à Vichy, par Mmes Serf-Rohana. L'équipe italienne Saulino-Zanazzi s'octroie, à Milan, la Coupe d'or Cino Del Duca.

Très mauvaise performance, comparée à l'année précédente, de l'équipe française Chemla-Lecléry, Klotz-Lebel, Delmouly-Sussel, qui termine douzième aux Championnats d'Europe d'Athènes en novembre 1971.

Le Championnat de France open a été gagné par Bourchtoff-Delmouly, Poubeau-Desrousseaux et le Championnat de France par paires, par Yeterian-Guitta.

On commence, depuis quelque temps déjà à s'occuper des jeunes. À Paris, un entraîneur leur a été désigné. Les meilleurs juniors disputent une sélection ; les gagnants participent aux Championnats d'Europe juniors. Les jeunes Italiens ont enlevé le dernier titre. Dans plusieurs autres pays d'Europe, on songe à former les champions de demain. Au Danemark, un conseiller gouvernemental pour le bridge a été nommé. En Belgique s'organise une opération d'initiation dans les classes de sixième.

Michel Bongrand devient président de la Fédération française de bridge. Il succède au comte Raoul de Vitry. François Bonhouré, qui avait la responsabilité du Comité de Paris, devient secrétaire général. On espère de cette direction dynamique une promotion du bridge de compétition et une attention particulièrement tournée vers le développement du bridge juniors.